Actualit�s : HOMMAGE
Aziz Rahmani, un Alg�rien dans l�espace


Il a fait le tour du monde. Enfin presque ! Et de ce bas monde, il a fait le tour de la question. Ne lui restait que de r�aliser un r�ve. Un r�ve de l�enfant qu�il �tait � 70 ans. Adepte de Picasso, il a fait sienne la philosophie de l�artiste : �Il faut beaucoup de temps pour devenir jeune.�
Il investira alors, ses milliards� d�id�es pour r�aliser ce qu�il appelle �le voyage de ma vie�. Il traversa les fronti�res de la wilaya de Constantine jusqu�� A�n M�lila, laquelle comme Ba�konour, allait lui servir de rampe de lancement, pour �son� voyage dans l�espace. L�-bas, il subira les tests d�usage et il fut, lui, le roi de la petite reine, retenu � l�insu de son plein gr�, comme il aimait en plaisanter. Les tests m�dicaux effectu�s par d��minents sp�cialistes le pla�aient en pole position pour cette �ni�me aventure qu�il ne rechignait pas � effectuer. Koh Lanta � c�t�, c��tait de la rigolade ! Une seule chose l�intriguait, lui qui savait plus que quiconque que l�habit ne faisait pas le moine : la combinaison de spationaute immacul�e, mais dont la forme ne permettait, selon lui, ni d�atterrir ni d�amerrir et encore moins d�alunir. Peu grincheux, il fera contre mauvais go�t, bon alibi, et se laisse enfiler �la chose�. Le lancement fut plusieurs fois retard� pour cause de mauvaise m�t�o et c�est donc mercredi dernier que le ciel fit gr�ce de sa cl�mence et mit tous les voyants au vert pour autoriser le grand d�part. Le d�compte �tabli avec une pr�cision d�horloge suisse, il sera au rendez-vous, comme jamais il ne l�avait �t� auparavant. Le d�collage se fera dans les temps requis, cr�ant l�admiration des techniciens devant tant de courage et de d�termination. En quittant l�atmosph�re, son regard s�attarda sur tant et tant de satellites qui gravitaient autour de la Terre. Il s�est m�me laiss� prendre � croire qu�il refaisait le chemin inverse en passant par la c�l�bre ferraille de Guettar El A�ch � quelques encablures de sa maison. Il s�est d�ailleurs retrouv� � guetter Far�s son fils et sa moiti� qu�il appelait affectueusement Guermia. Mais ce n��tait qu�une impression ! Arriv� l� o� le carburant lui permettait de finir son voyage, il vit un village comme ceux qu�on voit sur les jeux vid�o. Un lieu presque virtuel, o� �les autochtones� �voluaient en apesanteur. Il fit un tour de reconnaissance, trouva ses rep�res et tel John Wayne, fracassa la porte � double battant du �Paradise�, bond� de monde. Et pour s�annoncer comme lui seul sait le faire, il d�clamera : �Vous connaissez la derni�re ?� Devant tant de personnes et personnages �bahis, il r�pondra sans laisser de temps � quiconque de r�agir : �C�est un dernier, et c�est moi !� De la foule hilare, il reconna�tra le gloussement saccad� de Salim Mosbah, aupr�s duquel il s�attablera. Les pr�sentations furent tr�s vite faites. Il y avait Kateb Yacine, Karl Marx et Staline qui refaisaient le monde. Suspicieux, alerte et averti, il ne comprenait pas comment Staline pouvait parler de la r�volution d�Octobre alors qu�il �tait mort avant 88 ! Comme d�ailleurs, quelques ann�es plus t�t, il cherchait o� �tait le pi�ge quand il d�couvrit que les �tats-Unis faisaient partie de l�OTAN !!! Salim Mosbah, quelque peu intrigu� par le �d�barquement� de son compagnon de route, osera la question fatidique : �On ne t�attendait pas de sit�t, pourquoi tu es l� ?� Notre spationaute lui r�pondra sans h�sitation : �Nous sommes en 2012 au cas o� tu l�aurais oubli�, et je suis en mission journalistique pour faire des avant-papiers sur les visites officielles annonc�es de nos gouvernants et couvrir en m�me temps une rencontre au sommet de la Ligue arabe. D�ailleurs, Kadhafi est d�j� l�, Ben Ali et Moubarak ne vont pas tarder, Saleh et El Assad sont sur la liste d�attente et je ne te parle pas de la vedette de ce sommet. � Salim Mosbah glisse un mot � l�oreille de Kateb Yacine, et c�est ainsi que derri�re un �cran de fum�e d�boula Issiakhem en col�re : �C�est pas ici que �a se passe, il faut aller en face et sans accr�ditation. En face du �Paradise� il y avait �Le C�leste� ! D�formation professionnelle ou sens du devoir aiguis�, il ne se fit pas prier pour d�florer l�en face. Grosse stup�faction : Hitler, la Torah � la main, conversait avec Ben Laden buvant des passages de la Bible �Une ga�da� trop s�rieuse pour notre spationaute qui lan�a une boutade � la troisi�me occupante de la table. D�une tape dans le dos, il apostropha Golda Meir �Alors �a gaze !� et s�en alla dans un fou rire, qui le fit imm�diatement rejoindre �Le Paradise� o� le sens de l�humour est plus color�. D�ailleurs, il y fera une rencontre qui le laissera coi. Eh, oui ! comme quoi il ne faut pas d�sesp�rer. Steve Jobs himself l�initiera � internet et lui ouvrira un compte Facebook sur Skynews, il se fera plein d�amis ; son p�re, sa m�re, ses fr�res et s�urs, ses amis,� avec lesquels il a appris � tchater et r�appris � communiquer. Il a r�cup�r� le retard et appris � dire tous les �je t�aime� qu�il avait omis, voire n�glig� de dire. D�ailleurs, depuis jeudi, au cimeti�re d�El- Khroub, Aziz Rahmani, cruciverbiste av�r� et verbicruciste de talent, laissait deux d�finitions et des cases � remplir : la premi�re, en onze lettres ! �Pied-de-nez � la vie�, la seconde en dix lettres �leurs larmes ne valent pas leur cuir�. Sur la grille, la lettre �C� de renaissance en verticale correspondait � �crocodiles� en horizontale. Tout cela pour dire que les reptiliens vivent � l�horizontale et que Aziz voyage � la verticale. A mon ami, mon ma�tre, celui qui m�a fait d�couvrir et int�grer la presse, plus qu�un hommage, je dis simplement : dommage que tu partes sit�t ! Connaissant ton humour, je suis certain que dans le cimeti�re o� tu es, tes voisins doivent se dire que tu �tombes� bien ! Depuis jeudi, la mort n�est plus ce qu�elle �tait. Place aux pleureuses !!!!
Chaouki Mechakra, journaliste

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