Actualit�s : Evocation
IL Y A UN AN, LE JOURNALISTE-�CRIVAIN HAMID SKIF S�EN EST ALL�
Au diable la mort, que vive le po�te !


Par Noureddine C. Khib
Mon premier, Mohamed Benmebkhout� Depuis que j�ai su que c��tait un enfant de ce quartier mythique de �Medina Djedida� (qui a vu na�tre tant d�illustres Oranais), je l�ai consid�r� comme un petit fr�re auquel on pardonne volontiers toutes les frasques juv�niles. Mon second, Hamid� Un jeune �loup� qui, tr�s t�t, a voulu d�vorer la vie en s�accrochant � toutes les bou�es cens�es l�aider � naviguer dans l�oc�an artistico-litt�raire postind�pendance� Mon troisi�me �Hamid Skif�� Tour � tour com�dien, po�te, journaliste, �crivain, essayiste, fondateur m�me d�un hebdo �conomique ( Perspectives qui n�a pas h�las fait long feu)�
Mon tout �tait� un merveilleux pote qui avait le sens de la fraternit� (pas comme l�entendent les militants de n�importe quel parti !), de la camaraderie, de l�amiti� qu�il cultivait quand il traversait un bout de chemin, dans cette existence �clabouss�e de basses et blessantes goujateries aussi bien avec un parent, un confr�re, un proche, une relation professionnelle ou une connaissance qui semble partager ses �coups de c�ur� litt�raires ou ses passions artistiques�Et ce �TOUT� n��tait autre que� Mohamed Benmebkhout qui, d�s qu�il a su manier la plume, a choisi de remiser aux oubliettes son nom de famille (malgr� toute l�affection d�bordante qu�il vouait � son papa et surtout � sa maman) pour le pseudonyme de Hamid Skif. Le pr�nom �tant le diminutif de Mohamed, on le sait, mais pourquoi Skif ?... Avec son regard en biais, son sourire mignard, il demandait toujours aux curieux de deviner. Ce n��tait �videmment pas si simple de savoir qu�il rendait � simplement et, de mani�re fort discr�te qui l�honore d�ailleurs � un hommage posthume � un po�te palestinien fauch� par des balles sionistes qui l�ont fait taire � jamais. Et comme un d�fi vengeur � tous ceux qui, aussi bien dans son entourage qu�� travers la plan�te, s��vertue � b�illonner le cri d�un �faiseur de vers� ou d�un �accoucheur de mots�, il a d�cid� de faire vivre ce d�funt cr�ateur, moins c�l�bre et moins m�diatis� qu�un Mahmoud Darwich, en endossant � pour l��ternit� � son patronyme. Il faut reconna�tre que m�me ceux qui savaient que Hamid n�avait rien � voir (� l��tat civil) avec Skif s�accommodaient, sans sourciller, de ce �costume� qu�il avait endoss� et qui lui allait fort bien. Que retenir aujourd�hui de ce charmant gar�on qui s�en est all� � il y a une ann�e d�j� � � trois jours de ses soixante printemps, lui qui adorait tant cette saison ?... Au-del� de tous ses �crits, beaucoup d�images claires, pr�cises que fuyantes se bousculent dans la t�te quand on est devant le clavier pour lui tirer r�v�rence sans tomber dans les mis�rables pan�gyriques dont usent, sans �tat d��me, les officiels et les opportunistes. Celle d�abord d�un Alg�rien fier de l��tre et qui le d�montrait particuli�rement quand il �tait face � des d�tracteurs �des compatriotes ou des �trangers � qui s�amusaient, au fil des conjonctures, � d�verser leur fiel sur le pays. Celle d�un journaliste qui a cherch� et r�ussi � briller au sein de l��quipe de la r�daction culturelle du quotidien La R�publique� qui a chang� de logo en devenant, en 1978, El Djoumhouria� et qui paraissait alors, de la �Une� � la �24� en langue latine. Une �quipe que dirigeait l�in�galable Bachir Rezzoug et dans laquelle figurait �galement Abdelmalek Ouasti, un autre talentueux �scribe� (pas au sens p�joratif, bien s�r !), d�c�d� en novembre 2009. L�autre r�miniscence� Celle d�un Monsieur que j�ai retrouv�, apr�s quinze ann�es d�exil en Allemagne, �gal � lui-m�me, toujours aussi flegmatique, sachant �couter malgr� le fait qu�il f�t un bavard exub�rant, volubile, inv�t�r� quoi !... Un Monsieur qui n�a jamais cherch� � gommer le sens de la famille. Un Monsieur qui avait adroitement aiguis� ses longues vues pour voir plus clair dans sa �G�ographie du danger�. Un Monsieur qui avait une robuste foi en un avenir plus radieux pour tous les �damn�s de la terre�� Mon cher Hamid, une m�chante maladie a fauch� toutes tes envol�es � Tu n�es plus de ce monde mais pour moi, pour tous ceux qui t�ont connu, tu es l� avec nous, comme hier, avant-hier, comme le jour o� tu as embrass� le parti de la V�rit� et de la Cr�ation� J�ai volontairement omis de citer les titres des ouvrages de ton �uvre foisonnante, florissante et captivante qui a donn� un sens � ta vie. Que celles et ceux qui ont d�j� d�couvert tes �crits, qui t�ont appr�ci�, se r�f�rent � leurs souvenirs de lecture. Quant aux autres, ils auront tout le loisir de faire connaissance avec tes superbes �randonn�es� po�tico-litt�raires sur de tr�s nombreux sites web� Des �randonn�es� qui ont d�but�, un jour, avec trois syllabes agr�ables � chantonner : �Pim, Pam, Poum� et dont tu ne voulais plus t�en souvenir� Des �randonn�es� qui se sont poursuivies, ensuite, sur les planches avec, d�abord, �Mon corps, ta voix et sa pens�e�, un exercice sc�nique inspir� de l�exp�rience du �Living Theater� et de Grotowski. Un dernier mot, comme ceux que j�avais l�habitude de te lancer avant le bouclage de la page culturelle de La R�publique !... Au diable la mort, que vive le po�te !... Repose en paix, mon ami !
N. C. K.

P. S. : Hamid Skif a �t� inhum�, en mars 2011, au cimeti�re d�A�n Be�da � Oran, tout pr�s de sa m�re, dans sa ville natale. Ses derni�res volont�s ont �t�, ainsi, respect�es.

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