Sports : MOHAMED KACI-SAID (ANCIEN INTERNATIONAL) :
�On a �t� des rats de laboratoire�


C�est un v�ritable pav� dans la mare qu�ont lanc� r�cemment d�anciens internationaux qui ont r�v�l� au grand public que leurs enfants �taient n�s handicap�s par la faute de produits dopants qu�un m�decin russe leur aurait administr�s � l��poque o� ils �taient en activit� en s�lection. L�un d�eux, Mohamed Kaci-Sa�d, celui que l�on surnommait �le porteur d�eau de l�EN�, tant son activit� et son abattage �taient impressionnants, nous r�v�le les raisons de sa suspicion et de sa col�re.
Le Soir d�Alg�rie : O� en est votre affaire sur le dopage dont vous dites que vous avez �t� victime � votre insu ?
Mohamed Kaci-Sa�d :
Nous avons confi� le dossier � un avocat pour qu�une enqu�te soit ouverte sur notre cas.
Pourquoi avez-vous attendu trente ans avant de r�v�ler ce que vous avez v�cu comme athl�te de haut niveau ?

Tout simplement parce qu�il a fallu du temps pour se rendre compte des d�g�ts caus�s par des produits qui nous ont �t� impos�s � notre insu.
Sur un plan personnel, quelle est la nature des d�g�ts que vous avez subis ?

J�ai une fille de 26 ans, qui est n�e handicap�e. Elle souffre depuis son jeune �ge et nous avec elle. Elle est m�me arriv�e � nous dire qu�elle voulait mourir parce qu�elle pense qu�elle nous a trop fatigu�s, moi, sa m�re et son entourage familial. Quand vous �tes un p�re et que vous entendez ces propos, vous vous dites que c�est inacceptable et que c�est injuste de vivre une telle situation p�nible et insupportable !
Estimez-vous que l�on vous a sacrifi� pour le football comme l�ont titr� des confr�res de Canal + ?
Non, je ne suis pas d�accord, pour dire que l�on nous a sacrifi�s. Moi, je dis qu�on a d�fendu les couleurs nationales � fond, sans jamais tricher, mais on a �t� victimes � l��poque d�un pseudo-m�decin russe.
Ce m�decin a d�clar� qu�il ne vous avait prescrit que des vitamines�
La v�rit� c�est que, d�abord, il n��tait m�me pas m�decin. C��tait un biochimiste. Ensuite, dans ses d�clarations, il se contredit. A un journal, il avait d�clar� qu�il nous avait donn� des vitamines et un produit nourrissant provenant de Hollande. Ensuite, � une cha�ne de t�l�, il avait dit qu�il nous prescrivait de l��Alvitil� et un autre produit import� de Suisse, cette fois-ci.
Quelle �tait la nature de ces produits nourrissants ?

On l�ignore. Moi, ce que je sais, c�est que je peux vous donner autant de vitamine C et cela n�aura aucun effet pervers. Par contre, � l��poque, il y avait des joueurs qui en redemandaient de ces produits soi-disant nourrissants et qui �taient parfois en manque. Par cons�quent, ils �taient devenus d�pendants, et ce n��tait donc pas des vitamines pour avoir entra�n� une telle d�pendance.
Pour vous, ce m�decin russe �tait sans scrupules et puisait dans la pharmacop�e moderne sans se soucier de n�fastes cons�quences ?

Moi je doute de ses comp�tences, le jour de mon dernier match avec la s�lection au Maroc, suite � un contact avec un adversaire, je me suis �croul�. A ce moment-l�, il accourt, me verse un produit sur la jambe et me demande de me lever. Heureusement qu�un m�decin alg�rien �tait l� et a avait ordonn� mon �vacuation imm�diate vers l�h�pital o� on a diagnostiqu� une fracture du p�ron� qui a n�cessit� mon immobilisation pendant trois mois. Moi, je dis clairement aujourd�hui qu�on a �t� des rats de laboratoire sur lesquels on a exp�riment� des produits dont on ne connaissait pas les graves cons�quences.
Certains anciens internationaux comme Belloumi estiment qu�ils n�ont subi aucun pr�judice. Que leur dites-vous ?

Je leur dit tant mieux pour vous. Nous sommes diff�rents et chaque corps r�agit d�une mani�re diff�rente. Mais les faits sont l�. On est plusieurs � avoir eu des enfants handicap�s et nous sommes convaincus que ce sont les produits que l�on nous a administr�s qui en sont � l�origine.
Qu�est-ce qui vous permet d��tre aussi convaincu ?
Ce sont les conclusions d��minents sp�cialistes en m�decine sportive qui disent que c�est le prog�niture des athl�tes dop�s qui subit les effets n�gatifs de ces produits.
Que r�pondez-vous � ceux qui pr�tendent que vous avez bris� le silence pour avoir des indemnit�s financi�res ?

Je leur dit tout simplement que si j�avais � choisir entre la sant� de ma fille et poss�der la Banque mondiale, le FMI et la Sonatrach r�unis, je n�h�siterai pas un instant, ma fille est plus importante. La sant� n�a pas de prix et surtout quand il s�agit de celle de mes enfants.
Avec cette suspicion de dopage, ce sont les r�sultats de l�EN qui commencent � �tre remis en cause par certains...
Non, ceux qui disent cela se trompent de d�bat. Nous avons r�ussi de bons r�sultats parce que nous avons �t� bien form�s, notamment par de brillants anciens professionnels, comme Mekhloufi, Kermali et les autres. Nous �tions aussi une g�n�ration de joueurs tr�s dou�s. Moi-m�me alors que j��tais cod�, j�ai eu l�occasion de m�imposer chez les seniors, c�est vous dire que c�est notre talent qui nous a permis de briller et rien d�autre.
Les dirigeants de l��poque sont-ils responsables ?

Je crois qu�ils n��taient pas au courant. En tout cas, avec l�ouverture d�une enqu�te, ce sera � la justice de d�terminer les responsabilit�s de chacun.
Et vous, quel est votre souhait le plus cher ?
Que la v�rit� �clate au grand jour et que les futures g�n�rations ne subissent pas les terribles �preuves que nous avons v�cues au sein de nos familles, et pour qu�on puisse dire plus jamais �a.
Propos recueillis par H. B.

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