Soci�t� : LES ISSERS (BOUMERD�S)
La mis�re et la honte � Ettarfa


Bien qu�accompagn� de leurs voisins, des familles du village Ettarfa, localit� situ�e � trois kilom�tres du centreville des Issers, ne nous ont pas permis d�entrer chez elles. Ce n�est ni de l�incivilit� de leur part ni un d�faut d�hospitalit� ch�re aux Alg�riens.
Ces familles ont tout simplement honte de ce nous pouvions voir, en tant que journaliste, de leur conditions de vie. Nous sommes tout de m�me entr� dans plusieurs abris de fortune qui servent de logement � ces humbles familles. On nous montre une chambre o� dorment 6 fr�res et s�urs. Une pi�ce de 2 m�tres sur 2. C�est l��quivalent d�un cachot. Nous en sommes ressortis compl�tement d�sorient�s. Comment en 2011 peut-on laisser des hommes, des femmes et des enfants vivre dans des abris pareils ? Pouvait-on rappeler, sans susciter leur col�re, aux habitants de cette localit� que l�Alg�rie c�l�brait le cinquanti�me anniversaire d�une manifestation et le sacrifice en France de centaines de vies pour une Alg�rie d�mocratique et, surtout, sociale ? C'est-�-dire pour un avenir radieux. Pr�cis�ment, ces b�tisses qu�occupent ces familles sont un h�ritage de la colonisation. C��tait une ancienne caserne �rig�e � la fin des ann�es 1950 pour reloger des harkis. Elle n�a pas �t� totalement finie ni occup�e. Apr�s l�ind�pendance, les logis ont �t� attribu�s � des familles, dont 6 veuves de chouhada, pr�cise un responsable local, qui avait fui, � l��poque, les montagnes de Ouanougha et Ghoumrassa, deux localit�s de la commune o� ils avaient tout perdu. D�autres familles venues des Hauts-Plateaux se sont install�es dans les ann�es 1960 et 1970 dans ce village b�ti sur une ancienne carri�re d�agr�gats. A chacun de m�diter sur le cheminement des �v�nements. Que peuvent penser de leur pays ces jeunes de 20, 30 et 40 ans n�s dans cette mis�re ? Autre question qui taraude notre esprit : les responsables administratifs des Issers, les �lus locaux ou r�gionaux se sont-ils rendus sur place, au moins une fois, pour voir comment vivent, depuis des d�cennies, leurs administr�s ? Ont-ils fait le constat sur le v�cu quotidien de M. Brahim, son �pouse et ses 6 enfants qui ont �t� oblig�s d�habiter une partie d�une ancienne cave � vin en ruines ? Lorsque nous sommes sortis de cette tombe qui sert de logement � cette famille, nous avons longtemps gard� dans les narines cette mauvaise odeur venant des murs et du plafond. Toutes les maladies que Dieu a cr��es font des ravages dans cette bourgade o� survivent environ 140 familles. �Tous les jeunes sont dans un �tat d�pressif �, ass�ne Mohamed, n� dans cette mis�re il y a 26 ans. Les habitants n�ont �t� branch�s au r�seau d�eau potable qu�en 2009 et au r�seau �lectrique en 2010. 48 ans apr�s l�ind�pendance. La bourgade ne dispose pas d�un r�seau d�assainissement. Les eaux us�es se d�versent dans la nature, pas loin des habitations au milieu des ordures. Au plan social, le ch�mage d�passe les 70% entre jeunes et moins jeunes. Le nombre de gar�ons et filles scolaris�s au niveau du secondaire se compte sur les doigts d�une main. L��chec scolaire est la seule perspective pour les enfants de la localit�.
Rien n�est excessif
A la suite d�une protestation des jeunes de ce village qui ont ferm�, mardi, le si�ge de l�APC des Issers, nous nous sommes rendus sur place. A notre arriv�e, les policiers ont pu convaincre les r�volt�s de laisser les portes de l�institution ouvertes. Il n�y avait aucune agressivit� dans les deux parties. Chetta Omar, le maire des Issers, �tait, nous a-t-on dit, absent, en r�union avec le wali. Son vice-pr�sident, Ali Ramdani, s�est content� de nous dire qu�il n�avait aucune d�claration � faire sur cette action citoyenne. Les protestataires �taient d�cid�s � rester sur place jour et nuit, et ce, jusqu�au r�glement de leur probl�me. Par la suite, ces jeunes dont le quotidien reste empoisonn� nous ont d�crit, photos en mains, les conditions de vie des leurs dans ces habitations d�un autre �ge. �Nous avons �crit absolument � tout le monde, du maire au pr�sident de la R�publique en passant par le commissaire de police ; les policiers sont pr�sents et ils peuvent le confirmer, ensuite nous avons saisi, toujours par �crit, le chef de brigade de la gendarmerie et m�me le procureur du tribunal de la circonscription judiciaire de Bordj-Mena�el�, dit Mohamed. Comme nous avions estim� que leur descriptif �tait probablement excessif, nous avons demand� aux r�volt�s de voir par nous-m�mes ce qu�ils d�noncent. 4 jeunes nous ont accompagn� jusqu�� leur village pour constater de visu, d�o� notre constat. Finalement, ils ne nous ont d�crit que la r�alit�. Ces citoyens ne se lamentent pas. Ils r�clament � l�Etat leur part d�acquis sociaux et un peu de respect pour pr�server leur dignit�. En tout �tat de cause, l�affectation d�une centaine d�habitations permettra le relogement d�cent des familles en question et �radiquer cet h�ritage honteux. C�est faisable � court terme. En la mati�re, c�est au wali d�intervenir dans ce cas pr�cis. Compter sur l�APC pour prendre en charge ce probl�me est une pure perte de temps. Les habitants d�Ettarfa ne se font aucune illusion � ce sujet. Le chef de l�ex�cutif de wilaya, Kamel Abb�s, qui a envoy�, il y a une quinzaine de jours, une �quipe de fonctionnaires de l�inspection g�n�rale de la wilaya pour enqu�ter sur la gestion de cette commune � c�est un autre dossier �, le sait �galement.
Abachi L.

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