Soci�t� : A�N-DEFLA
L�hyst�rie des cort�ges nuptiaux


L��t�, c�est la saison des mariages, mais souvent ces f�tes se transforment en drames avec leur cohorte de morts et de bless�s qui continuent � endeuiller de tr�s nombreuses familles. Des f�tes o�, nous le lisons tous les jours dans les colonnes des journaux, des cort�ges nuptiaux cens�s consacrer des unions dans la joie se transforment en cort�ges fun�bres avec leurs lots de douleurs et de larmes.
C�est pour sensibiliser la population que l�association caritative El-Besma de A�n Defla, que pr�side le jeune Mohamed Guettar, a organis� mardi dernier une conf�rence-d�bat sur le th�me �L�hyst�rie des cort�ges nuptiaux�, anim�e conjointement par le Dr Kouache et par le p�re de la fameuse �mission �Tarik Essalama� (la conduite en toute s�curit�), le �policier cach� que tout le monde conna�t sans l�avoir vu, Mohamed Lazouni, qui durant 41 ans n�a jamais cess� de sensibiliser les uns et les autres sur les dangers de la circulation routi�re, dans le but de faire infl�chir la courbe impitoyable du nombre d�accidents et endiguer un ph�nom�ne qui ne cesse de prendre de l�ampleur. Au titre d�exemple, selon la Protection civile de A�n-Defla, du 1er juin au 20 juillet (50 jours), il a �t� enregistr� 131 accidents qui se sont sold�s par 231 bless�s et 9 morts Le Dr Kouache a proc�d� � une analyse du ph�nom�ne qui, dit-il, rel�ve de �l�hyst�rie collective � induite par le d�sir forcen� du �para�tre mieux que les autres, de faire plus que les autres, quitte � d�fier toutes les normes de s�curit�, �talant tous les signes ostentatoires de richesse, d�opulence afin de mettre plein la vue aux autres, tout en prenant plus de risque que les autres�. Il observe que tous les v�hicules roulent � des vitesses excessives comme s�ils venaient de participer � un kidnapping, que tous les v�hicules veulent rouler de front, feux de d�tresse allum�s, que tous les v�hicules, conduits souvent par des jeunes avec des passagers la moiti� du corps au dehors du v�hicule, et que la voiture de la mari�e, dont le chauffeur a une visibilit� de la route amoindrie par des gerbes de fleurs et des banderoles comme un corbillard, est prise en chasse par ses poursuivants. Pis, tous les v�hicules veulent coller au train du v�hicule de la mari�e, chacun des jeunes chauffeurs, se d�foulant au volant de la voiture de papa, veut �pater les siens, les amis, les parents, les jeunes filles, avec en filigrane le d�sir de s�duire�. L�intervenant rel�ve aussi que ces cort�ges, qui mobilisent maintenant des motards enfourchant des cylindr�es de plus en plus grosses, vont jusqu'� bloquer la circulation. Un autre ph�nom�ne qu�on observe de plus en plus est que parfois il ne s�agit plus d�un seul cort�ge mais de deux, un, le jour, celui de la mari�e et l�autre, de nuit, celui du mari�, avec des rallyes dans les rues et m�me dans les cit�s, quitte � nuire � la tranquillit� des habitants, ce qui multiplie les risques par 2. Mohamed Lazouni, lui, fait une analyse scientifique du ph�nom�ne. Il commence par noter que quelque 30 000 v�hicules neufs sont introduits chaque ann�e sur le r�seau routier national dont l��tat est loin de r�pondre aux normes de s�curit� institu�es dans d�autres pays et qu�en l�espace de quelques ann�es seulement, le parc automobile national a �t� multipli� par 4, passant de 1 600 000 � 6 000 000 de v�hicules. Lazouni observe que les cameramen prennent des risques �normes mais que maintenant avec le t�l�phone mobile, des enfants les imitent, la moiti� du corps hors du v�hicule. Il cite le cas de cette enfant qui a vu ses deux membres sup�rieurs amput�s par un v�hicule qui venait en sens inverse. Il cite aussi la catastrophe survenue