Contribution : La recherche scientifique en Alg�rie : une r�alit� cach�e
Par
M. Naoun, enseignant, Universit� de Batna
La recherche scientifique dans les universit�s alg�riennes est
toujours en qu�te d��quipements scientifiques � jour. Imposer des
conditions administratives de cr�ation ou de gestion des projets selon
des conditions �liminatoires s�gr�gatives (voir les nouvelles
dispositions de cr�ation des projets de recherche CNEPRU) n�apporte rien
de nouveau et bloque toutes les initiatives positives. Tout enseignant a le droit par la comp�tence de cr�er et g�rer un
projet de recherche sans �tre oblig� de faire m�nage avec quiconque pour
qui, la recherche est une opportunit� d�imposer son grade et de se faire
du pognon en plus. Seuls la comp�tence et les r�sultats comptent, faire
de la recherche scientifique est un savoir-faire et un don, le grade
universitaire n�a rien � y voir. Depuis la nuit des temps, les personnes
qui ont fait avancer les sciences ne poss�daient pas de grade a priori.
Pour la plupart, la soci�t� n�a reconnu en eux des chercheurs sur titre
qu�� titre post-mortem. L�universit� se d�couvre aujourd�hui une chasse
gard�e des hauts grad�s qui s�approprient l�exclusivit� de la gestion de
la recherche � travers les conditions de cr�ation des projets de
recherche et des laboratoires de recherche. Comment se fait-il que
l�universit� alg�rienne soit d�pourvue d��quipements alors que les
responsables devraient savoir que si l�on fait de la recherche
scientifique avec des �quipements ici chez nous, ce serait plus
profitable aux �tudiants et chercheurs alg�riens qu�� l��tranger. Faire
de la recherche � l��tranger dans leurs laboratoires con�us par eux et
revenir avec un titre personnel tant mieux pour le chercheur mais cela
ne rapporte rien � l�universit� alg�rienne si du moins ils �taient
capables de promouvoir ou de reconstituer les labos et les �quipements
sur lesquels ils ont boss� pendant des ann�es sans relever l��chine.
Rentrer au bled pour jouir d�un statut de chercheur �Mabrouk�, mais ne
nous imposez pas une vision occidentale hautaine en affichant des
projets du type CNRS alg�rien et collaborations � distance qui
n�aboutissent nulle part. Il serait pr�f�rable de continuer � travailler
avec le soudeur, le tourneur et le m�treur du coin afin de fa�onner,
ajuster et mesurer � d�faut de mati�re premi�re, de proc�d�s de formage
moderne et des moyens de contr�le et de mesure, des outils dont est
priv�e l�universit� alg�rienne mais le r�sultat et le produit final
seront b�n�fiques localement. Programmes de collaboration, mati�re grise
alg�rienne bossant sur des �quipements � l��tranger, en conclusion rien
ne profite � l�Alg�rie ni aux g�n�rations futures de chercheurs
alg�riens. L��quipement de recherche fera toujours d�faut, de plus qu��
ce jour, tous les projets de recherche en Alg�rie sont men�s avec des
�quipements p�dagogiques acquis dans les ann�es 1980 et 1990. Les 100
milliards de dinars pr�vus entre 2005 et 2009, la majeure partie des
universit�s les recherche toujours. Un leurre de 50 milliards de
centimes par universit� pour l�acquisition de plateaux scientifiques
pour la recherche s�est termin� par un projet d�achats group�s, avec
l�accord des recteurs bien s�r, d�appareils physico-chimiques simplement
parce que d�apr�s les ou�-dire, les personnes en charge sont du profil.
Que fait-on de la recherche en m�canique, en �lectrotechnique, en g�nie
industriel, en hygi�ne et s�curit�, en g�nie civil, en �lectronique, en
informatique, en biom�canique, en m�decine, en sport et j�en passe.
Faudrait faire la queue et prendre notre mal en patience pour que le
jour vienne o� un m�canicien (par exemple, si jamais) serait promu au
poste de directeur de recherche pour enfin pouvoir acqu�rir les
�quipements de m�canique ou de biom�canique. (inch�Allah dans une
trentaine d�ann�es apr�s le tour des sociologues, des chimistes, des
sciences commerciales, des sciences politiques de la charia, etc.). Une
d�cision irr�fl�chie lourde de cons�quences et impardonnable.
L�universit� alg�rienne n�est pas constitu�e que de physiciens et de
chimistes. Un m�pris envers les personnes qui ont �labor� pendant plus
d�une ann�e les cahiers des charges avec la certitude de bien faire pour
l�universit� alg�rienne. Pendant plus de trente ans, les enseignants
alg�riens en Alg�rie de l�universit� alg�rienne ont particip� � la
construction et � la dotation de l�universit� en �quipements. Esp�rant
qu�un jour ils laisseraient aux jeunes universitaires et chercheurs une
universit� moderne �quip�e dans laquelle ils �volueront sans avoir
recours aux �quipements des universit�s �trang�res. Prendre exemple sur
la Chine, le Japon, l'Iran serait trop demander � ces responsables de
comprendre que tant que nous ne r�alisons rien chez nous, nous serons
toujours rien pour tout le monde. Home made product is the key and the
symbol of the acquisition of Knowledge. Malheureusement c��tait sans
compter sur le retour de ceux qui ont boss� pour les universit�s
�trang�res et qui ne croient pas aux capacit�s de nos universit�s.
Conflit d�int�r�t ou manque de personnalit� ? Induction en erreur j�en
doute fort, trop fut� pour se faire avoir lorsqu�on est un vrai
scientifique, un chercheur plus un appareil ne font pas z�ro. Qui ne se
souvient pas des achats group�s des �quipements des ann�es 1980 acquis
par la tutelle aupr�s d�un seul repr�sentant et qui, pour la plupart �
ce jour, cr�pissent dans les laboratoires sans avoir fonctionn� une
seule fois. En un laps de temps, nous avons cru qu�un miracle avait
frapp� l�universit� alg�rienne, un geste qui aurait boost� la recherche
scientifique avec des �quipements modernes et d�actualit� qui seraient
en ad�quation avec les parcours LMD suppos�s �tre les supports des
technologies porteuses et d�avenir. Quelques MEB et quelques appareils
de caract�risation ne repr�sentent pas tous les axes de recherche et
toutes les sp�cialit�s universitaires. Des murs et des lits sont
peut-�tre suffisants pour accompagner dans leurs �tudes les �tudiants en
charia, sociologie et autres sciences litt�raires mais ils sont
totalement amorphes pour les sciences technologiques s�ils ne sont pas
�quip�s d�appareils scientifiques convenables et repr�sentatifs des
diff�rentes sp�cialit�s existantes dans nos universit�s.
Malheureusement, aujourd�hui, pour ceux qui ont v�cu les ann�es
difficiles de l�universit� scientifique alg�rienne, la r�alit� est que
cette universit� a �t� projet�e 30 ans en arri�re. Et l�histoire ne peut
que retenir les noms de ceux qui en sont la cause.
M. N.
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