Contribution : La place et le r�le des �lites de l�Alg�rie de l�occupation coloniale � nos jours

Par Badr�Eddine Mili
Le sujet de cette contribution d�passe, �videmment, le cadre limit� d�une simple communication et requiert une recherche et une �tude autrement plus approfondies que les quelques rappels et les quelques esquisses que je me propose de soumettre � l�attention et � la r�flexion des lecteurs. Je ne m�y serai, d�ailleurs, pas aventur� si le nouveau roman que je viens de publier aux Editions Chihab sous le titre Les Miroirs aux alouettes n�avait pas r�serv� de longs d�veloppements aux ambitions et aux actions des �lites du d�but des ann�es 60, prises entre les grandes esp�rances de l�Ind�pendance et les am�res d�sillusions essuy�es face aux dures r�alit�s de la conqu�te des libert�s promises par la proclamation du 1er novembre 1954.
Je ne m�y serai pas, non plus, int�ress�, si les bouleversements politiques qui secouent, aujourd�hui, plusieurs pays arabes ne posent pas avec une certaine acuit� la question de l�influence des �lites sur le cours des changements induits par les profonds mouvements qui traversent les soci�t�s. Il m�a, alors, sembl� opportun, � la lumi�re de cette actualit� qui nous interpelle � divers degr�s :
1) de rappeler comment les �lites alg�riennes se sont comport�es par le pass� face aux �v�nements qui ont fa�onn� le destin de la nation depuis 1830 ;
2) de savoir de quel poids elles pourraient, �ventuellement, peser, maintenant, sur les contenus et les orientations des transformations des modes de gouvernance politique, �conomique et soci�tale vers lesquelles nous nous dirigeons.
Il me faut, avant cela, dire que les �lites ne se d�finissent plus, de nos jours, comme une n�buleuse d�intellectuels confin�s dans des cercles d�initi�s et de directeurs de conscience producteurs de v�rit�s absolues et d�oukases id�ologiques que la soci�t� doit imp�rativement appliquer, faute de quoi, elle sombrerait dans les abysses de la mal�diction et de l��chec. Cette acception du concept est, on s�en doute bien, pass�e de mode depuis l�effondrement du bloc communiste et des pouvoirs autoritaires dans le monde. Les �lites dans les soci�t�s avanc�es comme dans les soci�t�s �mergentes sont nombreuses et participent de tant de registres, scientifique, culturel, artistique, politique, �conomique, militaire et autres, qu�elles pr�sentent rarement le profil d�une entit� monolithique. En Alg�rie, les �lites ont �t�, dans et face � l�histoire, si diff�renci�es, si disparates, de matrice sociale, de formation et de langues si vari�es, porteuses souvent de projets divergents pour ne pas dire carr�ment oppos�s qu�elles n�ont, � aucun moment, form� une force unie capable d�occuper une place strat�gique dans les centres de d�cision et donc d�inspirer et de conduire des politiques d�Etat dans une position de direction comme ce fut et c�est le cas dans certains pays du Maghreb et du Machrek. Leur �parpillement et leur tragique solitude de coureur de fond s�expliquent par leur histoire, leur origine sociale, leur conscience politique et les choix qu�elles ont �t� amen�es � faire, dans diff�rents contextes historiques o� elles ont �volu�, qu�elles aient �t� proches ou autonomes du syst�me colonial, proches ou autonomes du pouvoir d�Etat install� � l�ind�pendance. Le cumul de tous ces handicaps les a conduit � ne jamais pouvoir agir pour leur propre compte et � devoir, dans chaque circonstance capitale, s�arrimer � une force sociale pr�dominante pour s�int�grer dans un processus en cours, sous peine d�en �tre exclues. A travers l�analyse de quatre �tapes fondamentales de l�histoire contemporaine de l�Alg�rie, � savoir l�occupation coloniale, le mouvement national, la r�volution arm�e et l�apr�s-ind�pendance, je tenterai de recenser quelques-uns des facteurs qui ont inhib�, objectivement ou subjectivement, les �lites alg�riennes et les ont emp�ch�es, � chaque fois, de se positionner comme source de la d�cision strat�gique.
