Soirmagazine : ATTITUDES
Les gardiens du temple


Par Na�ma Yachir
naiyach@yahoo.fr
Apr�s une agr�able journ�e pass�e en compagnie de sa fianc�e, Mahfoud, ce jeune banquier, frais �moulu, raccompagne sa bien-aim�e � son lieu de r�sidence. Le chemin leur a sembl� court tant les moments �taient riches en �motions. Ce jour-l�, Mahfoud n�a pas eu le temps de faire un petit coucou � sa future belle-famille et a d� attendre quelques minutes dans la voiture pour s�assurer que Asma est arriv�e � bon port.
Dans sa br�ve attente, un jeune homme baraqu� s�approche du v�hicule, et le regardant de tr�s haut, lui fait signe de la main en lui intimant l�ordre de d�guerpir illico presto. Mahfoud, sto�que, ne le regarde m�me pas et continue de tripoter son t�l�phone. Agac� par son indiff�rence, notre malabar prend son air le plus s�v�re et toque � la vitre. Mahfoud l�ignore de plus belle. La sc�ne est suivie de loin par d�autres jeunes hommes, vraisemblablement les gardiens du temple. L�attitude de Mahfoud ne sied gu�re � ce groupe de �houmistes� adoss�s au mur du b�timent. Ils se jettent des regards cod�s, et trois d�entre eux, la d�marche s�re, se dirigent vers la voiture, d�cid�s � intimider Mahfoud, mais surtout � le dissuader de faire la forte t�te. L�un d�eux lui demande de baisser la vitre. Mahfoud, d�un calme olympien l�entrouvre. - �Il me semble que tu n�as pas encore compris. On t�a demand� de partir d�ici. Notre quartier est honorable, nous comptons pr�server sa r�putation. Alors file, et c�est la derni�re fois que l�on te voit r�der par l�.� Mahfoud, tomb� des nus, n�en croit pas ses oreilles. Il se dit dans son for int�rieur : �A ce point, les libert�s individuelles se r�tr�cissent. A ce point nous ne pouvons plus �tre libres de nos mouvements, de nos actes sans se faire agresser verbalement, voire physiquement !� Ne r�pondant pas par la violence, Mahfoud, qui a pratiqu� un sport d�auto-d�fense o� il excelle du reste, a renonc� � r�agir en optant plut�t dans ce cas-l� pour la ma�trise de soi. Il a remont� sa vitre et d�marr�. Quel paradoxe, pensera-t-il, �ce seront ces m�mes personnages qui resteront de marbre en assistant � un vol ou � une agression. Ils diront qu�ils n�ont rien vu si un de leurs voisins se faisait cambrioler�. En racontant sa m�saventure � son copain, ce dernier, �tonn�, lui r�pondra que ce m�me incident il l�a v�cu lui aussi �sauf que moi, ils me l�ont fait savoir avec politesse et beaucoup de tact�. Nous n�osons pas y croire, mais cela nous replonge dans un pass� pas tr�s lointain, une p�riode macabre, r�volue, o� l�on faisait la chasse aux couples. Des gardiens du temple qui veulent se transformer en chasseurs de couples. Oh ! non, basta.

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