Actualit�s : GAZODUC ALG�RIE-ITALIE
Les r�v�lations de Saipem


La soci�t� italienne d��nergie, Saipem, vient de publier les r�sultats de ses activit�s en 2011 en jetant un pav� dans la mare. Dans son bilan annuel, Saipem place dans ses perspectives de 2012, le projet Galsi (gazoduc reliant El Kala � la Sardaigne en Italie), dont le contrat est susceptible d��tre arrach� par la soci�t�.
Cette affirmation de Saipem met un terme � la sp�culation qui a entour� l��ventualit� d�abandon du projet en question et remet en cause le statut de cette soci�t� en Alg�rie, o� elle est poursuivie en justice dans le cadre du proc�s de l�ancien P-dg de Sonatrach.
Dix ans d�h�sitation
Galsi est l�appellation attribu�e � la soci�t� alg�ro-italienne charg�e de la mise en �uvre du projet du gazoduc qui devra relier El Kala (wilaya de Tarf) � Cagliari en Sardaigne, avec une capacit� de 8 milliards de m�tres cubes de gaz. Le projet Galsi, estim� � quelque 3 milliards de dollars, est susceptible de s�curiser les approvisionnements italiens en gaz naturel. Ce projet a aussi une histoire qui dure depuis plus d�une d�cennie avec toutes les controverses que l�on peut imaginer. Cr��e le 29 janvier 2003 � Milan, en Italie, avec un niveau de participation de Sonatrach � hauteur de 36 %, la soci�t� Galsi doit r�aliser le gazoduc strat�gique sur une longueur de pr�s de 900 km, dont 600 environ en offshore, et pos� sur une profondeur allant jusqu'� 2 885 m�tres entre l'Alg�rie et la Sardaigne. On dit qu�il serait le gazoduc le plus profond jamais r�alis� � ce jour. Un d�fi majeur au plan de la technologie et de l'ing�nierie. Le protocole d�accord de ce projet a �t� sign� en 2001, entre Sonatrach et des soci�t�s italiennes du secteur de l��nergie. Plus tard, la R�gion de Sardaigne fait son entr�e dans l'actionnariat � travers ses filiales Sfirs et Progemisa. Il aura fallu trois ans (2003- 2006) pour la r�alisation des �tudes de faisabilit� technico- �conomique et juridique et surtout celles relatives � l'impact environnemental � cher aux italiens �. Ce qui n��tait qu�une simple id�e � d�velopper devient, au terme de ces �tudes, un projet strat�gique dans les relations �nerg�tiques entre l�Alg�rie et l�Italie. En d�cembre 2006, les actionnaires de Galsi proc�dent � une augmentation de capital de 30 millions d'euros afin de permettre la promotion du projet. Chakib Khelil, alors ministre de l�Energie, place Mohamed Yousfi comme joker alg�rien dans la partie avec les partenaires italiens. Ce cadre de Sonatrach fut directeur de la planification de la recherche et de l'organisation de 1996 � 2002 et conseiller du vice-pr�sident de Sonatrach pour les activit�s de d�veloppement entre 2003 et 2004. En 2005, il a �t� nomm� directeur de la division Business Development de Sonatrach o� il a dirig� des projets de d�veloppement majeurs li�s � la nouvelle infrastructure de transport supervisant les projets Medgaz et Galsi. Aussit�t, Galsi a entam� la phase d'ing�nierie de d�tail du projet FEED (Front End Engineering Design qui fournit les informations de base pour passer � la phase suivante : ing�nierie de d�tail, achat de mat�riel, installation et construction) en plus des investigations sous-marines d�taill�es (DMS). 18 mois plus tard, soit le 7 novembre 2007, les soci�t�s Snam Rete Gas et Galsi signent un protocole d'accord (m�morandum of understanding ou MOU) portant sur la r�alisation du tron�on italien du gazoduc. Aux termes de cet accord, Snam Rete Gas devrait se charger de la r�alisation et de l'exploitation du tron�on italien du gazoduc. Trois jours plus tard, les Premiers ministres alg�rien et italien signent un accord bilat�ral intergouvernemental afin de sanctionner et d'�tablir leurs engagements respectifs en vue de la r�alisation du gazoduc Galsi En 2009, Galsi termine l�ing�nierie de base et de d�tail du projet (FEED) et d�veloppe des �tudes environnementales compl�mentaires. A l�issue de cette phase, Sonatrach venait d�essuyer les revers de la gestion du couple Meziane-Feghouli. Affaibli, Chakib affichait un profil bas et �vitait tout contact avec les partenaires italiens en raison notamment de l�implication de Saipem dans le scandale de Sonatrach. Fra�chement install� � la t�te de Sonatrach, Noureddine Cherouati effectue un recentrage des �quilibres. Il d�fend � fond les int�r�ts de Sonatrach, mais manipule surtout, en fin strat�ge, les cartes pour les �quilibres �nerg�tiques en Italie. Les Russes ne manquaient pas d�afficher leur int�r�t pour le march� italien et Gazprom projetait un passage de gazoduc sur le territoire de ce pays. En parall�le, Sarkozy promettait aux Corses une alimentation en gaz � partir du gazoduc Galsi. Du c�t� alg�rien, il fallait agir tr�s rapidement et continuer � int�resser les partenaires afin