1- Les �lites alg�riennes et l�occupation coloniale
Rappelons, tout de suite, que l�Alg�rie pr�coloniale comptait de nombreuses universit�s cr��es au fa�te de la splendeur des empires des Mouwahidine et des Mourabitine puis des royaumes hammadite, zianide, ziride, hafside, rost�mide, auxquels le Maghreb central a d� des �lites de grande valeur qui, d�Ibn Khaldoun � El- Ouargalani, ont propag� les sciences exactes, la m�decine et la philosophie auxquelles venaient s�initier de nombreux �tudiants d�Europe et d�Afrique. Ces universit�s ont conserv� leur rayonnement jusqu�� l��clipse de l�Etat alg�rien fond� par l�Emir Abdelkader, une date qui marque une rupture dans l�histoire des �lites alg�riennes dans la mesure o� c�est � partir de cette date que nous assisterons � la mise en �uvre par le syst�me colonial d�une politique d��radication de tout ce qui constituait le fondement de l�identit� alg�rienne, en premier lieu, la langue, la religion et la culture. Cette politique connue pour avoir �t� pens�e comme le moyen d�assimilation par excellence du peuple alg�rien par la d�personnalisation a g�n�r� :
a - la promotion d�une �lite d�origine f�odale con�ue par l�administration coloniale comme une force d�interm�diation utilis�e dans la relation que cette administration entretenait avec la population autochtone. Ce sont les ca�ds, les bachaghas, les percepteurs, interpr�tes et autres auxiliaires de justice ;
b - l��mergence, suscit�e par la m�me administration, d�une mandarinat maraboutique charg� d�encadrer la pratique religieuse par la perversion, la manipulation et l�obscurantisme. Cette situation a men� � l�isolement, de facto, de cette partie des �lites alg�riennes par rapport au combat national, r�duit, � cette �poque, aux soul�vements paysans, certes dirig�s par des chefs de tribus et des chefs religieux anti-colonialistes comme cheikh El-Haddad, El-Mokrani et Boua�mama, mais de faible r�sonance, vou�s � l��chec et finalement �cras�s.
2- Les �lites alg�riennes et le Mouvement national
Les �lites alg�riennes ne se reconstitueront et ne se manifesteront dans des formes autrement plus modernes, soit dans une posture d�inf�odation vis-�-vis de l�occupation, soit dans une attitude d�opposition qu�� partir des ann�es 20 lorsque l�Emir Khaled lance El-Iqdam, et Messali Hadj cr�e l�Etoile nord-africaine, suivis, � partir des ann�es 30, par l�apparition de l�Association des ul�mas, de l�UDMA et du Parti communiste alg�rien favoris�s, l�un par l�essor de la Nahda au Proche-Orient, l�autre par l�arriv�e au pouvoir du Front populaire en France. Il va en r�sulter le tableau suivant. Nous aurons en face de nous plusieurs �lites :
- les �lites f�odales issues des chefferies traditionnelles tr�s influentes en milieu rural ;
- les �lites bourgeoises de souche citadine form�es de propri�taires, de m�decins, d�avocats, de magistrats, d�universitaires et d��crivains ;
- les �lites petite-bourgeoises constitu�es d�instituteurs et de fonctionnaires. Elles sont form�es, essentiellement, en langue fran�aise, soucieuses de gagner une place dans la hi�rarchie de la soci�t� coloniale, revendiquant les m�mes droits que les Fran�ais. La F�d�ration des �lus de Bendjelloul et de Belhadj Mostefa, les universitaires comme Bencheneb, les instituteurs comme Soualah, dont la m�thode de l�enseignement de l�arabe par le fran�ais a connu son heure de gloire � l��cole indig�ne, des journalistes comme ceux d� Ennadjah, certains �crivains li�s au courant litt�raire alg�rianiste et aux cercles d�Emmanuel Robl�s et d�Albert Camus et bien d�autres segments de ces �lites se sont mobilis�s autour de ces revendications ;
- face � eux, nous trouvons les �lites d�origine pl�b�ienne, ind�pendantistes, ouvertement hostiles au colonialisme, s�duites par le k�malisme, le r�veil de la Chine et de l�Indochine et la personnalit� de Mossadegh et de Orabi. Ces �lites qui ont fait le choix de traduire en actes les aspirations de la grande majorit� de la soci�t� alg�rienne se recrutaient, en r�gle g�n�rale, parmi les �migr�s qui s��taient familiaris�s avec la grande production capitaliste et le militantisme dans les syndicats internationaux, � l�instar de Belkacem Radjef, Inal et Messali lui-m�me. Elles se recrutaient �galement parmi les �lus du PPA-MTLD, les syndicalistes, les enseignants de l��cole libre, les scouts, les �crivains, les po�tes et les hommes de th��tre comme Reda Houhou. Num�riquement faibles, elles sont traqu�es et r�prim�es.
