Culture : TH��TRE
Invisibles, une pi�ce qui donne la parole aux �chibanis� immigr�s


Assis sur un banc, les cheveux blanchis, des hommes tristes regardent les passants et parlent du �bled� qu'ils ont quitt� dans les ann�es cinquante pour venir travailler en France : ces vieux immigr�s, les �chibanis�, sont les h�ros de la pi�ce de th��tre Invisibles.
Ecrite par le metteur en sc�ne Nasser Djema�, lui-m�me d'origine alg�rienne, Invisibles entend donner �un corps, une voix, une personnalit� � ces travailleurs, qui ont �t�, selon lui, �des masses informes, incolores, inodores, �ternellement interchangeables �. La pi�ce est � l'affiche � partir du 22 novembre � la Maison de la culture de Grenoble, dans l'est de la France, avant une vaste tourn�e en France, puis � Lausanne (Suisse) qui s'ach�vera en mai prochain. �J'ai pris le parti de parler uniquement des hommes qui n'ont pas fait venir leur famille parce que, pour moi, ils repr�sentent une double trag�die�, raconte Nasser Djema�, dans un entretien � l'AFP. Ils sont v�cu �l'exil, l'arrachement � la terre natale pour retrouver une mis�re plus froide encore et l'�loignement d'avec leur famille�. �Une fois vieillis, ces hommes se retrouvent seuls, avec des s�quelles physiques tr�s importantes et aussi pauvres que quand ils sont arriv�s �, affirme le metteur en sc�ne qui insiste sur �le rapport tr�s ambigu, tr�s paradoxal� qu'ont les �chibanis� avec leur pays d'origine. �Ils ont vieilli avec une carte postale dans la t�te�, d�clare- t-il. �Le retour au pays est toujours une incompr�hension avec � la fois ce mythe �ternel du retour et leur pr�sence ici li�e notamment au fait qu'une partie de leur retraite ne peut pas �tre export�e�, ajoute Nasser Djema�. Il a cherch� pendant un an les acteurs susceptibles d'incarner ces hommes qui s'expriment � la fois en fran�ais et en arabe et recueilli des t�moignages dans les caf�s, les mosqu�es, les foyers en m�me temps qu'il lisait les ouvrages portant sur ce th�me. �C'est un peu aussi l'histoire de mon p�re qui est arriv� ici, a v�cu tout seul pendant deux ans avant de faire venir sa famille�, confie Nasser Djema�, n� en 1971 � Grenoble de parents alg�riens. �Les amis que j�ai c�toy�s sont ces hommes-l�. �a fait partie de ma mythologie. � �Mon travail th��tral, c'est de m'emparer d'une parole authentique et d'arriver � tordre toute cette mati�re pour en faire des figures th��trales.� �Cette histoire d'hommes qui ont quitt� leur terre natale date de la nuit des temps�, poursuit-il, �voquant En�e, condamn� � l'exil et qui doit se rendre aux enfers pour que son p�re lui r�v�le o� il doit fonder Rome. �J'ai trouv� ce mythe tellement beau que j'ai voulu aussi m'en servir�, ajoute-t-il. Le h�ros, Martin, n'a pas connu son p�re, l'un de ces immigr�s, mais le retrouve gr�ce � sa m�re, une Fran�aise, qui vient de mourir. �J'ai plac� l'histoire entre la vie et la mort. C'est comme un monde parall�le. Ces hommes sont dans une sorte d'antichambre et Martin va �tre plong� dans ce monde � la demande de sa m�re.� Mais �cette histoire, c'est une volont� d'apaisement, une reconstruction, celle d'un jeune homme qui va se r�concilier avec lui-m�me et avec son pass�, conclut Nasser Djema�.

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