Actualit�s : AMIROUCHE ET SI EL HAOU�S
Pourquoi Boumedi�ne a s�questr� les d�pouilles (2re partie et fin)


Par Mohamed Ma�rfia (moudjahid)
-La peur r�gne. Le g�n�ral Challe recueille d�j� le fruit du travail de sape effectu� par Godard et...
-Houari Boumedi�ne, au moment o� tombe Amirouche, n�avait pas encore l�envergure qui sera la sienne un an et demi plus tard. Il n��tait pas en Tunisie...
-�Amirouche est mort, reste � tuer sa l�gende.� Deux hommes vont s�y employer, Godard et Boumedi�ne. Le premier par la calomnie, le second par...
La mort au bout du chemin

Pour rompre sa solitude, il prend l�initiative de convoquer une r�union des colonels de l�int�rieur. Elle se tient � Ouled Asker, sur les hauteurs de Taher. Il tente de faire partager ses certitudes, quant � la r�alit� du complot, aux autres chefs de wilaya. Elles sont diversement re�ues et pour l�un d�entre eux � Ali Kafi � avec incr�dulit�. Ce dernier a d�ailleurs refus� de se joindre � ses pairs. Il a consult� le GPRA et il en a re�u l�ordre de s�en tenir � l��cart. Il d�l�gue Lamine Kh�ne comme observateur. Le docteur Kh�ne �coute Amirouche. Il n�en croit pas ses oreilles. Il revient de la r�union perplexe. Les jeunes �tudiants qu�il a connus � l�universit�, pleins d�enthousiasme � l�id�e de rejoindre l�ALN, ont �t� ex�cut�s. On a trouv� des preuves compromettantes au bord d�un chemin ou dans les semelles d�un quelconque �vad�. Il rend compte de ce qu�il a entendu � Ouled Asker. Kafi, dont la conviction est arr�t�e depuis longtemps sur �le complot �, conseille la prudence et demande l�arr�t des ex�cutions. C�est une chance pour la Wilaya II d�avoir eu, au moment du grand doute, des chefs qui ont su faire confiance � leurs compagnons d�armes. Pour les chefs de la Wilaya II, quelle collusion peut bien exister entre un Messaoud Boudjeriou, chef de la zone III et l�ennemi jur� de l�ALN qu��tait le capitaine Rodier qui s�vissait � la ferme Am�ziane � Constantine ? Quelle affinit� y a-t-il entre le colonel Ducournau et Abdelkrim Fennouche et ses compagnons qui activaient dans les monts des Beni B�la�d et des Ouled Asker ? Quelle connivence peut exister entre Hamlaoui ou Abdelwahab Benyamina, h�ros du Fida � Constantine et le capitaine Chevallier qui torturait au camp Frey ? Le bon sens en Wilaya II l�a emport� sur les manipulations de Machiavel. La Wilaya II qui a conserv� ses moyens de transmission tire la sonnette d�alarme. Elle est entendue par Lakhdar Bentobal. H�las, Hadj Lakhdar, chef de la Wilaya I, ne se posera pas les m�mes questions lorsqu�il ordonnera l�arrestation, entre autres, de Abdelmajid Abdessmed, cibl� par une information venant de Mahiouz et transmise par cheikh Youssef Ya�laoui en personne, circonvenu par le m�me Mahiouz. Lorsqu�on sait que Abdessmed �tait l�homme qui avait repris le flambeau tomb� des mains de Abb�s Laghrour et qu�il avait fait de la zone 2 de la wilaya des Aur�s le tombeau de la l�gion, on comprendra pourquoi les services secrets fran�ais voulaient sa perte. Abdessmed arr�t�, la zone 2 entra en �bullition. Hadj Lakhdar fit marche arri�re. Abdessmed fut lib�r�. Il traversa la ligne Morice et alla exposer � Krim et � Boussouf les malheurs de la �bleu�te�. Boussouf, les BRQ de l�arm�e fran�aise sous les yeux, savait qui �tait le guerrier d�acier qui tapait sur la table devant lui. Le chef de la zone 2 temp�tait et exhibait ses blessures. C�est � partir de ce moment que Boussouf, Krim et Bentobal