3- Les �lites alg�riennes et la r�volution arm�e
A l�exception de ces �minorit�s agissantes� qui s��taient retrouv�es, d�embl�e, dans la locomotive du 1er Novembre 1954 et qui s��taient engag�es, d�s le d�part, dans la guerre de Lib�ration, en s�int�grant dans une large alliance qui va de la paysannerie pauvre aux ouvriers en passant par les ch�meurs, les jeunes et les femmes, toutes les autres expressions des �lites ont opt� pour l�attentisme, certaines esp�rant trouver les clefs de la d�livrance chez les lib�raux comme Jacques Chevalier, le maire d�Alger. Les udmistes, les ul�mistes, les communistes et naturellement tous les intellectuels qui s�y apparentaient, toutes vocations confondues, n�ont rejoint les rangs de la R�volution qu�� partir de 1956 apr�s que celle-ci ait consolid� ses assises � l�int�rieur et � l�ext�rieur, � la suite de l�offensive militaire du 20 ao�t 1955 dans le Nord- Constantinois. Raison pour laquelle les �lites qui suscitaient, de ce fait, une certaine m�fiance au niveau des instances dirigeantes de la R�volution, avaient d� se contenter, malgr� les efforts de Abane Ramdane et du colonel Lotfi, de places secondaires dans la hi�rarchie de la R�volution, sans grand poids politique face aux chefs de la paysannerie, colonne vert�brale de l�ALN. Certains les appelaient �les scribes�, d�autres �les compagnons de route�. Ils seront bient�t doubl�s par les embryons d��lites envoy�s par le FLN-ALN puis par le GPRA se former dans de nombreuses disciplines civiles et militaires aviation, transmission�) au sein des universit�s des pays socialistes et des pays arabes. Dans le m�me temps, d�autres �tudiants alg�riens choisirent de poursuivre leurs �tudes � Aix-en- Provence, Grenoble et Montpellier, ou en Suisse et en Allemagne, encourag�s, dans ce sens, soit par la F�d�ration FLN de France, soit par des cercles fran�ais int�ress�s � disposer d�atouts favorables apr�s une ind�pendance, consid�r�e, de toutes fa�ons, � partir de 1960, comme in�luctable. Les n�gociations d�Evian puis la crise entre le GPRA et l��tat-major de l�ALN ont montr�, encore davantage, la faiblesse de la marge de man�uvre des �lites cantonn�es au CNRA ou GPRA, d�pass�es, en fin du compte, par les �v�nements. Et malgr� le concours d�cisif qu�elles ont apport� dans la pr�paration technique des dossiers des n�gociations avec l�ancienne puissance coloniale et dans le r�sultat final obtenu, elles ont d� c�der face � un rapport de force qui leur �tait d�favorable, contraintes qu�elles �taient de s��parpiller et de choisir un nouveau camp pour s�y rallier.
