Actualit�s : SA�D SADI AUX MILITANTS ET SYMPATHISANTS DU RCD IMMIGRATION :
�Deux conditions pour des �lections d�mocratiques�


De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Pourquoi faut-il aller aux �lections prochaines et � quelles conditions ? Avant de d�velopper largement ces deux points et d�en d�battre avec les militants et sympathisants du RCD immigration, Sa�d Sadi a d�abord d�crit, jeudi dernier � Paris, le climat politique et social national et les bouleversements du champ r�gional et international. Deux nouvelles donnes � interne et externe � qui imposent d�abord aux militants du RCD une communication de proximit� aupr�s des citoyens pour battre en br�che le double discours d�velopp� aujourd�hui par le syst�me pour se pr�server et perdurer et ensuite des exigences claires pour toute �lection d�mocratique : un cahier des charges et une surveillance internationale.
L�Etat des lieux d�crit par le docteur Sadi �voque un �d�sastre� qui s�est abattu sur le pays et menace l�Alg�rie dans �sa coh�sion, sa stabilit� et son int�grit�. �Les citoyens sont aujourd�hui victimes d�un syst�me qui a fait de la vie publique, une sc�ne o� tout ce qui est dit dans les institutions n�est qu�apparat pour ne pas dire apparence et l�essentiel est toujours fait et d�cid� derri�re les rideaux�. Cela n�est pas nouveau et depuis 1957 - �avec la mort de Abane, tu� par les n�tres et Ben M�hidi par les Fran�ais � l�Alg�rie n�a pu s��manciper des forces occultes - MALG, puis s�curit� militaire et aujourd�hui le DRS qui ont d�tourn� l�essentiel des intelligences�.
Corruption g�n�ralis�e, provocation en Kabylie et manipulation de l�islamisme

Dans le syst�me de r�partition du pouvoir et son exercice qui exclut la citoyennet� et qui plonge le pays dans une esp�ce de tourmente, Sa�d Sadi r�pertorie trois param�tres, mis en branle et v�rifiables lors de toute crise et p�riode critique : la corruption g�n�ralis�e, la manipulation de l�islamisme tant � l�int�rieur qu�� l�ext�rieur et les provocations et manipulations souvent criminelles en Kabylie pour faire diversion et �distraire l�opinion�. Pour chacun de ces param�tres, le patron du RCD a successivement argument� en rappelant les actions et mesures prises par le r�gime et avec moult d�tails. On vient, dit-il, de dilapider, entre janvier et juin 2011, pratiquement quatre fois le budget de l�Etat � travers des m�canismes que personne, m�me pas le Parlement, n�en conna�t ni le m�canisme, ni l�origine, ni la structure qui g�re ces d�penses. �On est en train d�utiliser le Tr�sor public comme les pompiers utilisent les lances � eau pour �teindre les foyers d�incendie.� En voulant calmer la situation, l�on est en train de mettre en place les conditions de l�embrasement social g�n�ralis�. Les augmentations de salaire octroy�es portent sur des salaires non productifs et l�on sait, explique-t-il, que c�est l� le meilleur moyen de nourrir l�inflation. On colmate des trous avec l�argent public et cette tendance � la corruption est en train d��tre syst�matis�e. L�essentiel est que �la bouche soit pleine pour �viter que la contestation ne s�exprime�. Le budget 2012, a encore dit Sadi, est un �budget de guerre�, une guerre contre l�ennemi interne, le citoyen en l�occurrence : la part d�di�e � l�investissement n��tait d�j� pas �norme et vient d��tre r�duite de 29% ; le budget consacr� � l��ducation, comparativement � ceux des pays qui se soucient de la formation de leur soci�t�, ne constitue que le douzi�me du budget de ces pays. Et dans le m�me temps, la part r�serv�e � tout ce qui est du domaine r�pressif � arm�e, police, propagande du syst�me � explose. En Kabylie, la provocation fait partie in�vitablement du �condiment de la recette du pouvoir �. Tout est fait de telle sorte que vous ne puissiez pas contenir la col�re de la population. Sur les dernier �v�nements, Sadi dira que le pouvoir voulait faire un 2001 bis en �zoomant sur la Kabylie pour contrer ce qu�il appelle �l�ennemi int�rieur� et pr�server �l�unit� nationale� et pendant ce temps, ils recomposent et r��quilibrent les clans. Son plan, gr�ce � la mobilisation notamment des �lus, a �chou�. Sur l�islamisme, toutes les fois que le pouvoir est sous pression , �il manipule le ph�nom�ne de telle sorte que le curseur soit � un niveau suffisamment �lev� pour terroriser la soci�t� mais pas au point d�arriver � remettre en cause le syst�me�. Tous les r�seaux de propagande du r�gime sont actuellement d�ploy�s pour dire attention, si jamais il y avait �lections, ce sont les islamistes, comme en Tunisie, qui arriveraient au pouvoir. C�est proprement insens�, selon Sadi, et �je ne vois pas pourquoi ce qui s�est pass� en Tunisie devrait effrayer le pouvoir alg�rien parce qu�un parti islamiste va figurer dans le gouvernement �. Et de poursuivre : ��a fait 20 ans qu�ils ont install� un parti islamiste au gouvernement. Ils devraient �tre contents que leur formule soit en train de faire des petits.� On est en plein dans le double discours et la manipulation. Le responsable d�Ennahda vient d��tre re�u en grande pompe y compris par le chef de l�Etat, au m�pris d�ailleurs du protocole en la mati�re. Le message est clair pour Sadi : la Tunisie est enfin sur la formule alg�rienne dans l��tablissement d�une soci�t� islamo-conservatrice. On est dans la manipulation permanente : d�un c�t� on crie au loup et de l�autre on d�roule le tapis. Le m�me proc�d� est utilis� � l��chelle internationale. A cette cible, le pouvoir avertit que si jamais il s�effondrait, il allait y avoir une explosion g�n�rale et Aqmi risque de d�stabiliser toute la r�gion sah�lo-saharienne, avec des contagions et les cons�quences sur l�immigration clandestine sur toute l�Europe. C�est l�, dit Sadi, �l�argument par lequel les services alg�riens essayent de p�renniser leur tutelle�.
L�ouverture ? Un leurre pour gagner du temps et tromper � l�ext�rieur

Dans la situation actuelle, il ne faut pas trop attendre de lucidit� ni de responsabilit� de la part des dirigeants. Comme pour donner la preuve de son inaction et m�me plus de sa d�termination � bloquer toute �volution, Sa�d Sadi �voque les projets lanc�s pour faire taire l�opinion et d�crit avec pr�cision les contenus de ces leurres qui ne constituent que l�expression de la paralysie, de la panique et de l�absence de projet et de perspective du pouvoir en place et �sont signifiantes d�une d�marche contraire � l�ouverture qu�ils pr�nent pour gagner du temps et qu�ils essayent de vendre � la communaut� internationale�. Il suffit, pour ce faire, d�analyser les textes envoy�s � l�Assembl�e nationale. Le code communal, qui devait sortir le pays d�une centralisation sans pareille de toutes les d�cisions au niveau d�Alger, vient dans le projet soumis de r�duire encore plus les pr�rogatives de l��lu. M�me la tenue de la r�union du conseil communal est soumise � l�autorisation du wali. Le projet de statut de l�avocat n�est pas en reste et a m�me r�ussi � faire sortir la corporation dans la rue. Dans une de ses dispositions, le texte stipule que si le pr�sident de la cour estime que dans sa plaidoirie un avocat a utilis� un propos qui ne convient pas, il peut le disqualifier. Quant au texte devant r�gir l�audiovisuel, une phrase, mise en bas de page portant sur une structure compos�e pour moiti� de journalistes et pour l�autre d�administratifs, chute par cette pr�cision �ce sont en derni�re instance les pouvoirs publics qui d�cideront�.
Officiellement, le FLN n�est pas un parti islamiste et c�est l� toute l�ambigu�t�

Dans la nouvelle loi sur les partis, il est sugg�r� la parit� hommes/femmes. Or, de quoi s�agit-il ? s�interroge Sadi et de r�pondre : �On laisse en place le code de la famille � institu� en 1984 par ce pouvoir, un code qui minore � vie la femme, qui la transforme en �l�ment p�riph�rique, marginal, sinon parasitaire de la soci�t� et on fait semblant de vouloir lui donner une visibilit� dans les institutions. Qu�on enl�ve, tonne Sadi, �le code de la famille et vous verrez que la femme alg�rienne va se battre, appara�tre et se mobiliser�. Ce n�est pas le FIS, qui n�existait pas encore en 1984, qui a promulgu� ce code de la famille, �la pire des catastrophes qu�ait connue l�Alg�rie ind�pendante, mais c�est le FLN. Dans la foul�e, et comme autre �exploit� du FLN, l��ducation offerte �� l�extr�misme religieux � et dont les Alg�riens peuvent v�rifier dans le contenu des programmes �le crime p�dagogique�. Le pire, dit-il encore, c�est qu�on �se paye encore du FLN, du Hamas et probablement du Djaballah qu�ils veulent apparemment r�cup�rer et ils continuent � faire des concessions � une islamisation rampante, bien avanc�e, sans que les signes d�alerte de la soci�t� ne se mettent en mouvement parce qu�officiellement, le FLN n�est pas un parti islamiste� ! Nous sommes aujourd�hui dans cette situation �domin�e par une pollution et la d�sinformation � et dans le m�me temps, dit-il, �le pouvoir d�livre des messages � la communaut� internationale pour dire qu�il vaut mieux nous tol�rer parce qu�on a compris et qu�on va faire en sorte que��. Que doit-on faire dans cette conjoncture ?
Miser sur la communication de proximit� pour contrer les mensonges du r�gime

Sa�d Sadi appelle � la prudence et � la vigilance : �Ce que l�on doit �viter � l�Alg�rie aujourd�hui, c�est de faire subir au pays l�erreur qui a �t� commise en 1988 o� une ouverture politique biais�e et contr�l�e et m�me m�diatique a fini par donner un sursis � un r�gime qui a commis encore plus de d�g�ts.� Tout porte � croire qu�ils essayent de rejouer ce sc�nario mais ils se trompent, expliquera- t-il. L�Alg�rie n�est plus celle de 1988 et sa jeunesse n�est plus la m�me aussi. M�me s�ils acceptent l�argent qu�on leur donne pour les faire taire �ils se sont exon�r�s du syst�me politique et se sont lib�r�s des mosqu�es et d�douan�s de la tentation islamique�. Aussi, pr�conise Sadi, il va falloir communiquer et communiquer encore pour expliquer � qui on a fait croire que les politiques sont tous pourris, que c�est une propagande du r�gime pour les tenir d�mobilis�s et que tout n�est pas d�sesp�r�. Il va falloir, explique l�orateur, que les militants s�investissent fortement dans une communication de proximit�, au plus pr�s des la population, dans les caf�s, partout et qu�ils contrent le discours officiel distill�. C�est sur le terrain que �a va se jouer. �Il va falloir porter la parole d�une mani�re directe et comprise. Il y a donc un v�ritable travail de mobilisation militante sur le terrain, donner des �l�ments clairs au citoyen et lorsque c�est fait, �a paye�.
Oui aux �lections � condition d�un cahier des charges clair et d�une surveillance internationale

Si �lection il y a, le RCD ne peut postuler � une �lection v�ritablement d�mocratique qu�� la condition de la mise en place d�un cahier des charges clair. Il faudra �tre tr�s intransigeant et ne il ne pourra postuler � cette �lection que s�ils acceptent les termes et les d�lais de ce cahier des charges. Et � ceux qui s�interrogent sur une participation qui verrait les islamistes concourir, Sadi r�pond que ne participeront que les partis ou ind�pendants qui s�engageraient � respecter scrupuleusement tous les termes de ce cahier des charges. L�autre condition de participation du RCD aux �lections est qu�elles soient organis�es sous une surveillance internationale. Aujourd�hui, �chaud�e par l�exp�rience de 2004, l�Union europ�enne a officiellement dit que si elle n��tait pas en mesure de faire une v�ritable observation telle qu�elle la pratique partout ailleurs, avec les structures qu�il faut et les d�lais qu�il faut, elle se refusera � servir d�app�t. Pour l�instant, a encore dit Sadi, �le r�gime alg�rien semble dispos� � accepter une surveillance s�rieuse, parce qu�il y aurait un accord de principe avec la communaut� internationale : voil� o� en sont les choses, mais �toutes les proc�dures qui doivent accompagner une telle action ne sont pas encore prises�.
K.-B. A.

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