Chronique du jour : LES CHOSES DE LA VIE
Convoquez donc Bush et Olmert, M. le juge suisse !


Par Ma�mar FARAH
maamarfarah20@yahoo.fr

Malgr� ses �bonnes intentions � sur le papier et ses r�solutions illimit�es, je reste sceptique quant aux valeurs positives attribu�es � cette �communaut� internationale� si prompte � intervenir dans les affaires de nos pays et si peu curieuse d�en savoir plus sur les crimes des puissants. Quand certains philosophes occidentaux abordent la question de l�ing�rence, il n�y a rien � redire : tout y est explicit� au moindre d�tail juridique, tout y est teint� de cette philosophie humaniste qui puise ses racines dans les valeurs de libert�, de justice et de droit, valeurs cardinales de la d�mocratie.
L�imp�rialisme du XIXe si�cle est parti � la conqu�te de nos pays sous le couvert de ces m�mes valeurs mais, d�s qu�il y a mis les pieds, il a montr� son v�ritable visage. L�asservissement des peuples, l�injustice et le non-droit ont �t� les bases de la colonisation tourn�e essentiellement vers l�exploitation de nos richesses nationales et l�utilisation d�une main-d��uvre bon march�. Cet imp�rialisme a �volu� mais ses objectifs restent les m�mes. Jadis, il agissait pour nous imposer sa �civilisation�, aujourd�hui, il veut nous infliger sa �d�mocratie�, la meilleure au monde, sans se demander si nos peuples y sont pr�ts, si les conditions politiques, sociales et culturelles peuvent leur permettre d�en b�n�ficier sans risque de perdre leurs maigres acquis et leur si fragile s�curit� ! Car, quand on suit, par exemple, le cheminement de la d�mocratie fran�aise, on s�aper�oit de la douleur et de la lenteur de l�enfantement. Qu�il est long le chemin qui a men� les g�n�rations fran�aises successives de la Terreur � la 5e R�publique ! Et encore, tout n�est pas parfait ! Bien s�r, le caract�re d�mocratique des institutions est cens� pr�munir ces pays de toute d�rive autoritariste, mais les plus grands crimes contre les peuples, au cours des derni�res d�cennies, ne sont-ils pas l��uvre de r�gimes d�mocratiques ? L�Holocauste a �t� commis par le pouvoir nazi issu des urnes, les deux bombes qui ont ray� de la carte deux grandes villes japonaises ont �t� largu�es sur ordre du pr�sident du premier pays d�mocratique au monde, les massacres du 8 Mai 1945 se sont d�roul�s alors que la France renouait avec la libert� et la d�mocratie. La guerre la plus meurtri�re de ce d�but de si�cle a �t� ordonn�e par un fou parano�aque qui s�est cach� derri�re la d�mocratie pour d�truire la vie et installer la terreur en Irak. Il a �t� jusqu�� fabriquer de fausses preuves ! Ce n�est pas chez ces gens-l� que nous prendrions exemple ! Que la justice suisse convoque donc ces faussaires qui ont failli d�clencher la troisi�me guerre mondiale, ces tueurs d�enfants, ces tortionnaires d�Abou Ghrib ! Mais cette �justice internationale � est aveugle quand elle le veut ! Et puisque l�on peut juger les g�n�raux � partir de la Suisse et pour revenir aux �crimes contre l�humanit� commis par la France coloniale en Alg�rie, que l�on nous cite donc le nom d�un seul de ces officiers tortionnaires pr�sent�s un jour devant la justice d�un quelconque pays. En supposant que l�on puisse, un jour, en attraper un, il est certain que c�est toute la France unie qui s��l�vera contre cette forme inacceptable d�ing�rence. La justice suisse si libre r�pondrait-elle positivement aux plaintes des Palestiniens martyris�s depuis pr�s d�un si�cle par les extr�mistes sionistes ? Qui jugera les criminels de guerre av�r�s qui ont massacr� des enfants � Kana et � Beyrouth-Sud, transform�es en amas de pierres et de ferrailles ? Prendrait-elle au s�rieux les appels de citoyens nord-cor�ens qui lui demanderaient de convoquer un militaire de haut rang de leur pays ? C�est malheureux de le dire, mais c�est la bombe atomique qui prot�ge la Cor�e du Nord des ing�rences �trang�res, c�est-�-dire l� exactement o� le peuple a le plus besoin d�ing�rence pour sortir du cycle infernal famine-r�pression ! Les juges �trangers ont assez de travail chez eux pour