Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
Apr�s la Tunisie, le Maroc ?


Par Hassane Zerrouky
Quatre mois apr�s l�adoption, le 1er juillet par r�f�rendum, de la r�forme constitutionnelle, les Marocains sont appel�s aux urnes ce vendredi pour �lire un nouveau Parlement. A l�instar de nombreux pays arabes et maghr�bins, le royaume alaouite n�a pas �chapp� aux effets de la �r�volution tunisienne �.
Durant plus de six mois, le Mouvement des jeunes du 20 F�vrier, soutenu par les partis de la gauche radicale � Ennahj Dimocrati (voie d�mocratique), le PSU (Parti socialiste unifi�, dissident de l�USFP) � des personnalit�s et des associations � Attac Maroc et l�AMDH (Droits de l�Homme) � a organis� des manifestations ayant mobilis� des centaines de milliers de Marocains dans pr�s de 60 villes du royaume. Avec pour mot d�ordre �le roi r�gne et ne gouverne pas�, ce mouvement, dont l�irruption sur la sc�ne politique marocaine a pris de court le palais, le Makhzen et ses partis � l�USFP (socialiste), le PPS (ex-communiste), l�Istiqlal du Premier ministre Abbas al-Fassi et le Rassemblement national ind�pendant (RNI, lib�ral) du ministre de l'Economie Salaheddine Mezouar � a �branl� la monarchie marocaine. Il a surtout donn� un coup de vieux � ces partis dont la ligne politique reste calqu�e pour l�essentiel sur celle du palais. Ces partis, plus royalistes que le roi, qui estimaient, sans rire, qu�il existait �une exception marocaine �, expression selon laquelle le Maroc �tait � l�abri des r�voltes ayant balay� Ben Ali et Moubarak et qui se poursuivaient au Y�men, � Bahre�n, en Jordanie, � un degr� moindre en Alg�rie, avant de toucher la Syrie : selon eux, le Maroc �tait le premier pays du monde arabe et maghr�bin � initier de �profondes r�formes d�mocratiques �. Et de tirer � boulets rouges sur ces jeunes �manipul�s par l��tranger�, et m�me par le Polisario, pour d�stabiliser le royaume, et ce, avant de tenter d�organiser une riposte � la fois sur le Web et dans la rue. Sur internet d�abord, on a assist� � une bataille m�morable en ce sens o� les partis makhzeniens se sont rendu compte tardivement qu�en portant le d�bat sur la toile ils ne faisaient qu�amplifier le ph�nom�ne contestataire tant leurs arguments �taient d�cal�s par rapport � la r�alit�. Dans la rue, ce fut un �chec, ils peinaient � mobiliser. Ayant senti la menace et, surtout, ayant vu que la contre-offensive orchestr�e par les partis makhzeniens avait lamentablement �chou� devant la d�termination des jeunes du Mouvement du 20 F�vrier, le roi Mohammed VI montait au cr�neau pour d�samorcer un mouvement de protestation risquant de mettre � bas la monarchie de droit divin. Sans consulter les partis si�geant au Parlement qui soutenaient jusque-l� sans sourciller sa politique, il annon�ait, le 9 mars dans un discours � la nation, une r�forme constitutionnelle. Non seulement les droits de l�homme devenaient un droit constitutionnel, le tamazight langue officielle au m�me titre que l�arabe, mais le chef du gouvernement serait issu du parti arriv� en t�te des �lections et non d�sign� comme cela se faisait, et une plus grande autonomie se voyait accord�e au Parlement. Mais, et c�est l� que le b�t blesse, ses pouvoirs restent en l��tat, voire sont renforc�s. Le monarque demeure constitutionnellement �commandeur des croyants�, le religieux, le s�curitaire et le judiciaire restent des pr�rogatives royales. Les partis makhzeniens � gauche socialiste et ex-communiste, lib�rale, l�Istiqlal, le RNI applaudissent. Pratiquant une politique de �critique constructive � � l��gard du palais, le PJD (Parti de la justice et du d�veloppement, islamiste) a op�r� � temps un virage tactique lui donnant une image de parti ayant pris ses distances avec le Makhzen. Ses menaces de rejoindre le Mouvement du 20 F�vrier lui ont fait gagner des points. Ce vendredi, un mois apr�s les �lections tunisiennes, le royaume fera face au moins � un double enjeu. Le premier est le taux de participation. Le Mouvement du 20 F�vrier, les partis de la gauche radicale appellent au boycott du scrutin. Le deuxi�me sera le score qu�obtiendra le PJD. Les sondages le donnent en t�te du scrutin et lui accordent entre 70 et 80 si�ges sur les 395 en lice, ce qui lui donnerait le droit de former le gouvernement. Si ce cas de figure se r�alisait, le Maroc serait le deuxi�me pays apr�s la Tunisie � �tre dirig� par les islamistes. En attendant l�Alg�rie ?
H. Z.

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