
Culture : Le coup de bill’art du Soir Le charme discret du «travail socialiste»
Par Kader Bakou
Madjid et Hocine sont deux étudiants algériens en Union soviétique.
En cet an de grâce 1979, ils sont au début de l’année préparatoire dont
le programme consiste essentiellement en l’apprentissage de la langue
russe. Madjid et Hocine sont convoqués au bureau du Comandante,
c’est-à-dire le responsable du foyer des étudiants étrangers.
«Aujourd’hui, vous êtes de permanence. Voici votre mission, camarades
étudiants : vous devez peindre en blanc la première rangée des troncs
des arbres du parc de l’institut, là en face !» Les deux Algériens sont
un peu mécontents. «Nous sommes des étudiants pas des ouvriers»,
pensent- ils. Mais ils n’ont pas montré qu’ils rechignent à faire ce
travail de «prolétaires». Dans ce foyer, il y avait aussi une partie
réservée aux étudiantes russes. Chaque fois que l’une d’elles passait,
elle allaient vers les deux Algériens en train de peindre les tronc
d’arbres : «Bravo, les jeunes, vous qui êtes des étrangers, vous donnez
le bon exemple pour la jeunesse soviétique !» leur disaient-elles,
notamment. Madjid et Hocine retournent au bureau du Comandante :
«Camarade Comandante, nous avons accompli notre mission. Mais nous
voudrions avoir votre permission pour peindre l’ensemble des arbres du
parc.» Le Comandante accepta volontiers, agréablement surpris par
«l’enthousiasme révolutionnaire» de ces étudiants algériens. En réalité,
cette «enthousiasme» n’avait rien avoir avec le marxisme ou le
léninisme. Hocine et Madjid sont, tout simplement, tombés sous le charme
de la beauté slave chantée par Gilbert Becaud dans Nathalie, Julio
Iglesias ( Nostalgie) ou Chris de Burgh dans Moonlight and vodka.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
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