Culture : TAHAR OULD-AMAR, INITIATEUR DE L�ID�E D�UN QUOTIDIEN PUBLIC EN TAMAZIGHT
Pour des propositions concr�tes


Un groupe de journalistes, d��crivains et de militants de la cause amazighe viennent de lancer l�id�e d�un quotidien national public en langue amazighe. Pour ce faire, ils ont choisi symboliquement la date du 20 avril dernier co�ncidant avec le 32e anniversaire du Printemps amazigh, pour interpeller officiellement les plus hautes autorit�s du pays dont la pr�sidence de la R�publique, le Premier minist�re et le minist�re de la Communication. Un des porteurs du projet, notre confr�re et n�anmoins romancier dans la langue de Mammeri,Tahar Ould-Amar, a volontiers accept� de nous expliquer la d�marche.
Le Soir d�Alg�rie: Vous venez d�initier une p�tition pour le lancement d�un quotidien national en tamazight. Et pour ce faire, vous avez interpell� en ce 20 avril les plus hautes autorit�s du pays�
Tahar Ould-Amar :
Nous avons choisi la date du 20 avril pour lancer la p�tition et interpeller, au moyen d�un courrier, les hautes autorit�s pour donner corps � une revendication rest�e le plus souvent abstraite et, ce faisant, aller au-del� du symbole en donnant un sens � ce Printemps et � ceux � venir. J�estime que battre un pav� parasit� et min� par les interf�rences politiques, ouvrir les centres de jeunes pour y exposer nos �reliques� et rappeler � la souvenance les �v�nements d�Avril 80 participe beaucoup plus � la folklorisation de tamazight, qu�� sa promotion et sa participation effective, productive et incontournable en tant que partenaire et acteur social. Il me semble que nous accordons beaucoup de temps et d�int�r�t aux coquetteries comm�moratives. Il est temps d�avancer avec des projets et des propositions concr�tes qui nous feront gagner, et quelquefois, r�cup�rer des espaces. Nous le faisons aujourd�hui avec notre proposition de cr�er un quotidien public d�information en tamazight. Et nous pouvons nous mobiliser autour d�autres projets, propositions et autres revendications concr�tes. Et c�est cette forme de mobilisation (� mettre � l�actif de l�association des enseignants de tamazight de Tizi Ouzou) qui a, � titre indicatif, rendu effective la g�n�ralisation de l�enseignement de tamazight dans les �coles primaires de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce n�est pas rien quand m�me.
Un tel projet suppose un collectif r�dactionnel qualifi�. Pensezvous que ce pr�alable est disponible. Autrement dit, y a-t-il des journalistes � m�me d�assurer l�encadrement d�un tel quotidien ?
La presse d�expression amazighe a connu des exp�riences sporadiques depuis le d�but des ann�es 1990. Elle est pass�e d�une presse se focalisant sur les th�matiques culturelle et identitaire, � une presse d�information g�n�rale, le cas de feu L�hebdo n Tmurt. La derni�re exp�rience en date ce sont les cahiers que propose La D�p�che de Kabylie. Franchement, ce qui y s��crit en tamazight, en termes de contenu, n�a rien � envier � ce qui s��crit dans d�autres organes et dans d�autres langues. En fait, vous ne m�auriez jamais pos� cette question s�il s�agissait de cr�er un organe de presse dans une autre �langue attest�e�. Ce qui suppose que votre souci n�est pas d�ordre technique mais linguistique. Dans ce cas, je vous r�ponds que le collectif r�dactionnel ne posera aucun probl�me, ceci est d�autant plus vrai que des centaines de licenci�s en tamazight cherchent du travail. Bien �videmment, ces derniers ne seront pas livr�s � eux-m�mes, ils seront encadr�s par un noyau professionnel.
Pensez-vous qu�un tel projet est � m�me de donner un plus � la r�habilitation de tamazight ?
Avec des moyens que je suppose d�risoires et une diffusion incertaine, les adaptations de Rachid Tighilt, dont Crek et Dda Spilu, ont eu un impact sur les jeunes, et les moins jeunes, que vous ne pouvez pas imaginer. Cette adaptation intelligente a valoris� la langue et a surtout confirm�, si besoin est, que tamazight, du moins sa variante kabyle, est un support comme le sont toutes les autres langues. Oui, un journal en tamazight qui se fait au quotidien l��cho du bouillonnement de la soci�t� participera sans aucun doute � la valorisation de la langue.
Ne craignez-vous pas que votre projet ne subisse l�exp�rience de la Cha�ne IV de la t�l�vision que plus d�un d�crie ?
Nous refusons d�anticiper quoi que ce soit. Pour l�instant, nous nous disons que ce quotidien, si toutefois il aboutit, assurera sa mission de service public dans l�autre langue d�Alg�rie. Sous d�autres cieux, les m�dias publics sont plus cr�dibles que ceux des priv�s. Les choses bougent. Il n�est pas exclu, il est m�me probable, qu�un jour le m�dia public soit en Alg�rie une r�f�rence en mati�re d�objectivit� et de pertinence.
Entretien r�alis� par Mohamed Kebci

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