de repousser la menace russe. Au moment o� les �tudes n��taient m�me pas r�alis�es � 100 %, les sp�culations les plus folles animaient le sujet Galsi. Les contradictions fusaient de partout durant l�ann�e 2010. Cherouati tentait de rassurer tout le monde en affirmant que les �tudes �taient en cours et que sans leurs conclusions, rien ne serait d�cid�. Ahmed Ouyahia avait, pour sa part, pr�par� une communication au S�nat. Mais, il n�a pas eu l�occasion de s�exprimer sur le sujet. Pour sa part, le ministre de l�Energie, Youcef Yousfi, a toujours soigneusement �vit� le sujet, se contentant de g�n�ralit�s. Mais, �trangement, c�est le P-dg de Sonelgaz qui aura � exprimer sur la viabilit� du projet. Lors du Conseil mondial de l��nergie, tenu � Oran en novembre dernier, Noureddine Bouterfa a laiss� entendre que le projet Galsi sera d�velopp� au moment �o� il sera �conomiquement viable�. �Si un projet n�est pas �conomiquement viable, il n�aura aucune chance d��tre mis sur les rails. Mais le Galsi va voir le jour notamment avec ce qu�on vient d�entendre sur les besoins en gaz de l�Europe, c�est favorable pour le Galsi�, a ajout� le patron de Sonelgaz. Cette d�claration de Noureddine Bouterfa intervenait au moment o� des informations rapport�es par la presse internationale, faisaient �tat d�un �ventuel retard ou carr�ment du gel du projet. Depuis lors, aucune d�claration officielle n�a �t� enregistr�e du c�t� alg�rien. D�o� l�importance de cette r�v�lation de Saipem qui a inclus Galsi dans la priorit� de ses pr�visions pour l�ann�e 2012. Les Italiens semblent donc convaincus que la r�alisation du gazoduc sera entam�e cette ann�e et qu�ils ont des chances de remporter le march�.
Saipem : un sulfureux parcours
Avant le scandale qui a �clabouss� l�ex-P-dg de Sonatrach, Meziane, et ses enfants, Saipem mettait toujours au premier plan ses bonnes relations avec l�entreprise p�troli�re alg�rienne, relations dont la gen�se remonte � l�ann�e1968. Mais ces rapports allaient se d�t�riorer en 2009 � cause du projet GK3 qui a �norm�ment affect� l�image de Sonatrach et de son ancien ministre de tutelle. Consid�r� comme l�un des pipelines les plus chers au monde, GK3 a �t� �valu� � pr�s de 2 millions de dollars le kilom�tre lin�aire. Et Sonatrach consid�re aujourd�hui que le pr�judice caus� par la gestion de Meziane est estim� � 25,262 milliards de dinars. En revanche, le PDG Zerguine et son ministre Youcef Yousfi �vitent de situer toutes les responsabilit�s dans cette affaire. Lors des n�gociations sur le contrat de GK3, la partie alg�rienne a sollicit� une revue � la baisse des prix propos�s par Saipem. Tout au long de ces n�gociations, le ministre de l�Energie �tait inform� et la presse alg�rienne a m�me publi� des documents qui prouvent que certaines d�cisions �taient prises par, directement et personnellement, Chakib Khelil. Saipem a quand m�me continu� � r�aliser ce projet, car il a �t� avanc� comme argument l�int�r�t strat�gique du pays et que tout retard dans la r�alisation du gazoduc GK3 allait compromettre certaines r�alisations. Ce projet, qui devra �tre mis en service en 2012 sur le tron�on Hassi R�Mel � Skikda � El Kala, est destin� � assurer l�approvisionnement de la centrale �lectrique de Koudiet Eddraouch et du nouveau train GNL de Skikda (GL2K). Du coup, Saipem a b�n�fici� d�une p�riode probatoire tout en restant sous le coup d�une interdiction de passation de march�s publics en Alg�rie. Dans son bilan de 2010, Saipem d�clarait que l�Alg�rie repr�sentait pr�s de 5% du chiffre d�affaires du groupe et que ces chiffres allaient baisser en raison des scandales qui ont entach� la soci�t�. La sanction s�est faite sentir davantage quand les partenaires �trangers de Sonatrach ont d�cid� de black-lister Saipem. De toute �vidence, cette soci�t� est aujourd�hui presque assur�e de remporter le march� de la r�alisation du gazoduc reliant l�Alg�rie � l�Italie. Un expert tente d�expliquer la parade par le fait que le ma�tre d��uvre, Galsi, est install� � Milan et donc g�r� par les lois italiennes en mati�re de passation de march�. En outre, ajoute-t-il, la part actuelle de Sonatrach dans la soci�t� est de l�ordre de 41,6%, donc minoritaire en cas de vote pour la s�lection de l�entreprise qui devra r�aliser le projet en question.
Salem Khater

Fiche technique du projet Galsi
* CAPACITE :
8 milliards de m�tres cubes par an
* TRONCON Hassi R'mel - El Kala Longueur : 640 Km.
* TRONCON : El Kala - Cagliarie SARDAIGNE
* LONGUEUR DU TRACE : 285 km
* PROFONDEUR MAXIMUM : 2824 m
* DIAMETRE DU TUBE : 26 pouces (66 cm)

TRONCON TERRESTRE EN SARDAIGNE
* LONGUEUR DU TRACE :
272 km
* TRONCON SARDAIGNE � TOSCANE
* LONGUEUR DU TRACE : 280 km
* PROFONDEUR MAXIMUM : 878 m

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