Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE
Aboudjerra : loin de �l�alliance� mais proche de la sortie ?


Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr

Ainsi, le MSP vient de se d�lier du vieux consensus pr�sidentiel tout en maintenant ses ministres dans le gouvernement. A premi�re vue, la d�cision qu�il vient de prendre semble entach�e d�une certaine ambigu�t� que les rares explications donn�es n�ont ni clarifi�e ni lev�e totalement. Continuer � soutenir, dit-on, le programme de Bouteflika tout en refusant de si�ger, dor�navant, dans le c�nacle trans-partisan que lui seul avait adoub� au fil de ses mandats ne para�t pas frapp� du bon sens.
L�exercice, par ses futures cons�quences, risque fort d��tre p�rilleux pour ce courant islamiste dans la perspective des �lections. En effet, il lui faudra d�ployer des tr�sors de p�dagogie politique pour convaincre l��lectorat traditionnel qu�il demeure la meilleure alternative susceptible de porter sur les fonts baptismaux de la r�publique un projet taill� � l�identique sur les mod�les arabes actuels. Le conseil consultatif qui a pris la double d�cision de se d�marquer vigoureusement de l�alliance tout en �pargnant son g�niteur, Bouteflika, n�est-il pas en train d�esquisser les grandes lignes de ce que sera une transition paisible modul�e par le haut et certainement favorable � l�ensemble de la mouvance islamiste ? A travers ce grand �cart qui consiste � ne pas revendiquer une pr�sidentielle anticip�e tout en postulant pour le droit au leadership du gouvernement, Aboudjerra Soltani exprime une sorte d�ultimatum qui, pour lui, est la seule fa�on de sortir par le haut de l�actuelle panne des institutions. Le choix tactique du moment, tout autant que le pr�texte de l�escamotage des d�bats sur les lois organiques lui ont certainement fourni les ingr�dients justifiant une �s�paration�, qui n�est pas tout � fait un divorce politique consomm�. Sauf que ce repositionnement partisan comporte trop d�al�as pour le futur de ce parti lequel, d�ailleurs, est bien loin de ce qu�il fut du temps de son fondateur. Les observateurs de l��volution de la vie de nos partis sont tous d�avis pour constater que ce courant a gravement hypoth�qu� sa visibilit�, voire m�me perdu quelques bassins de voix �lectorales en l�espace de 8 ann�es (juin 2003) � la suite de la disparition de Nahnah. Et c�est, par cons�quent, de l��talonnage des actions du fondateur et de son successeur que doit se comprendre l��tat actuel d�un mouvement tiraill� par des luttes intestines et trop compromis par ses soutiens au pouvoir jusqu�� alt�rer son identit� id�ologique. Certes, il �tait �vident qu�en lui succ�dant, Aboudjerra n�h�ritait rien de Nahnah, aussi bien en termes d�historicit� qu�en subtilit� politique. Tout dans leur trajectoire respective les s�parait et cela allait se v�rifier rapidement au lendemain du congr�s du parti � l��t� 2003. D�sign� presque par d�faut et peut-�tre � la suite �d�amicales� injonctions venues d�ailleurs, Aboudjerra Soltani s�attela imm�diatement � faire de l�entrisme � sa mani�re. Partisan forcen� de la collaboration, il arrima solidement le MSP au socle du r�gime en contrepartie de certains privil�ges personnels. Se satisfaisant de la posture de ministre d�Etat, il se fera longtemps pi�g� au sein de la tro�ka et aura eu rarement l�occasion de critiquer la cuisine du r�gime. Partie prenante de la th�orie des quotas lors des scrutins, il a fini par ne faire de l�ex-Hamas qu�un appendice de l�Alliance. En somme, c��tait tout un h�ritage qui, progressivement, a �t� dilapid�. En effet, ce qui marquait fondamentalement la diff�rence entre Nahnah et Aboudjerra r�sidait dans le concept de �l�entrisme� et l�usage qu�en toute circonstance il doit en �tre fait. Le premier ne le consid�rait qu�un pis-aller tactique afin de louvoyer avec les oukases alors que le second le consacra comme finalit� du parti. D�ailleurs Nahnah n�a jamais d�sir� entrer personnellement dans les gouvernements successifs alors qu�Aboudjerra n�en �tait sorti qu�en 2009 et encore sur ordre de son madjliss �choura ! Aujourd�hui, c�est un MSP travers� par une crise d�identit� qui veut retrouver les fondamentaux de sa doctrine. Sa subtile �mancipation par rapport aux r�seaux partisans du pouvoir pr�figure �galement une prochaine purge au sein de ses instances dirigeantes auxquelles est imput�e la d�rive du compagnonnage. En son sein, les militants convaincus de la possibilit� pour les islamistes d�acc�der au pouvoir r�el seraient de plus en plus nombreux � soutenir cette nouvelle ligne de rupture qui vient de se dessiner. Pour ceux-l� s��loigner du FLN et du RND tout en renouant avec les v�ritables strates de l��lectorat religieux est �videmment imp�ratif m�me s�ils croient savoir que Bouteflika ne consid�re pas ce retrait comme un l�chage ou, pire, comme une outrance � son �gard. Certaines analyses ne parlent-elles pas � ce propos de bonne marge accord�e au chef de l�Etat afin de recomposer en profondeur un grand courant islamo-conservateur du type turc sur lequel il s�appuierait quand la r�forme constitutionnelle viendra dans le d�bat ? D�ici � ce que l�hypoth�se d�un encouragement venu d�en haut soit � l�origine de la d�saffection du MSP il y a s�rement quelques pr�cautions s�rieuses � prendre avant d�accr�diter le moindre indice. Cependant, dans tous les cas de figure, le chef de l�Etat ne devrait pas en faire une maladie politique. Il se pourrait m�me qu�il boive du petit lait apr�s cette d�cision. Seul ma�tre du jeu, il verrait, justement, beaucoup d�avantages � ce que le MSP retourne � sa tribu d�origine. Cela lui ouvrirait d�autres pistes pour les man�uvres d�cisives. Il est vrai qu�Aboudjerra Soltani commen�ait � devenir encombrant dans sa proximit� et contest� dans sa famille politique. Mais alors que ne dit-on pas qu�un putsch � double d�tente vient d�avoir lieu au MSP ? Celui d�imposer le retour aux racines et, dans le m�me temps, pousser vers la porte de sortie son leader.
Boubakeur Hamidechi

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