d�cid�rent que c�en �tait assez. Abdessmed retraversa la fronti�re et retourna au combat. Il rechercha d�sormais syst�matiquement la rencontre avec l�ennemi. Le premier d�cembre 1960, sur une cr�te au sommet de l�Aur�s, la mort fut au rendez-vous pour exaucer le v�u de si Abdelmajid. Jamais champ d�honneur ne m�rita mieux ces deux mots que le mont Ch�lia o� tomb�rent si Abdelmajid et ses compagnons. Les trois �B�, tant qu�il ne s�agissait que d� �assainir� les rangs de la r�volution, m�me au prix d�une h�catombe, n�ont pas boug�, mais d�s lors que leur pouvoir est menac� par la r�union de Ouled Asker, ils r�agissent. Apr�s le complot, dit �des colonels� de l�ext�rieur dont ils ne sont venus � bout qu�avec l�aide des Tunisiens, la ligue des colonels de l�int�rieur, ciment�e par les diatribes d�Amirouche, agit sur leur �piderme comme une douche glac�e. Ils tremblent mais ils s��brouent rapidement. Faute d�avoir pu envoyer en Wilaya III, quand il �tait temps encore, une commission d�enqu�te, ils mettent en demeure Amirouche de venir � Tunis. Au moment o� il va quitter sa wilaya, il n�est plus dans le m�me �tat d�esprit qu�au moment o� il a pris l�initiative de r�unir ses pairs � Ouled Asker. Sa wilaya est d�sarticul�e. La peur r�gne. Le g�n�ral Challe recueille d�j� le fruit du travail de sape effectu� par Godard et L�ger. Il ne sait pas ce qui l�attend quand il sera face � Krim qu�ont exc�d� ses initiatives. Pour la premi�re fois depuis qu�il a conquis le poste de chef de wilaya, il h�site sur ce qu�il faut faire. Cette h�sitation transpire dans les erreurs de jugement qu�il va commettre concernant l�itin�raire � prendre pour r�pondre aux convocations de plus en plus pressantes de Krim, transmises par le COM. La premi�re est du 25 janvier I958, transmise par le biais de la Wilaya II, re�ue le 16 f�vrier, la deuxi�me et la troisi�me sont re�ues les 18 et 23 f�vrier par le canal de la Wilaya I. L�accus� de r�ception sign� de la main d�Amirouche est du 1er mars 1959. Mansour Rahal, secr�taire g�n�ral de la Wilaya I, l�a pr�serv�. Il ne figurait pas parmi les documents qu�il a laiss�s � si Hassen Ouaouag, son successeur, ou � moi-m�me, quand il a quitt� le PC de la Wilaya I, en 1962. Mansour, mu par un noble sentiment, l�avait gard� comme une relique. C�est une pi�ce pour l�histoire. Il en fait �tat � la page 191 de son livre, Les maquisards. Elle y figure, r�duite, en fac-simil�. Depuis le retour bredouille de quelques katibas pourvoyeuses d�armes, malmen�es par le long trajet, ressassant des peurs r�trospectives, Amirouche est convaincu que le barrage fortifi� est devenu herm�tique. Il ne veut pas prendre le risque de passer par le Nord. Il ne sait pas que les unit�s de la base de l�Est, par la densit� de leur pr�sence, d�El Kala, au Nord, jusqu�� Louenza, au Sud (malgr� leur red�ploiement partiel vers l�Est, apr�s la bataille dite de Souk Ahras), leur connaissance du terrain, (ahlou Mekka�), leur pratique quotidienne de la ligne Morice, sont parfaitement en mesure de faire franchir le barrage � un petit groupe de combattants discrets. Leurs voltigeurs sont pass�s ma�tres dans la surveillance des mouvements de l�ennemi. Ils ont toujours pour mission de guider et de prot�ger les unit�s de l�ALN de passage. Il faut savoir que ce n��tait pas le transit de l�Alg�rie vers la Tunisie qui posait probl�me, mais l�inverse, lorsque le franchissement �tait d�tect� et que les op�rations de recherche �taient