dans un cort�ge nuptial o� la mari�e et d�autres membres des deux familles ont p�ri, � l�est du pays. Le cas aussi de ces deux fr�res du mari� chacun � bord d�un v�hicule, roulant de front sur l�autoroute, pour prendre en chasse l�a voiture de la mari�e ; personne n�a gagn� la �comp�tition�, puisqu�ils sont morts tous les deux dans un accident. L�intervenant note que, souvent, la mari�e est accus�e d�avoir port� malheur � sa nouvelle famille et les exemples sont l�gion. La vitesse excessive rel�ve de l�euphorie provoqu�e par la mont�e d�adr�naline et non de l�urgence, puisque la voiture nuptiale n�est ni un transport de glace qui risque de fondre ni une ambulance. Lazouni note qu��on assiste, certes, � une �volution rapide des moyens dont on dispose alors que l��volution culturelle n�a pas suivi�. Concernant la mortalit� sur nos routes, il fait une comparaison avec des pays comme la Russie ou la Chine o� l�on enregistre quelque 100 000 morts pour une population de 1,5 milliard d�habitants, un taux qui entre dans le cadre des normes internationales, ce qui n�est pas le cas en Alg�rie. L�orateur vient � parler des statistiques relatives aux accidents et note que les bilans ne sont pas exhaustifs, se chevauchent, parce qu�ils �manent d�au moins trois sources diff�rentes, � savoir la Protection civile (seulement dans les cas o� ses �l�ments interviennent) de la police, uniquement dans les zones urbaines, et de la gendarmerie dans les zones rurales. Chacun y allant de ses propres chiffres. Poussant son analyse, l�intervenant �voque comme cause peu connue l�apn�e du sommeil o� le conducteur s�endort au volant pendant certains laps de temps sans qu�il s�en rende compte. Il cite des �tudes tr�s s�rieuses qui ont montr� que sur un trajet de 900 km, accompli d�un trait, il a �t� enregistr� qu�un conducteur a dormi 8 fois durant des p�riodes allant de 30 secondes � 2 mn 30 sans qu�il ait eu conscience de s��tre endormi. �Quand on sait qu�une voiture qui se d�place � 90 km/h parcourt une distance de 25 m par seconde on peut facilement imaginer la distance parcouru en kilom�tres par le v�hicule sans �personne aux commandes�.� �Il faudrait que la conduite s�adapte en � l��tat de sant� du conducteur, en tenant compte des dettes de sommeil�, dit-il. Il se demande aussi comment se fait-il que la conduite en �tat d�ivresse avec une alcool�mie sup�rieure � 0,20 g soit punie par la loi et que 17 heures de veille au volant qui provoque le m�me effet, qui peut �tre plus grave parce que apparemment non d�celable, ne sont pas passibles de sanction au moins similaires. A propos du code r�glementant la conduite, le conf�rencier constate qu�� l�analyse, il s�agit d�une longue s�rie d�articles commen�ant par �Est passible de��, donc des textes r�pressifs, un code o� l�aspect p�dagogique et de sensibilisation aux risques et aux dangers est totalement exclu. Lors des d�bats qui ont suivi, l�assistance nombreuse compos�e de jeunes, de policiers, de gendarmes et d��l�ments de la Protection civile s�est interrog�e comment se fait-il qu�on laisse faire ces manifestations quasi pathologiques dans les cort�ges nuptiaux prennent de l�ampleur sans que personne n�intervienne pour dire �arr�tons le massacre !� �El Chorti El Mekhfi� (le policier cach�) rel�ve un grave paradoxe : �Comment ne pas s��tonner qu�un chauffeur de taxi avant de devenir op�rationnel doit accomplir une formation et que le chauffeur d�un bus en soit dispens� ?� A ce sujet, Lazouni dira ou plut�t r�p�tera, parce qu�il l�a d�j� dit, qu��une loi n�a de valeur que par la valeur de ceux qui sont charg�s de l�appliquer�. En attendant, le massacre continue�
Karim O.

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