Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
Syrie, crainte d�une militarisation de la r�volte


Par Hassane Zerrouky
Six mois et demi apr�s le d�but des manifestations du15 mars � Deraa, la Syrie conna�t une dangereuse �volution. D�sertant les rangs de l�arm�e, de plus en plus de soldats se sont organis�s dans la r�gion de Homs, principalement � Al Rastan, et m�nent des actions de gu�rilla. Il y a moins de trois mois, la cha�ne qatarie, Al Jazeera, a diffus� plusieurs reportages sur ces soldats et officiers syriens d�clinant leurs grades, montrant face � la cam�ra leurs cartes militaires et affirmant appartenir au mouvement des �officiers libres�.
Ils disposent d�un site internet qui diffuse des vid�os d�officiers expliquant pourquoi ils ont ralli� l�opposition et appelant leurs coll�gues � la r�volte. Pour l�heure, on sait peu de choses sur l�ampleur de ce mouvement de d�sertion qui est principalement le fait de soldats de confession sunnite. Des informations �voquent �des op�rations arm�es limit�es sous forme de gu�rillas, d'embuscades, de tirs de snipers visant des shabiha (milice du r�gime) et des soldats, et des heurts arm�s dans des for�ts et des vall�es dans les zones frontali�res�, selon Riad Kahwaji, directeur ex�cutif d'Inegma (Institution pour l'analyse militaire au Proche-Orient et dans le Golfe), cit� par l�AFP. Des actions que les Etats-Unis ont qualifi�es de �normales�. Toujours est-il que le pouvoir syrien, qui semble avoir pris la mesure de la menace, affirmant que 700 soldats et policiers ont �t� tu�s depuis le 15 mars, cherche � l�enrayer en d�cidant de faire la chasse aux d�serteurs. Lundi, quatre �d�serteurs� ont �t� tu�s et sept autres arr�t�s pr�s de la fronti�re turque. Ces d�sertions semblent faire �cho aux appels lanc�s sur les r�seaux sociaux par certaines fractions minoritaires de l�opposition syrienne � une militarisation de la r�volte et � l�intervention militaire occidentale. Ainsi Bassam Bitar, ex-diplomate, membre du parti Infitah (ouverture) s�est d�clar� �partisan d�une intervention a�rienne rapide contre le palais pr�sidentiel, le minist�re de la D�fense� ainsi que contre �l�ensemble des si�ges� des �services de renseignement, de la politique et militaire�. �Face � la recrudescence des tueries, des arrestations et des tortures, les voix appelant � la militarisation commencent � �tre entendues�, s�inqui�te Omar Idlebi, repr�sentant des Coordinations des comit�s locaux (LCC) qui animent le mouvement de contestation syrien. Avertissant toutefois que �si la r�volution s'�carte de son parcours pacifique (...), elle sera vid�e de son sens�. Un avis du reste partag� par la majorit� des acteurs de l�opposition syrienne, qui accuse le r�gime de Bachar Al-Assad de pousser de son c�t� vers une militarisation de la r�volte laquelle m�nera in�luctablement � la �guerre civile�. En attendant, l�opposition syrienne commence � �tre visible. Outre le Conseil national syrien cr�� � Istanbul (Turquie), dont les Fr�res musulmans sont la principale force, soutenu par une partie des Coordinations des comit�s locaux et qui a l�aval de Washington et Paris, il en existe trois autres : le Comit� national pour le changement d�mocratique qui regroupe des partis de gauche, nationalistes arabes, kurdes, anim�s par Michel Kilo et Aref Dalila, fond� � Damas ; le Conseil national de transition, pr�sid� par Burhan Ghalioun, cr�� en ao�t � Ankara, la Coalition des forces la�ques et d�mocratiques. Et si, pour l�heure, l�opposition frontale au pouvoir en place est le seul lien qui f�d�re ces diff�rentes coalitions, en revanche, ces derni�res tardent � s�unir et � coordonner leurs efforts pour pr�parer l�apr�s-Assad au cas o� ce dernier annoncerait son retrait du pouvoir. En outre, en raison d�un implacable verrouillage s�curitaire et d�un contexte r�pressif sanglant, sur fond de manipulation de rivalit�s confessionnelles, cette opposition a du mal � la fois � investir le centre de Damas ou Alep, et � rallier massivement � sa cause les minorit�s alaouite, druze, chr�tienne et kurde, voire chiite. Sans doute est-ce l� le maillon faible de l�opposition syrienne face � un pouvoir redoutable et redout� et qui semble disposer encore de ressources.
H. Z.

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