Culture : BEIHDJA RAHAL SORT SON NOUVEL ALBUM
La nostalgie de la Grenade perdue


Que voil� un moment de pur bonheur pour les m�lomanes : une nouba hsine interpr�t�e par Beihdja Rahal, la diva de la musique andalouse. Le CD tant attendu vient tout juste d��tre �dit� par Belda et, disons-le, il s�agit d�un produit de bonne facture qui comblera les plus exigeants.
A l�occasion de la sortie de ce huiti�me album titr� Nouba Hsine, la chanteuse a donn� une conf�rence de presse � la salle El- Mouggar, � Alger. C��tait le mercredi sous l'�gide de l�ONCI. Lors de cette rencontre, elle a pr�cis� que, contrairement � ses trois premiers albums enregistr�s d�abord en France, les suivants ont tous �t� �dit�s en Alg�rie. �Car, ajoute Beihdja Rahal, ma priorit� reste l�Alg�rie. Ce n�est qu�une � deux ann�es apr�s que le produit sort sur le march� europ�en. Surtout que, ici, j�ai le studio d�enregistrement qu�il faut, l�ing�nieur du son qu�il faut.� Compos� de 10 titres (pour une dur�e totale de 79 mn 07s), le pr�sent CD est enrichi du texte de la nouba, en arabe et en fran�ais (les traductions de la po�sie sont sign�es Sa�dane Benbabaali). Autre nouveaut� : la photo et le nom de chaque musicien figurent dans cet opus. �Nous sommes neuf sur sc�ne, explique Beihdja Rahal. Et comme c�est le m�me orchestre qui m�accompagne depuis plusieurs ann�es, les photos contenues dans l�album permettront au public de mieux conna�tre le visage de chacun des musiciens.� Quant � la nouba ici interpr�t�e, elle comporte une dlidla in�dite : la dlidla djarkade Lel�hbib echted ghrami. Il y a aussi, �l�ment notoire, l� istikhbar �raq (une nouveaut�) de Tamourou al-layali. Pour Beihdja Rahal, la dlidla �est surtout l� pour embellir, elle est comme le mouvement insiraf�. C�est le morceau intitul� Assafi �la ma madha (un inqilab djarka) qui d�bute cette nouba hsine. La cantatrice y �voque Grenade, le royaume musulman d�Espagne (1235-1492) qu�ont c�l�br� les po�tes nostalgiques. �Grande est ma peine pour une �poque d�sormais r�volue...� Dans cette introduction, Beihdja Rahal chante l�Andalousie et le pays perdu, Grenade �la cit� des r�jouissances �, l�amour, les fleurs des beaux jardins... Les feux de la passion consument l�amoureux transi ( �Y a mouqabil kif al-amal� en msaddar hsine) et sa patience est � bout ( B�ha istibari en mode insiraf hsine) ; et puis, enfin, apr�s avoir endur� toutes les peines du c�ur et les souffrances, �les pactes sont renou�s� et le bonheur retrouv� dans le dixi�me et dernier morceau intitul� Saltak y a bad� echabab ( khlass hsine). Tout cela magnifiquement interpr�t� par la chanteuse accompagn�e de sa kouitra et de son orchestre. Elle a d�ailleurs raison d�affirmer, sans fausse modestie aucune : �Ce qui est particulier ici, c�est ma voix, c�est mon interpr�tation personnelle de la nouba. Dans cet album, je n�ai rien cr�� ni invent�, j�ai seulement interverti et chang� de texte.� Et de rappeler que les 12 noubas qui existent ne sont que des vestiges de la transmission orale, dont trois modes sont incomplets. Aussi, le travail prioritaire de Beihdja Rahal reste l�enregistrement de ces noubas, dit-elle. Et selon les canons de l��cole Sana� d�Alger. Cela l�am�ne � �voquer la question de la pr�servation de ce patrimoine, celle de la rel�ve. �Un tel patrimoine ne peut pas dispara�tre car, depuis la chute de Grenade, la musique andalouse existe toujours�, souligne-t-elle. Mieux encore : �La rel�ve existe, il y a des jeunes qui chantent l�andalou.� Evoquant son exp�rience personnelle dans le cadre de la transmission du savoir aux jeunes g�n�rations, elle pr�cise : �A Paris, j�enseigne aux jeunes �l�ves depuis douze ans d�j�. J�enseigne �galement � des adultes et des seniors depuis cinq ans, mais pour eux cela ne reste qu�un loisir contrairement aux enfants et aux jeunes. Et comme il existe une forte communaut� maghr�bine en France, avec un groupe d�amis nous avons cr�� une association d�nomm�e Rythmharmonie. Avec les �l�ves de l�association, nous avons d�ailleurs programm� un spectacle de fin d�ann�e. Ce sera le 26 juin prochain au Centre culturel alg�rien. � Beihdja Rahal anime �galement des master class � Nancy, une fois par semaine. La rel�ve est donc assur�e pour ce qui la concerne. Elle fait son travail, mais... en France ! Et l�Alg�rie dans tout cela ? Elle-m�me se pose la question : �Oui, pourquoi ne pas le faire en Alg�rie ? Par exemple des master class une � deux fois par mois, des ateliers de musique que je pourrai animer gracieusement... Malheureusement, je n�ai pas encore re�u un avis favorable jusqu�� maintenant bien que ma priorit� reste mon pays.� Quoi qu�il en soit, le nom de la chanteuse est devenu incontournable dans la musique andalouse. En Europe m�me, ses concerts sont � chaque fois un succ�s et elle fait salle comble. Elle se produira d�ailleurs prochainement � l�Institut du monde arabe � Paris, le 23 mars, et � Berne, en Suisse, le 19 avril. Quant � nos m�lomanes, ils ont l�occasion de s�offrir son nouvel album.
Hocine T.



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