d�clench�es. Traverser la ligne, ponctuellement, �tait techniquement r�alisable. Rares ont �t� les accrochages, qui ont eu lieu dans le p�rim�tre fortifi�. L�approche d�Est en Ouest, vers la ligne Morice, � travers les for�ts des Beni Salah ou des Ouled B�chih a toujours �t�, � quelques rares exceptions pr�s, couronn�e de succ�s. Une fois pris en charge par les hommes du 2e bataillon de Abderrahmane Bensalem, ou ceux du premier bataillon de Chouichi La�ssani, l��l�ment aventur� jusque-l� avait toutes les chances de r�ussir son passage. En cas de malheur, la nature du terrain lui offrait la possibilit� de se replier. Lorsque Lakhdar Ouarti, futur colonel de l�ANP, � l��poque chef de section dans la katiba de Tayeb Djebar, d�ploy�e � l�Est de A�n Sennour (nous �tions dans la m�me unit�), avait fait passer Krim et Benkh�da, il avait organis� l�itin�raire m�ticuleusement, ne laissant rien au hasard. S�il est vrai que les conditions seront diff�rentes en mars 59, il n�en demeure pas moins que, pour un chef de wilaya comme Amirouche, le principe de pr�caution aurait �t� respect�. En mars 1959, la ligne Challe qui serrait au plus pr�s la fronti�re �tait encore dans les cartons (disons au passage que Challe commettra une erreur strat�gique de taille en faisant �difier cette ligne. L� ALN, le dos au mur, sera contrainte de s�adapter et de monter en puissance. Les 25 bataillons, les CLZ, les groupes d�artillerie, les Groupements tactiques (trois bataillons plus une CLZ), seront la cons�quence directe de la ligne Challe. Plus tard, lorsque les deux lignes (Morice et Challe) seront � 100% op�rationnelles (ann�es 1960, I961 et I962), les passeurs de la base de l�Est, ou ceux de la Wilaya I, r�ussiront � les faire franchir � ceux qui �taient pr�ts � leur faire confiance. Les moudjahidine de la zone nord, comme ceux de la zone sud, gardent en m�moire les franchissements r�ussis de Hidouche et de ses accompagnateurs, les hommes du commando de Slimane Laceu (et non l�assaut). Hidouche, que Khaled Nezzar a fait passer sans que Hidouche perde un seul homme, est mort � l�ouest de la ligne, handicap� par l�impr�paration de sa troupe et abandonn� par ses deux guides), les franchissements de Tahar Zbiri, Ali Kafi, Lamine Kh�ne, Ali Soua�, Mostapha Ben Noui et les va-et-vient de Hadj Abdelmajid Abdessmed et de tant d�autres. L�h�ro�que Mokrane A�t Mahdi, qui vient de nous quitter, a assist� au passage d�un millier d�hommes EN UNE SEULE NUIT (fin avril 1958). A�t Mahdi r�ussira � rejoindre la Wilaya III malgr� l��norme dispositif ennemi mis en place pour la bataille de Souk Ahras. Salem Giuilliano et son unit�, rescap�s de ces combats, resteront une ann�e enti�re � l�ouest du glacis fortifi�, se jouant des chausse-trappes dont il �tait truff�. D�s lors, une question s�impose : pourquoi Amirouche n�a pas emprunt� le passage par le nord-est ? En plus de la r�putation d�testable de ce glacis, avait-il aussi une pr�vention bloquante du c�t� de la Wilaya II depuis que son chef n�a pas voulu assister � la rencontre de Ouled Askar, trois mois auparavant ? Le chemin par la Wilaya II, pour qui veut se rendre dans la r�gion de Souk Ahras, �tait in�vitable. Peut-�tre bien. L�option de Oued-Souf lui co�tera la vie. Il veut �viter l�Aur�s et passer au sud de la zone 6, de la Wilaya I. Depuis que A�ssi Messaoud et ses �mules sont entr�s en r�bellion, les trav�es du grand massif chaouia sont devenus p�rilleuses. Ali Nmer, l�int�rimaire