4- Les �lites alg�riennes apr�s l�ind�pendance
D�passant le choc ressenti eu �gard aux conditions non consensuelles dans lesquelles les premiers fondements de l�Etat ind�pendant furent pos�s, pratiquement toutes les �lites rentr�rent au pays, manifestant leur disponibilit� � servir dans un pays organis�, pour la premi�re fois dans son histoire, en R�publique, dans des fronti�res sans pr�c�dent. Parmi ces �lites, les �tudiants rentr�s d�Europe de l�Est font figure d�avant-garde. Ils investissent les organisations de masse, transforment l�Ugema en UNEA, nouent une alliance avec le courant nationaliste progressiste et deviennent avec d�autres sensibilit�s politiques, la gauche du FLN. C�est l��poque des r�dacteurs de la Charte d�Alger et des th�ses d�Avril, celle de Benyahia, R�dha Malek, Harb, Zahouane, Ouzegane, Benzine, dirigeant d� Alger R�publicain devenu organe du FLN. Raptis, Bourges et les �pieds rouges� officiaient en tant que conseillers � la pr�sidence de la R�publique. Alger �tait la capitale du monde et accueillait tout ce que la plan�te comptait de puissants chefs d�Etat, Khroutchev, Nasser, Tito, Chou-En-La�, qui remontaient la rue Didouche- Mourad, � pied, sous les confettis et les p�tales de roses. L�universit�, la cin�math�que, le th��tre �taient anim�s par Jacques Berque, Andr� Mandouze, Galissot, Perregua, Maxime Rodinson, Jacques Arnaud, Langlois, Serge July, Boudia, Kateb Yacine, Mostefa Lacheraf, Malek Haddad, Mourad Bourboune, Bachir Hadj Ali, les r�dacteurs de la revue Novembre et les peintres du mouvement �Aouchem�, un melting-pot d�tonnant qui avait fait d�Alger et de l�Alg�rie un carrefour et une adresse r�volutionnaire de r�f�rence. A c�t� de ce rush de gauche essentiellement francophone, les �lites arabophones se regroupent autour de l�Institut d��tudes arabes nouvellement cr�� et autour de l�Humanisme musulman, la revue lanc�e par El-Hachemi Tidjani et les premiers fondamentalistes alg�riens. Le Dr Aroua, Malek Benabi, cheikh Sahnoun, Abbas Madani y �crivent, proposent une autre voie, invoquant l�exemple de Ali Jinah, Iqbal, Bamatte, El-Afghani, etc. C�est dans ce climat de diff�rends, r�currents li�s, encore une fois, aux origines sociales, � la formation, � la langue, aux positionnements id�ologiques et aux conditions de ralliement pr�coce ou tardif des �lites alg�riennes � la R�volution qu�intervient le 19 Juin qui met fin � ce qu�il pensait �tre une d�viation, proclamant comme priorit� la construction �d�un Etat appel� � survivre aux �v�nements et aux hommes�. Le nouveau r�gime ayant un besoin urgent de doter les nouvelles institutions en cadres loyalistes s�employa � cr�er deux centres strat�giques pour le recrutement, la formation et la dotation de l�Etat en grands commis : le premier fut l�ENA ; le second, l�ANP, � travers plusieurs acad�mies et instituts, garants, dans l�esprit de leurs concepteurs, de la souverainet�, de la stabilit� et de la continuit� de l�Etat. Apr�s avoir r�duit � la clandestinit� les anciens soutiens du pr�c�dent r�gime regroup�s dans l�ORP puis dans le PAGS, le pouvoir se r��quilibre, d�s 1966, nationalise les mines et plus tard les hydrocarbures, lance les trois r�volutions, agraire, industrielle et culturelle, baptis�es �les grandes t�ches d��dification nationale �, ou �la voie de d�veloppement non capitaliste �, sous le sceau du non-alignement et de la grande proximit� avec les pays socialistes. Les �lites de gauche reviennent dans le jeu politique, s�engagent dans le volontariat et au sein de l�ANP lors de la guerre isra�lo-arabe de juin 1967. C�est l��poque de la th�se du soutien critique. La r�forme de l�universit� men�e par Mohamed Seddik Benyahia et l�absorption de l�UNEA par l�UNJA ouvrent une voie royale � de nouvelles �lites, les �lites d�Etat auxquelles sont confi�es la r�alisation et la gestion des combinats et des complexes industriels d�cid�s par le plan, l��pine dorsale de l��conomie administr�e. De nombreux segments d�autres �lites, s�duites par les lambris de la nouvelle R�publique, se convertissent. C�est l��poque de l�article 120. La mort du pr�sident Boumedi�ne signe la fin de cette �poque. Le 4e congr�s du FLN sonne le d�clin du socialisme et l�arriv�e