Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE
�Pour en finir avec le �m�lo� d�Ouyahia


Par Boubakeur Hamidechi
hamidechiboubakeur@yahoo.fr

Durant plusieurs jours, il a �t� l�unique sujet des commentaires de la presse. Rarement bienveillantes, les appr�ciations de nos confr�res ont �t�, au contraire, terriblement critiques � l�endroit de ses �confessions�. C�est que ce personnage politique de premier plan est connu pour avoir b�ti sa carri�re et entretenu sa long�vit� dans les hauts postes uniquement sur le �mentir-vrai�. Or, qu�il en vienne, apr�s un silence calcul� qui ne lui ressemble gu�re, � admettre que l�Alg�rie va plut�t mal et que la liste des �checs est indiscutablement trop longue, �tonne de sa part.
Ouyahia avait donc d�cid� de prendre le contre-pied de ce qu�il a toujours �t� jusque-l�. Celui d�un thurif�raire des r�gimes dont le seul talent notable consiste � riposter et allumer les contre-feux pour �pargner son employeur du moment. Et curieusement, cette sinc�rit� circonstancielle vient de se retourner violemment contre lui ! Celui qui, depuis des ann�es, incarnait la duplicit� politicienne avec comme cons�quence la d�testation aupr�s de l�opinion n�en sort, en effet, gu�re grandi de cet exercice. Et pour cause, l�on y a vite per�u dans ses propos toute la chimie de la diablerie. Celle qui inverse les r�les en devenant son propre procureur par n�cessit� et du coup escamoter son passif politique et se projeter vers l�horizon qui se profile. Ce fameux 2014 de toutes les ambitions ! Ainsi, il serait la victime expiatoire du syst�me avec un grand �S� qu�il d�signe cette fois-ci clairement alors qu�il y a tout juste trois ann�es (2009 et la seconde r��lection de Bouteflika), il s�insurgeait contre cette mystification malveillante de la presse en lui opposant avec aplomb �l�ordre r�publicain�. Mais son d�ballage ne s�arr�te pas en si bon chemin. Il contresigne �galement sans h�sitation ce que toutes les discussions de comptoir du pays d�non�aient d�j�. S�agissant de l�origine maffieuse de lobbies de l�argent qui alt�re les m�canismes l�gaux de la puissance publique lui-m�me en a pris acte. Enfin, pour satisfaire son ego, il confie aux journalistes qu�il n�a jamais �t� le commis de la compromission et de ce fait l�on n�a eu de cesse de le cibler � travers des campagnes de d�nigrement. En r�sum�, Ouyahia venait d��crire son propre m�lodrame politique. Or, pour en finir avec ce genre d�affabulation, quoi de mieux que de lui rappeler quelques-uns de ses moments glorieux quand il ajoutait de l�arrogance au mensonge. D�cembre 2010 : il se pr�sente devant les s�nateurs pour d�fendre le bilan du pouvoir. En extase lors de la lecture chiffr�e des succ�s �conomiques et sociaux, il eut l�ind�cence de mettre en garde les sceptiques. Avec des accents de d�fi, il mart�le avec col�re que �l�Etat n�a jamais menti sur les chiffres�. Depuis, beaucoup d�eaux fangeuses ont coul� dans les voies imp�n�trables du r�gime, car le m�me personnage parlant de rectitude � l��poque reconna�t aujourd�hui l��chec total. Octobre 2008 : le sc�nario du viol de la Constitution est �crit. Il sera jou� le 12 novembre dans un Parlement aux ordres. Dans cette s�quence cruciale, Ouyahia n�est pas absent, bien au contraire. Prudent et rus�, il vole au secours de l�op�ration du coup d�Etat constitutionnel en excipant justement de son ambition personnelle. Par flagornerie tactique, il se d�ploie dans l��loge de ce qui allait �tre �l��uvre magistrale� de Bouteflika. Un d�lit constitutionnel qu�il qualifia m�me �d�approfondissement de la d�mocratie� (sic). Comme il est ais� de le constater, l�Ouyahia r�el n�est pr�cis�ment rien d�autre que dans ce r�le de flagorneur. Ex�cuteur des contrats concoct� � l�ombre du s�rail, il est en m�me temps un politique disert dans les lumi�res des conf�rences. Sauf qu�� force de n��tre imaginatif que dans la servitude et de courir en permanence apr�s la conqu�te des postes-cl�s, il a fini par se brouiller avec son propre destin politique. En s�usant dans la pratique de la fausset� politique qui lui a valu une telle long�vit�, il se condamne, quelques parts aux soldes de tout compte et � la petite retraite. C�est que depuis son d�rapage sur la ponction des salaires, qui inaugura son ascension en 1995, l�opinion a compris qu�avec ce grand commis, elle n�aura droit qu�aux artifices de la fonction. C'est-�-dire � la virtualit� d�un th��tre d�ombres o� tout se d�cide derri�re les rideaux. Com�dien de la politique au registre �tendu, il s�est toujours complu dans la posture de second couteau en croyant �videmment que cette persistance bonifiera son image. S�est-il lourdement tromp� en refusant de se mettre volontairement en r�serve de la R�publique ? Sans doute, pour peu qu�on lui accorde le b�n�fice de la sinc�rit� dans les aveux qu�il vient de prononcer. En somme, il serait d�j� minuit pour cet homme lige en plein d�sarroi.
B. H.

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