de Hadj Lakhdar Abid, est contraint de jouer les diplomates avec les dissidents tant ils sont nombreux, convaincus d�avoir raison et d�termin�s. Les mots dont ils usent sont des silex. Ils aiguisent les coutelas. Des vendettas nouvelles apparaissent, gigognes, barbouill�es de col�res gla�antes. C�est le Berb�re, dans sa totale ivresse, somptueux par ses alibis et inqui�tant par sa disposition nihiliste � mourir d�ent�tement. Tout ce qui exhale un relent de �nidham� est vou� � la mort. Comme le fera Hama Loulou plus tard et comme le fera aussi Hambli avant son coup de folie. Ces hommes qui luttent sur deux fronts (contre l�arm�e fran�aise et contre l�ALN en m�me temps) ne font aucun quartier. Beaucoup de jeunes maquisards originaires des Wilayas III et IV, membres de compagnies d�acheminement, paieront de leur vie de s��tre aventur�s l�, selon le principe de la loi du plus fort : �Si ce n�est pas toi, c�est ton fr�re !� Amirouche, depuis la mort de Laghrour et de ses compagnons, et le pr�jug� favorable dont il a fait b�n�ficier Mahmoud Ch�rif, devenu colonel puis membre du CCE, sans poss�der le seul titre nobiliaire � sortir de leurs rangs � que reconnaissent les guerriers chaouia, a concentr� sur sa personne des montagnes de vindictes. L�itin�raire de l�Aur�s lui a sembl�, � juste titre, impraticable. La solution Ahmed Ben Abderrazzak (El Haou�s) lui para�t la plus s�duisante. Il n�a pas pris en consid�ration la catastrophe que serait pour la r�volution la perte de deux chefs de wilaya, le m�me jour, en cas de mauvaise rencontre. Il a tenu compte de deux facteurs, essentiels � ses yeux et peut-�tre m�me d�un troisi�me : le signe de bon augure, puisque les deux colonels portent le m�me patronyme A�t Hamouda, dit Amirouche et Hamouda, dit Si El Haou�s. Le premier facteur est d�ordre politique. Il veut se pr�senter � Tunis avec le renfort d�El Haou�s pour augmenter le poids des revendications de �l�int�rieur�, dont il s�est �rig�, dangereusement pour son avenir � la t�te de la Wilaya III, chef de file et porte-parole. Pour ce qui est du massacre des maquisards par Mahiouz et les ali�n�s qui officient � ses c�t�s, il n�est plus s�r de rien. Malgr� les �preuves� dont il a rempli deux sacoches, que les hommes du 6e para r�cup�reront lorsqu�il sera tu�, il a des appr�hensions. Il soup�onne Ali Kafi d�avoir fait partager son incr�dulit� au GPRA. Le deuxi�me facteur est d�ordre pratique : la pr�sence personnelle � ses c�t�s du chef de la Wilaya VI lui assure, du moins en th�orie, les guides qui connaissent les bons raccourcis, les hommes de l�OCFLN qui savent qui est qui dans les contr�es qu�on traverse, et les endroits o� sont implant�s les postes militaires. El Haou�s est cens� avoir les relais o� tout est pr�par� pour les accueillir, les voltigeurs pour �clairer la route, et les moyens de communication. Tout cela est excellent, MAIS A CONDITION DE PASSER INAPER�U ! A travers ces espaces calcin�s, la moindre information chausse des bottes de sept lieues. Cette antichambre du Sud est encore soumise � la f�rule de grands f�odaux, bachaghas, ca�ds, grands de douars, oreilles grandes ouvertes des administrateurs des communes mixtes et des officiers SAS. (Au passage, consid�rations et respect � tous les ca�ds, � tous les notables qui sont rest�s dans l�administration fran�aise � la demande de l�ALN et qui ont servi avec abn�gation la r�volution). Des groupuscules MNA ont surv�cu aux coups que les unit�s