Actualit�s : APPEL DU 1ER NOVEMBRE
Qu�en reste-t-il ?


R�solu de s�affranchir du joug colonial, le peuple alg�rien d�clencha le 1er Novembre 1954 la lutte arm�e pour l�ind�pendance. L�appel du 1er Novembre tra�a, dans les termes de l�engagement solennel, les contours de l�Alg�rie post-ind�pendance : une Alg�rie sociale et d�mocratique. Qu�est-il advenu, 57 ans apr�s, de ce serment ?
Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - D�but janvier 2011, le pays est �branl� par des �meutes que le vocable officiel, qui s�incommode fortement des r�f�rents et causes politiques d�une crise, d�signa par ��meutes de la faim�. Comme si avoir toujours faim plus d�un demi-si�cle apr�s le d�clenchement de la guerre de Lib�ration nationale �tait plus admissible qu�avoir soif de libert� et d��mancipation. Ceux qui ont travaill� � faire admettre que ce sont seulement les ventres creux qui poussent � la r�volte ont assur�ment manqu� gravement de discernement. L�arbitraire, l�autoritarisme, le d�ni de justice, l�absence de libert�s, autant que les borborygmes d�estomacs vides, fournissent les carburants � la r�volte. Et ce sont ces ingr�dients r�unis qui ont fait l�explosion du d�but de l�ann�e et des �meutes qui ont suivi tout au long du printemps. Novembre trahi ? Assur�ment, puisque la promesse du bien-�tre social et du mieux-vivre et s��manciper est partie � vau-l�eau. D�s l�aube de l�ind�pendance, avec le coup de force de l�arm�e des fronti�res qui, apr�s avoir d�class� le GPRA, prit le pouvoir et, depuis, en usa et abusa. On ne peut autrement d�tourner une r�volution des plus �clatantes qui furent. Mais est-ce une fatalit�, comme le consigne cette maxime bien pens�e, � savoir qu�il y a ceux qui font la r�volution et il y a ceux qui en profitent. Ceux, chez nous, qui ont fait de cette maxime un sacerdoce ont �t� bien plus loin que profiter de l�ind�pendance acquise au prix d�un million et demi de martyrs. Ils en ont profit� au d�triment de la majorit� du peuple auquel ils ont conc�d� la mis�re et le choix entre l�exil ou le silence. A la confiscation de l�espace politique, � travers l�instauration du parti unique, le FLN, en somme, ceux qui prirent le pouvoir � l�ind�pendance firent du pays un vaste chantier d�exp�rimentation de doctrines import�es qui, toutes, se sont sold�es par, sinon peu de r�sultats probants, l��chec. Le socialisme, m�me verni de la sp�cificit� alg�rienne, fut un �chec, en ce sens qu�il produisit plus de bourgeois mercantiles que l�aurait fait un syst�me lib�ral. Cons�quences, c�est � genoux que le pays sollicita, au milieu des ann�es 80, suite � la chute drastique des recettes p�troli�res, la �bienfaisance� des instances mon�taires internationales. Voulue lib�rale, par la suite, l��conomie nationale ne s�est gu�re port�e mieux, gangren�e qu�elle a �t� et y est toujours par la corruption. Entre-temps, l��cole, r�gent�e sous des prismes politiciens d�suets, a produit des cohortes de zombies hirsutes. Heureux certainement sont les martyrs qui n�ont pas vu ce qu�il �tait advenu de leur r�volution. Plus d�un demi-si�cle apr�s le premier baroud sonnant une insurrection des plus g�n�reuses, des jeunes Alg�riens embarquent, au p�ril de leur vie, dans des felouques de fortune � la recherche de cieux plus cl�ments. Ceux qu�une telle aventure n�enchante pas sont r�duits � dresser des barricades pour disposer d�un emploi ou d�un toit. Passe sur les femmes, qui, hier, combattantes dignes et h�ro�ques, restent accabl�es par un statut de mineures � vie. Et combien d�exils forc�s depuis l�ind�pendance, combien d��nergies militantes r�duites � �tre des spectres inexpressifs ? Aujourd�hui encore, puisqu�on est � l��re du tr�ne � vie, de l�espace politique d�di� � l�exclusive jouissance des thurif�raires du r�gime en place. Que reste-t-il du serment de Novembre ? Le sentiment qu�il �tait une fois la r�volution�
S. A. I.

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