
Voxpopuli : 50e ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE 24 Février 1971 : un acte d'indépendance énergétique
Début de l'année 1971, date à laquelle l'Algérie adopte une stratégie offensive par la mise en œuvre de nouvelles formes d'intervention sur les marchés énergétiques internationaux. Mesure nécessaire, compte tenu de sa forte capacité d'absorption des revenus pétroliers injectés dans ses programmes pluriannuels de développement. J’avais alors 24 ans. Intéressé par un poste de travail dans le Grand Sud algérien, je postule à un emploi auprès de la société algérienne Alfor sise place Bir Hakeim, El- Biar, Alger, spécialisée dans le forage de puits avec du matériel américain, ultra-performant du type «OilWell». Convoqué pour un entretien qui s'est avéré concluant, je fus engagé en qualité de secrétaire administratif avec poste de travail à Hassi-Messaoud. En cas d'absence des secrétaires de chantier des plateformes de forage, pour maladie ou congé de récupération, je pourvoyais à leur remplacement. Les chantiers de forage implantés à travers les oasis et la Saoura, distants jusqu'à 1 000 km de Hassi-Messaoud, étaient véritablement des chantiers immenses. Au début des années 1970, l'Algérie donne une impulsion nouvelle à la politique énergétique de l'Opep. La nationalisation n'est pas seulement une décision prise dans un souci économique mais aussi une décision hautement politique destinée à réveiller de la torpeur des nations du Tiers-Monde. Le 24 Février 1971, notre pays annonce à la face du monde qu'il nationalise à 51% la production de pétrole et à 100% celle du gaz naturel. Cette décision courageuse revêt une importance capitale qui va au-delà du cadre du marché pétrolier mondial. Depuis 1970, les trois révolutions (industrielle, agraire et culturelle), au centre des préoccupations, exigent une course contre la montre par la mise en œuvre des programmes à long et moyen terme, de développement économique et social tous azimuts. Conscient du danger que présente le tarissement des richesses fossiles, l'industrialisation et l'agriculture viendraient pallier l'après-pétrole et nous mettre à l'abri d'une éventuelle décadence après l'âge d'or de la rente pétrolière. L’Algérie chef de file des pays de l'Opep qui ont suivi sa voie, – notamment le Venezuela – dans l'intégration des ressources naturelles du pays à l'économie nationale. Le 24 Février 1971 demeurera à tous jamais une date historique. A la création de l'Opep en 1960, le ministre vénézuélien, Juan Pablo Perez Alfonso, membre fondateur proclamait : «Nous sommes en train de faire l'histoire.» L’Algérie a marqué de son empreinte l'histoire de l'Opep. La communauté internationale, regroupant les grandes nations occidentales consommatrices, ne prit conscience du rôle déterminant de l'Algérie au sein de cette organisation qu'en octobre 1973 avec le nouveau combat pour la révision radicale et sans concession des rapports producteurs consommateurs. Le 24 Février 1971 fut aussi une journée de fête pour nous pétroliers à l'époque et de tout le peuple algérien. Nous l'avons fêtée dans la ferveur et l'enthousiasme, chacun au sein de sa base de vie (Sonatrach, Alfor, Algeo, Alfluid, Alrep, Csh...). Nous avons eu droit à des festivités grandioses que nous ne sommes pas près d'oublier, plus de quarante ans après.
Bob. Med (Belcourt)
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