Chronique du jour : ICI MIEUX QUE LA-BAS
Tadart


Par Arezki Metref
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Dimanche 17 : Orf�vres
Immersion en apn�e dans le village ? Le village ! Plaisir � et int�r�t �motionnel, intellectuel � de retrouver la famille, les amis, bref, la tribu. D�lectation � �couter se d�rouler le r�cit de la tribu sur elle-m�me, les anecdotes croustillantes, les personnages �voqu�s venant � triple galop du pass� ou chevauchant le pr�sent.
Il peut arriver que le fil se rompe, qu�une ligne droite se torde, qu�un envol s�affaisse mais il n�est pas plus concevable d�arr�ter une balle que la parole. Cette impression de ressourcement que l�on ressent � �couter la permanence du r�cit, c�est un peu comme la corde qui relie au vaisseau spatial le cosmonaute en apesanteur dans le vide sid�ral. Oui, dans l�air l�ger de la mondialisation, ce n�est point coquetterie que de savoir � quel r�cif s�amarrer. C�est l�effet que �a fait que d�entendre d�rouler la parole de ses manants. Ils vouent � la parole un respect qui n�est pas loin du sacr�. A la parole dans les deux sens du terme : art oratoire et engagement ? L�art oratoire atteint ici les sommets du raffinement. La belle langue berb�re est comme un mat�riau pr�cieux entre les mains d�orf�vre de la parole. Ils cis�lent, syllabe par syllabe.
Lundi 18 : Egypte
Retour � la ville, au choc des mots� Un titre d� El Watan, �Egypte, les militaires c�dent � la pression�. M�contents de ce que le gouvernement d�Essam Charaf compte autant de personnalit�s jug�es proches du r�gime de Moubarak, les manifestants ont remis �a, place Tahrir. Cela faisait dix jours chrono qu�ils clamaient leurs frustrations d��tre d�poss�d�s de ce qu�ils consid�rent, � tort ou � raison mais qui peut en juger, comme �leur� r�volution lorsque l�arm�e, d�tentrice du pouvoir, d�cide de revoir sa copie. Quelques t�tes chenues d�avoir blanchi sous le harnais de l�ancien r�gime ont �t� jet�es en p�ture � la foule. Pour autant, tout n�est pas r�glo. Autant la justice �gyptienne semble gentillette avec les flics et les soldats qui ont tir� dans le tas de civils, autant la justice militaire ne rate pas les civils jug�s coupables de violence envers les porteurs d�uniformes. C�est �a le hic : m�me les civils sont soumis au tribunal militaire. �a valait bien la peine de commettre une �r�volution � pour se retrouver gros Jean comme devant�
Mardi 19 : Madiba
Hier, anniversaire de Nelson Mandela. Il bouclait ses 93 ans. Lu dans El Watanun t�moignage de Lakhdar Brahimi. Le portrait est digne du grand personnage qu�est Mandela. Cette anecdote le confirme. Eugene Terreblanche, dirigeant de la droite raciste sud-africaine, d�clare qu��en aucun cas, je ne reconna�trais � un Noir le droit d��tre pr�sident de mon pays�. Interrog� l�-dessus, Mandela r�pond � la hauteur qui est la sienne : �Monsieur Terreblanche est libre d�avoir une opinion et de l�exprimer.� Nullement choqu� par autant de haine, il accepterait de recevoir le raciste car, �lu pr�sident, il est celui de tous ses compatriotes. Quand on lui a parl� de la journ�e internationale Mandela, il r�torque qu�il lui est plus agr�able de savoir qu�on fait du bien autour de soi que de chanter ses louanges. Y en a qui devraient en prendre de la graine !
Mercredi 20 juillet : Pop
Plong�e dans les entrailles d�un quartier populaire d�Alger. Savoureux commentaires politiques ! Humour ! �a manque tout, �a ! On ne sent plus que l�aigreur et l�amertume ? Mais arr�te- toi cinq minutes et vise un peu tous ces personnages !
Jeudi 21 juillet : Po�sie
Omnipr�sence de tadart. On me tend un livre. Il est d�un po�te des Ouacifs. Il a roul� sa bosse dans l�enseignement sans jamais cesser de taquiner la muse. Mort dans l�oubli, son fils s�est attel� � publier l��uvre du p�re. Excellente initiative et belle fa�on de contourner l�amn�sie et l�oubli volontaire. On en reparlera, promis jur�.
Vendredi 22 juillet : Village��
Ighil Boumass, r�put� pour �tre tadart de Lounis A�t Menguellet. Une superbe maison de jeunes, visiblement construite avec des dons de particuliers, perch�e sur une butte. Azzeddine Kinzi, prof au d�partement amazigh de l�Universit� de Tizi Ouzou, donne une conf�rence sur le village kabyle, tadart, comme espace de sociabilit� citoyenne. L�activit� s�inscrit dans le cadre de la f�te de la transhumance, r�surrection symbolique d�une activit� �conomique et culturelle, propre aux Iboudrar�ne. C�est au comit� du village de Tala n�Taghart que revient le m�rite d�avoir exhum� de l�oubli cette c�r�monie. Autrefois mener les bovins � leurs quartiers d��t�, dans la montagne, donnait lieu � des rituels villageois qui ont progressivement disparu. Il faut savoir gr� � celles et ceux qui tirent de l�oubli ces traditions qui structurent la Kabylie. Retour � Ighil Boumass. Azzeddine Kinzi parle de ce qu�il faut entreprendre pour que tadart redevienne le lieu identitaire de la r�sistance qu�il fut si longtemps. Comme toujours en pareil cas, le d�bat porte la passion. Mais comme souvent aussi, on n��voque presque pas la question �conomique. A croire que la Kabylie peut faire de la culture en dehors et contre l��conomie. En tout cas, il y a un d�bat. Il y a des d�put�s qui devraient aller apprendre � d�battre dans des maisons de jeunes !
A. M.



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/07/24/article.php?sid=120456&cid=8