Monde : AFFAIRE KARACHI
L��tau se resserre sur Nicolas Sarkozy


De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
L�ann�e 2012 ne s�annonce pas toute tranquille pour le pr�sident sortant Nicolas Sarkozy. Son implication suppos�e dans la mise en place d�un circuit de commissions dans l�affaire Karachi remonte � la surface avec les derni�res r�v�lations du quotidien Lib�ration du lundi 2 janvier et qui ont r�ussi l�exploit d�occulter le contenu des v�ux de Sarkozy et de mettre en Une cette affaire non encore �lucid�e.
Les nouveaux �l�ments sur lesquels le journal s�appuie sont ceux contenus dans un proc�s- verbal d�audition du 2 d�cembre dernier devant le juge Renaud Van Ruymbeke en charge du volet financier de l�affaire Karachi. L�auditionn� n�est pas n�importe qui. Il s�agit de Gerard-Philippe Menayas, ancien haut fonctionnaire du minist�re de la D�fense et ancien directeur administratif et financier � la Direction des constructions navales, fournisseur des sous-marins Agosta au Pakistan. Qu�a dit ce tr�s haut responsable au juge ? Globalement que le pr�sident Sarkozy, alors ministre du Budget, aurait valid� un montage financier li� � des ventes d�armes au Pakistan. Mais ne s�arr�tant pas aux consid�rations g�n�rales, il pr�cise que �Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, avait donn� son accord en 1994 � la cr�ation de la soci�t� luxembourgeoise Heine�. Cette soci�t�, comme certaines autres cr��es la m�me ann�e dans d�autres paradis fiscaux, devait �tre utilis�e pour recevoir les commissions octroy�es � des interm�diaires, comme Ziad Takieddine, dans ce contrat d�armement. Entre 1995 et 1996, Heine a re�u 185 millions de francs de la Direction des constructions navales qui a fourni les sous-marins Agosta au Pakistan. Le montant du contrat qui s��levait � 5,5 milliards de francs, soit 826 millions d�euros, pr�voyait des commissions �quivalent � 10% de la vente. Si les commissions �taient l�gales � l��poque sur ce type de contrats, ce qui ne l��tait pas ce sont bien les r�tro-commissions (syst�me qui permet � celui qui vend une marchandise de r�cup�rer une partie des commissions qu�il a vers�es � un interm�diaire) et en l�occurrence dans cette affaire de Karachi, les juges en charge du dossier suspectent que des r�tro-commissions ont �t� utilis�es dans la campagne pr�sidentielle d�Edouard Balladur de 1995 et dont Sarkozy �tait le porte-parole. il faut rappeler que le 8 mai 2002, un attentat � Karachi, au Pakistan, a fait 14 morts, dont 11 Fran�ais de la Direction des constructions navales, en mission pour finaliser la mise en service des sous-marins vendus au Pakistan par la France. Si dans une premi�re phase l�enqu�te s��tait orient�e vers un attentat terroriste, tr�s vite, les juges ont commenc� � fouiller dans l�aspect financier du contrat des sous-marins. Aujourd�hui, il est av�r� que des commissions ont �t� vers�es au Franco-libanais Ziad Takieddine. Ce dernier, homme d�affaires sulfureux, interm�diaire dans ce dossier comme dans celui de la vente de fr�gates � l�Arabie saoudite et aussi dans les tractations avec la Libye pour la vente d�armes apr�s la lev�e de l�embargo militaire en 2004, aurait revers�, dans l�affaire de Karachi, mais pas seulement, une partie des commissions qu�il a re�ues, pour la campagne pr�sidentielle d�Edouard Balladur. Lorsque Chirac est arriv� au pouvoir, il a d�cid� de l�arr�t de ces commissions (l�gales jusqu�en 2000) et ce serait l�arr�t de ces commissions qui constituerait le mobile de l�attentat, venu en repr�sailles � cette fin de pots-de-vin bien juteux. C�est dire tout l�enjeu de cette enqu�te. Le juge charg� de l�affaire et qui serait, selon Lib�ration, en possession d�une note saisie dans les locaux de la Direction des constructions navales faisant �tat de l�accord de Sarkozy pour la cr�ation de Heine, aurait malgr� tout enrichi son audition par cette question � l�auditionn� : �Si je vous comprends bien, la mise en place de la structure Heine n�a donc pu se faire qu�avec le double accord des deux cabinets du ministre du Budget et celui de la D�fense, est-ce exact ?� La r�ponse a �t� on ne peut plus claire : �Oui. J�ai une exp�rience en la mati�re, ayant travaill� six ans � la direction du Tr�sor. Je n�imagine pas qu�une telle d�cision ait pu �tre prise sans l�aval du cabinet du ministre.� Voil� des d�clarations qui viennent perturber, pour le moins, le pr�sident Sarkozy, qui, jusqu�� pr�sent, d�clarait � qui voulait l�entendre qu�il n�avait rien � voir dans cette affaire et qu�il n��tait pas du tout cit� dans le dossier d�enqu�te.
K. B.-A.

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