Voxpopuli : PATRIOTES 90
LE MIRACUL� DE L�OUED ATELI
I. La parenth�se marocaine


Je suis revenu du Maroc il y a de cela trois ans. J�y �tais bien. En tout point de vue. Un exil presque dor�, une exp�rience richissime et des souvenirs inoubliables. J�ai d�barqu� � l�a�roport de Casablanca le lendemain de l�attentat � la voiture pi�g�e du Commissariat central, le premier jour du Ramadan 1995.
Ma prise en charge est imm�diate et de mani�re sinc�rement fantastique. Mon ami Sma�l, que Dieu ait son �me, �tait toujours l�. Il m�h�berge chez lui pendant tout le Ramadan. Je ne manque de rien. Dans le si�ge de la holding o� je bosse, j�ai comme sup�rieur hi�rarchique un ancien ministre et comme coll�gue un polytechnicien. Les deux sont extras ! Apr�s deux ou trois missions d�audit des entreprises du groupe, je suis nomm� directeur g�n�ral d�une unit� de fabrication de carton ondul� dans la zone de Kenitra. L�Alg�rien avait au Maroc un statut particulier qui le diff�renciait nettement des autres �trangers. Il se devait de renouveler sa carte de r�sidence tous les ans, ce qui est loin d��tre �vident, et de plus pour sortir du Maroc, il lui �tait exig� un visa de sortie. Un terroriste en puissance � surveiller de pr�s ! Le matin, en prenant mon caf�-croissant dans un des meilleurs salons de th� de Kenitra, la chanson �Ya rayah� de Dahmane El Harrachi se d�clenchait, comme �a, d�s que j�apparaissais. Par magie ! Une petite attention du patron. Souvent, je recevais le commissaire de police du coin, qui, sous promesse de me r�gler mon probl�me de r�sidence, me demandait gentiment des petites bricoles, une batterie pour sa voiture, quelques dalles de sol pour terminer des travaux domestiques qui lui co�taient la peau des fesses, des cadeaux par-ci, des pourboires par-l�. Son salaire �tait si insignifiant !
Sauvagerie inou�e

Dans la journ�e, Medi 1, que j��coutais dans la voiture quand je n�arrivais pas � capter Alger, prenait un malin plaisir � mettre en conformit� le moindre �v�nement tragique qui se passait en Alg�rie avec le �qui-tue-qui ?� ambiant. Pendant le d�jeuner que je prenais dans un arr�t routier pas loin de la briqueterie Boudiaf, je commentais les informations du jour avec mes coll�gues des autres entreprises du groupe. J�essayais tant bien que mal � mettre un b�mol aux sorties de la radio tang�roise, peine perdue ! J�ai fini par �tre �habit� par le bled � tout moment et en tout lieu. Des fois, c��taient les entretiens t�l�phoniques avec la famille, tant�t apaisants, tant�t terribles. Parfois, c��taient mes associ�s d�Alger qui, trouvant que je me la coulais douce, faisaient tout pour me convaincre de leur c�der la place, moi qui �tais �au paradis� alors qu�eux vivaient �l�enfer�. Je finis par capituler ! J�avais pourtant essay� de leur expliquer mon incapacit� de quitter le Maroc sans visa de sortie. Peine reperdue ! Le soir, sur mon poste TV que je me suis empress� de �paraboler�, l�Alg�rie occupait une place privil�gi�e et passait en boucle sur toutes les cha�nes de t�l�vision du monde. Moment difficile mais impossible � manquer. Horreur au quotidien, sang et d�sespoir, familles disloqu�es, exil�s par milliers dans leur propre pays, fuite des cerveaux et des �cervel�s, sauvagerie inou�e, incompr�hensible. Fatwas et revendications de Londres, Paris ou New York. De sinistres individus auxquels tous les canaux �taient ouverts. Des alg�riens ! Naus�es, tristesse et r�voltes ! Mais aussi admirable r�sistance de ces braves gens, hommes, femmes et enfants qui ne pliaient pas au diktat des sanguinaires. De ces soldats, gendarmes et policiers qui luttaient sans merci contre l�hydre immonde. A tous ceux qui �taient rest�s l�-bas. Fiert� et reconnaissance ! J�ai r�cup�r� ma famille en deux �tapes, d�abord ma fille qui �tait � l��poque en CM2 puis le reste, six mois apr�s. Malheureusement ou heureusement, c�est selon, ils ne pouvaient se d�tacher du bled et n�acceptaient pas le principe de fuir le pays. Mon probl�me administratif de r�sidence n�arrangeant pas les choses, une ann�e apr�s leur arriv�e au Maroc, en la faveur de vacances, ils d�cid�rent de rester au bled. Je d�chante tr�s vite et finis par les rejoindre quelques mois apr�s. A mon retour, les choses avaient beaucoup chang�. Assi�g�e, M�d�a �tait en train de mourir � petit feu. Je ne pus toutefois refuser la proposition du Vieux de le remplacer dans la gestion de la soci�t� familiale. Ce que je fis illico presto. Commencent alors mes allers-retours quasi quotidiens entre M�d�a, o� se trouvait l�usine, et Alger, o� je r�sidais.
(� suivre)

Pour t�moigner, �crire � : patriotes90@yahoo.fr

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable