Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE
APN : les �indign�s� de la 25e heure


Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr

Ce qu�il y a de cocasse dans l��pid�mie des critiques qui atteint l�APN est assur�ment sa nature tardive. Nos chers d�put�s, habituellement disciplin�s face aux propositions de l�ex�cutif, d�couvrent, sur le d�part, l�hygi�ne �l�mentaire de la d�mocratie. Celle qui consiste � amender et censurer au nom du bien public. Longtemps, ils s�en �taient abstenus, consid�rant cet imp�ratif primordial de leur r�le comme contraire � leur devoir.
Celui qu�ils nomment ainsi et qui n�a jamais �t� autre chose qu�un euph�misme s�mantique pour d�signer la servitude. Investi de la lourde mission d�adopter une batterie de projets de lois organiques, le Parlement alg�rien se divise tout aussi bien sur des questions de fond que sur des points de d�tail. M�me le clivage traditionnel �majorit�-opposition � n�a pas r�sist� � cet inattendu vent d�indignation. Et l�Alliance pr�sidentielle, incapable d�accorder ses violons, est la premi�re � en faire les frais � travers la d�solidarit� du MSP. Point d�orgue du d�saccord g�n�ral auquel est confront� le gouvernement, l�examen de la loi sur les partis. Le sujet, par sa sensibilit� et les enjeux imm�diats qu�il implique dans la reconfiguration de l�espace politique et la future repr�sentativit�, ne pouvait qu�emporter, dans la tornade de la pol�mique, tous les anciens consensus sur lesquels se sont b�ties les cohabitations si n�cessaires au pr�sident de la R�publique. Ceci dit, l�impression qui �mane de ce d�bat houleux est-elle uniquement explicable par le d�sir des d�put�s de s�affranchir des tutorats des appareils au moment o� ils ont le sentiment qu�une p�riode historique est en voie d�ach�vement ? Au contraire, est-on simplement en pr�sence d�une ultime mise en sc�ne, destin�e � doter d�un semblant de cr�dibilit� un processus de r�formes d�nonc� de toutes parts ? A priori, l�on ne con�oit que difficilement la premi�re hypoth�se. Celle qui octroie, comme une r�v�lation de la derni�re heure, le scrupule de la conscience face aux graves d�fis que doit r�soudre la d�mocratie dans le pays. En effet, comment gommer le pass� d�une chambre de la claque, faite sur mesure, lorsqu�elle s�adonne � la col�re feinte ? Le spectacle est inhabituel et, par voie de cons�quence, sa sinc�rit� douteuse. On l�aura compris, ce qui se joue au Parlement n�est qu�agitation fac�tieuse sur le th�me des libert�s dont le commanditaire, �malmen� � en apparence, est le pouvoir lui-m�me ! La ficelle est us�e et ne dupe plus personne. Celle qui consiste � encourager, via les chefs organiques, des d�put�s-croupions afin qu�ils s�adonnent � la critique et alimentent une contradiction dans l�unique but de torpiller toute structuration autonome d�un interlocuteur hors institution. Celui qui se revendique du label de la soci�t� civile, que l�on interdit, par la force polici�re, de s�exprimer dans la rue et que craint avant tout le pouvoir. Qui peut croire, par cons�quent, un Parlement l�gendairement compromis lorsqu�il pr�tend agir au nom de la soci�t� et qu�il s�arroge la comp�tence d�interlocuteur pour conduire les r�formes. En r�f�rence � son extraction et ses d�faillances par le pass�, devait-il d�ailleurs �tre le destinataire exclusif des lois organiques ? En somme, l��chec de l�institution l�gislative est notoire pour �tre encore sollicit� et �consult� sur des projets aussi d�cisifs. L�opinion n�a plus besoin de longues explications pour se rendre compte que l�APN ne d�bat que sur commande. Et que le chahut actuel ne diff�re gu�re des man�uvres du pass� sauf que, cette fois-ci, il aborde les th�mes cruciaux qui ne devaient concerner que les futurs mandataires. Par la persistance de son compagnonnage, malgr� la crise brutale et quasi-violente qui a �branl� le pouvoir, l�institution l�gislative ne lui fournit pas seulement une bou�e de sauvetage, elle creuse �galement la tombe des courants politiques dont elle pr�tend promouvoir leur existence. Etonnamment, l��lecteur alg�rien a commenc� � se d�sint�resser de son acte civique au moment o�, non seulement, la fraude des urnes s�est institutionnalis�e mais surtout lorsqu�il a pu jauger et juger les �lus dans leur quotidien de mandataires. Sans qu�ils soient tous des �ripoux�, comme il se dit trivialement, la plupart se r�v�l�rent � lui comme de parfaits opportunistes avec, en moins, une solide culture politique. Ceci expliquant cela, si les derniers scrutins ont �t� sanctionn�s par l�abstention massive, sait-on que les bases militantes des partis sont d�sert�es pour les m�mes raisons. Or, si en Alg�rie la d�mocratie est en panne, la cause se trouve en grande partie dans la praxis d�une �lite pr�fabriqu�e � l��thique plus qu�improbable. Voil� pourquoi il ne semble pas excessif de qualifier ces pseudo-d�bats de mascarade mortelle � l�avenir. Car depuis quand demande-t-on � des mutants de la politique en voie d�extinction de dire ce que sera le futur de ce pays ?
B. H.

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