des lib�raux, les chefs d�orchestre de l�infitah. Assis sur une base sociale lamin�e par les d�sillusions g�n�r�es par l��chec du socialisme d�Etat et des politiques de d�veloppement �conomiques sous-jacentes, la survenue, au milieu des ann�es 80, du mouvement islamiste, encadr� par des dirigeants de formation moyenne, rencontre peu de r�sistance au niveau d�une bureaucratie politique plut�t encline � la composition. La seule opposition qu�il rencontre vient de l�Arm�e nationale populaire, visc�ralement r�publicaine, des intellectuels, des syndicalistes, du mouvement des journalistes, de la soci�t� civile et des premi�res Ligues des droits de l�homme. La crise exacerb�e par les atermoiements d�une Pr�sidence d�pass�e semble se d�nouer � la suite de l�instauration du pluralisme politique mais la radicalisation du fondamentalisme menace de remettre en cause le caract�re r�publicain de l�Etat. C�est janvier 1992. C�est le d�but de la p�riode noire. Les �lites cibl�es par le terrorisme vont payer de leur vie. Journalistes, �crivains, hommes de th��tre, sociologues, m�decins sont assassin�s. Des milliers d�autres s�exilent. Une saign�e qui vide le pays de sa substance et s�ajoute � celles qui l�avaient pr�c�d�e dans les ann�es 60-70. Ce qui s�ensuivit constitue pour les g�n�rations d�aujourd�hui un lourd passif. Le d�p�rissement des valeurs politiques, le galvaudage du militantisme et de l�engagement, le d�voiement des partis, cens�s �tre des �coles de citoyennet�, a d�natur� la notion d��lites. Ajoutons � cela la d�sarmante m�diocrit� des productions de l�esprit, le mauvais classement des universit�s, l�indigence de la recherche scientifique. Avec de telles carences et de telles d�viances, quelle place les �lites d�aujourd�hui peuvent-elles esp�rer occuper pour susciter le changement ou, � tout le moins, l�accompagner dans la bonne direction ? Ces �lites semblent pour le moment affaiblies, presque sans voix. Elles n�arrivent pas � communiquer juste et � susciter des �chos au sein de la soci�t�. Pourquoi ? Est-ce du fait d�une faiblesse li�e, encore une fois, � l�origine sociale et � l�Histoire ? Est-ce du fait de leur confinement � la marge de la soci�t� par les diff�rents pouvoirs qui se sont succ�d�s � la t�te de l�Etat ? Ou bien du fait de la r�gression de la soci�t� elle-m�me revenue au culte aveugle de la tradition ? Et pourtant, le pays dispose de plus d�un million d��tudiants. La jeunesse est famili�re des techniques de communication les plus sophistiqu�s, abonn�e aux r�seaux sociaux et aux networks transnationaux ? Pour revenir dans la course, les �lites doivent, aujourd�hui, r�unir un certain nombre de conditions de fond objectives et subjectives � court et � moyen terme, la seule alternative qui leur demeure ouverte.
- A court terme : elles doivent travailler � :
* d�passer leur atomisation et � dialoguer entre elles puis avec l�Etat pour trouver un d�nominateur commun politique afin d�asseoir la pratique d�mocratique dans notre pays sur des bases saines ;
* � jeter des passerelles en direction de la soci�t� en changeant leurs modes de communication et leur langage.
- A long terme : elles doivent �uvrer :
* � obtenir une r�forme radicale de l��cole dans le sens de la modernisation ;
* � s�ins�rer dans la mondialisation en s�ouvrant sur la recherche fondamentale pour ma�triser les moyens d�influence technique ;
* � militer pour obtenir l�abolition du client�lisme, la reconnaissance du m�rite, la s�curisation et la consid�ration morale et mat�rielle dues � leur apport au d�veloppement de la soci�t�. Elle gagneraient aussi � rompre avec la culture du salon, � cesser de nourrir des complexes vis-�-vis de l�Occident comme de l�Orient et � ne compter que sur leurs propres ressources pour conqu�rir d�avantage d�espaces de pouvoir qui permettraient enfin que la raison du savoir et de l�intelligence puisse l�emporter sur la force brutale des lobbies de l�ignorance. Elles pourraient, au bout de ce processus, produire, � partir de leur g�nie propre, un mod�le conforme aux aspirations de la soci�t� qui fera d�elles, � l�avenir, un interlocuteur de poids et d�influence incontournable.
B. M.

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