des Wilaya III, IV et VI leur avaient ass�n�s. Les lunettes d�approche portent jusque dans les lointains, �la vue d�en haut� des redoutables avions d�observation �pipers� r�v�lent toutes les asp�rit�s du sol. La moindre gu�rite surveille des dizaines de kilom�tres carr�s. La plus petite op�ration militaire ratisse profond et large. Le maquisard habitu� au couvert protecteur de la for�t ressent une terrible impression de vuln�rabilit� dans ces territoires du vide. Amirouche, en s�y engageant, s�est dessaisi des atouts qui lui avaient permis de survivre � toutes les offensives des g�n�raux fran�ais, aux coups de main du commando noir, � la hargne du capitaine Grazziani exprim�e par la rodomontade qui lui co�tera la vie. Le natif de Mondovi, pour qui la guerre d�Alg�rie �tait une affaire personnelle, s��tait jur� �c�est lui, ou moi !�. Il n�a plus l�initiative des itin�raires, des changements de directions, des feintes, du choix des maisons de l�hospitalit�, des instruments de la discr�tion, de la fermet� morale et du courage � toute �preuve des hommes de l�escorte, de la dotation en munitions des armes collectives, des heures imparties � la progression de nuit, de la longueur des �tapes pour ne pas �tre surpris en rase campagne par le jour, de la pr�sence EFFECTIVE et de la fiabilit� des �l�ments de l�OCFLN charg�s de s�curiser le cercle mouvant de la progression, du dispositif � installer d�avance sur la cr�te au droit du bivouac au cas o�� Il s�en est remis aux hasards du chemin et au savoir-faire d�El Haou�s. Il va en mourir. Au matin du 28 mars 1959, les deux colonels sont encercl�s. Le combat s�engage, �pre, terrible, disproportionn�. Djebel Thameur culmine par deux monstrueuses molaires, l�une est haute de 1248m et l�autre culmine � 1120m. Elles ont, au c�ur des si�cles, d�vor� leurs propres flancs et les ont rejet�s en vomissures d��boulis. Les obus et les bombes les mettent en mouvement. Elles vont broyer leurs proies.
Amirouche et El Haou�s ont-ils �t� trahis ?

Le moudjahid Omar Ramdane, dans une contribution parue dans El Watan, le 10 mai 2010, a �voqu� les �v�nements qui se sont d�roul�s autour du djebel Thameur � la veille du 28 mars 1959. Il �crit en substance : �Nous avions envisag� d�attaquer la garnison de A�n El Melh�.. Pour ce faire, nous avions envoy� deux �claireurs en civil pour la reconnaissance des lieux. Arriv�s au petit village� ils ont vite �t� rep�r�s par deux harkis. Nos djounoud n�h�sit�rent pas � les abattre�. Cette action a pu conduire l�arm�e fran�aise � suspecter la pr�sence d�une unit� ALN � djebel Thameur qui est la montagne la plus proche de A�n El Melh�.�. Omar Ramdane a dit vrai, et c�est effectivement cette action qui a �t� l��l�ment d�clenchant du �ratissage� qui permettra � l�arm�e fran�aise d�avoir LE RECOUPEMENT DU RENSEIGNEMENT QU�ELLE AVAIT DEJA CONCERNANT LA PRESENCE DANS LA REGION DE GRANDS CHEFS DE L� ALN et de buter ensuite sur eux. Avant d�aller plus loin, il nous semble utile, pour la clarification de cette question du pi�ge o� serait tomb� Amirouche, d��voquer l��ventualit� d�une implication de Houari Boumedi�ne et de Bousssouf dans �le complot� dont le but serait d�emp�cher le chef de la Wilaya III d�atteindre la Tunisie pour �leur demander des comptes sur leur gestion et sur l�abandon de l�int�rieur�. Houari Boumedi�ne, au moment o� tombe Amirouche, n�avait pas encore l�envergure qui sera la sienne un an et demi plus tard. Il n��tait pas en Tunisie. Il n��tait pas partie prenante des petites querelles et des concurrences qui agitaient le GPRA. L�arm�e des fronti�res n�existait pas encore en tant que telle. Les grosses unit�s casern�es, pour partie, en territoire tunisien ob�issaient toujours � leurs anciens chefs. Pour ce qui est de la base de l�Est � Chouichi La�ssani, Abderramane Bensalem et Zine Nobel (lequel a succ�d� � Tahar Zbiri et � Moussa Houasnia). La zone V de la Wilaya I relevait de Mahmoud Guennez et ensuite de Lakhdar Belhadj. L�arm�e �des fronti�res�, structur�e en bataillons sup�rieurement arm�s, appuy�s par des CLZ (compagnies lourdes zonales), disciplin�s, ob�issant � l�EMG, n�avait pas encore vu le jour. C�est, pour le moins, commettre une grave erreur de chronologie et d�approche que d�en parler, d�s mars 1959. Il faut, � notre sens, �carter du dossier �Amirouche trahi�, la culpabilit� de Houari Boumedi�ne. Elle est bien improbable. Reste l��ventualit� d�une complicit� objective de Boussouf avec l�ennemi. Cela, les moudjahidine qui ont connu cette �poque sont en mesure d�avancer des arguments qui contredisent fondamentalement cette th�se. Sans recourir � des jugements de valeur concernant la vraie dimension du patriote Boussouf, disons � et c�est notre conviction � que m�me si Amirouche avait pu rejoindre la Tunisie, dans une disposition d�esprit belliqueuse, il n�aurait en rien inqui�t� les trois �B� qui �taient, en 1959, au z�nith de leur puissance. Face au triumvirat de fer qui dirigeait, de fait, le GPRA, quels auraient pu �tre, en Tunisie, les moyens du chef de la Wilaya III ? Comment aurait-il pu d�mettre des responsables qui ont toujours ass�n�, en dernier ressort, l�argument imparable du rapport de force ? Ceux qui ont connu Boussouf, Bentobal, et surtout Krim, savent quel �tait le poids de leur lourde main, lorsqu�elle s�abattait sur quelqu�un. Amirouche et El Haou�s sont donc encercl�s dans une r�gion d�nud�e par des forces consid�rables. Ils opposent une r�sistance farouche � leurs assaillants. Leurs munitions �puis�es, leur escorte d�cim�e, ils succombent. L�ennemi pavoise et exhibe les photos des deux martyrs. A travers tous les djebels d�Alg�rie, une tristesse incommensurable �treint les maquisards. Le si�ge du minist�re des Forces arm�es alg�riennes, boulevard Ferhat-Hached � Tunis, prend le deuil. Krim est effondr�. Son abattement transpire dans ses paroles et ses attitudes. Autour de lui on s�en rend compte et on l��vite tant son humeur est massacrante. Le GPRA se r�unit pour �valuer la situation. Une nouvelle �re commence en Wilaya III. La guerre continue. Un grand quotidien parisien, commentant l�issu du combat du djebel Thameur, �crira : �Amirouche est mort, reste � tuer sa l�gende.� Deux hommes vont s�y employer, Godard et Boumedi�ne. Le premier par la calomnie, le second par le silence. Faire le silence sur son nom pour l�effacer de la m�moire des hommes et l�interdire de tombeau pour l�effacer de la m�moire de la terre. Lorsqu�on aura tout dit sur Amirouche, le rouge et le noir, on reviendra immanquablement � un constat : le peuple n�a pas attendu les rubans, les palmes, les discours protocolaires et le marbre blanc, ces d�risoires hochets qui seront agit�s lorsque son corps sera retrouv�, pour lui d�cerner le seul honneur qui vaille : l�adulation. Il n�y a pas plus grande cons�cration. Il n�y a pas plus belle absolution.
M. M.

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