Contribution : La richesse des nations
Par Mahmoud Ourabah, consultant en
�conomie du d�veloppement
Adam Smith nous avait pourtant avertis que la richesse des nations
ne devait pas se confondre avec la th�saurisation de l�or. On
s�interroge encore aujourd�hui en Alg�rie de savoir si les gestionnaires
des r�serves consid�rables du pays n�auraient pas fait gagner encore
plus en grosseur nos exc�dents des recettes sur les d�penses, s�ils les
avaient plac�s dans des achats d�or, dont le cours est en train de
flamber ! En lieu et place de placements en devises, r�put�es fortes, le
dollar, l�euro, voire peut-�tre bient�t le yuan. Mais est-ce vraiment la
question de fonds pour l��conomie du pays ? Certes les Etats comme �les
bons p�res de famille� se doivent de bien g�rer les budgets. La sagesse
des nations recommande aussi les enseignements � tirer du songe de
Joseph, la p�riode des vaches grasses ne doit pas oublier de pr�voir
celle des vaches maigres. Aussi int�ressante soit-elle pour les
cambistes (les sp�cialistes des placements dans les banques centrales)
cette question nous �loigne des fondamentaux qui devraient le plus
mobiliser la pens�e des �conomistes. Contrairement � ce que tout un
chacun peut penser, le volume tr�s important des r�serves financi�res
(mesur�es habituellement en plusieurs mois voir ann�es d�importation)
est un signe de mauvaise sant� �conomique. C�est la signification
profonde de la formule d�Adam Smith : les Etats n�ont pas pour objectif
d�accumuler de l�or. Nous savons pourtant que ceux qui se r�clament de
la pens�e d�Adam Smith, le p�re du lib�ralisme �conomique, les actuels
n�olib�raux en �conomie sont port�s plus sur les performances
financi�res que sur les �volutions de l��conomie r�elle (�la
financiarisation de l��conomie �). Dans tous les cas, tout leur discours
est apparemment domin� par la finance et par une pr�f�rence au non
interventionnisme des �tats dans la gestion de l��conomie. Pourtant les
grandes perturbations de l��conomie mondiale dans lesquelles se
d�battent actuellement beaucoup d��conomies du monde, m�mes les plus
puissantes, d�coulent en grande partie des d�r�gulations (le recul de
l�intervention des Etats), mais surtout caus�es par la part la plus
d�r�gul�e et sans cesse grandissante au sein des march�s financiers, �
savoir la sp�culation, marqu�e ces derniers temps par des exc�s de
cupidit�, selon Joseph Stieglitz, Nobel de l��conomie, ancien conseiller
�conomique principal du pr�sident am�ricain. De ce que Keynes appelait
�l��conomie casino�. M�fions-nous donc de l�adoration de l�or. Que cette
p�riode du printemps et de l��t� 2011 marqu�e en Alg�rie par des grandes
consultations sur l�avenir des institutions entra�ne aussi des
r�flexions sur cette question des fondamentaux de l��conomie : comment
augmenter dans tous les secteurs d�activit�s l��largissement de la
capacit� d�absorption � l�innovation et au bon management ? Car la
faible capacit� d�absorption � l�innovation cr�atrice de richesses
�conomiques est la cause profonde de cet accroissement d�mesur� des
r�serves de changes financi�res. Pour �largir cette capacit�
d�absorption, il faut tout miser sur la valorisation de la ressource
humaine : sur l��cole de qualit�, sur la formation professionnelle, la
formation continue, l��l�vation g�n�ralis�e du niveau culturel de la
population active et non active. Ce serait, � coup s�r, notre meilleur
placement, notre plus fort �retour sur investissement�, le plus
performant de notre fonds souverain � constituer � partir de l�exc�dent
des r�serves pour sortir de nos orni�res.
M. O.
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