venir faire le m�nage chez nous. Et de quel m�nage s�agit-il ? Un citoyen, victime de violences au cours de son incarc�ration apr�s l�arr�t du processus �lectoral de 1992, porte plainte en Suisse. Au cours d�un voyage dans ce pays, le g�n�ral Nezzar se fait coincer et doit se pr�senter devant la justice. D�abord, il faut savoir que le g�n�ral n�est pas incrimin� � titre personnel mais parce qu�il �tait � la t�te de l�arm�e � l��poque des faits. Faut-il rappeler que cette m�me arm�e, d�j� rudement mise � l��preuve par les �v�nements du 5 Octobre 1988, n��tait nullement pr�par�e � agir contre des Alg�riens, � l�int�rieur de nos fronti�res. Ensuite, est-il normal, dans un pays qui se respecte, que les forces arm�es restent les bras crois�s devant une situation qui d�g�n�rait rapidement et qui risquait de mettre en p�ril la survie m�me de la Nation ? Malheureusement, dans de tels cas, il y a toujours des actes incontr�l�s et incontr�lables, des exc�s dus � la tension du moment, aux passions exacerb�es� Mais cela, �videmment, ne justifie aucunement toute atteinte � l�int�grit� physique et morale des personnes. Nous �tions pratiquement au bord de la prise du pouvoir par des extr�mistes qui nous appelaient d�j� � changer d�habits et de nourriture, en attendant certainement de faire comme les Talibans : interdire la t�l�, br�ler les livres et demander aux femmes de rester � la maison ! Agir contre ce risque n��tait pas un ouvrage de broderie ! Ne pas agir, c��tait regarder sans broncher l�effritement d�un Etat, la d�confiture d�un pays, la ruine et la d�solation� Se cacher derri�re le �droit� est une attitude moralement respectable, mais ne rappelle-t-elle pas celle de ces �lites allemandes qui, face � la mont�e du p�ril hitl�rien, pensaient que la �l�galit� du scrutin ayant port� au pouvoir le dictateur �tait, en soi, un rempart contre la tyrannie ? Tout n�est pas simple dans la vie. Souvent, elle est faite de choix douloureux et, � d�faut de cette perfection inaccessible pour les mortels que nous sommes, nous avons malheureusement � choisir entre le mauvais et le moins mauvais. La lutte des patriotes, ici, est d�arracher chaque jour un peu plus de libert�, un peu plus de dignit�, un peu plus d��claircie dans les cieux surcharg�s de l�avenir de nos enfants. C�est pourquoi, il nous est fait obligation morale, patriotique, vitale j�allais dire, de ne pas nous ranger du c�t� de ceux qui ont clairement signifi� que la d�mocratie �tait �kofr�. Du c�t� de ceux qui, par la violence terroriste, les boucheries et le sabotage de l��conomie et des infrastructures, ont fait reculer le pays et le peuple de trente ann�es. Il fallait bien qu�une force organis�e s�y oppose. Au moment m�me o� j��cris ces lignes, des soldats de l�ANP sont aux premi�res lignes contre l�islamisme arm� ! Qui, en dehors de cette arm�e, peut le faire ? Si, aujourd�hui, nous avons besoin d�un juge �tranger, il aurait donc fallu appeler des arm�es �trang�res pour �viter le chaos � notre pays ! Ceci �tant, il faut aussi chercher � conna�tre la v�rit� sur les crimes attribu�s aux militaires, mener de v�ritables enqu�tes qui identifieraient les responsables et les pr�senter devant la justice. On l�a bien fait pour les soldats � la g�chette facile en Kabylie. Mais il faudra le faire dans un climat serein et pas pour de sordides calculs politiques li�s au prochain scrutin. Ou, plus grave, pour des feuilles de route �trang�res ! Une fois que l�on �tablira qu�aucun ordre de torture n�est venu du g�n�ral Khaled Nezzar ou de n�importe quel autre officier, on pourra alors juger tout �l�ment �incontr�lable � afin que de tels actes ne se reproduisent plus et que l�on ne touche plus � un seul cheveu (poil) de n�importe quel Alg�rien, barbu ou pas !
M. F.

P.S. : J�ai admis � et je m�en suis excus�, dans une interview � la Cha�ne III � que je n�avais pas vu juste en 1990 en �crivant qu�il ne fallait pas diaboliser le FIS. J��tais dans la m�me situation que les intellectuels allemands que je cite aujourd�hui.

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