Voxpopuli : 50e ANNIVERSAIRE DE L�IND�PENDANCE
Les anges de l�Ouarsenis


A l�occasion de la comm�moration du 50e anniversaire de l�ind�pendance de l�Alg�rie, nous vous transmettons un texte qui retrace une minime �tape de la vie politique d�un homme qui a tant donn� parmi beaucoup d�autres pour que vive l�Alg�rie.
Avec toute modestie, et par devoir de m�moire car celui-ci nous interpelle, nous r�clame, et nous ordonne � la fois de porter un petit et l�gitime t�moignage sur le parcours nationaliste et politique d�un militant, combattant acharn� pour la libert� des peuples et leur souverainet� qui a �uvr� plus de 32 ans de sa vie �ph�m�re sans rel�che jusqu�au jour o� le sanguinaire 2e bureau Cdt Audrey mit fin � son engagement patriotique, le 25 ao�t 1958 au soir � la caserne de Teniet-El-Had suite � une torture � la g�g�ne qui a dur� 20 jours et l�a achev� par balles(1), Dieu en est t�moin. Ardent adversaire du joug colonial, il s�engagea tr�s jeune � l�ENA sous l��gide de son p�re qui �tait alors jurisconsulte � la Mahkama de Teniet El-Had et de rares responsables de l��poque � travers le pays. Il s�occupa de la distribution des tracts et de journaux tels que Al-Oummaet Al-Ikdam. Par la suite, on lui confiera une cellule psychologique mobile visant � �tendre le rayon d�action du parti et de la propagande antifran�aise qu�il effectuait lors des diff�rents d�placements avec son p�re en cal�che lorsque ce dernier devait porter des jugements juridico-religieux au peuplement des tribus, douars et fractions. En 1928-1930, il regagna une caserne � Blida, o� il passa son service militaire aupr�s d�une section sp�ciale de liquidation indig�ne. L�, il noua diverses connaissances avec des nationalistes tout en continuant ses activit�s concr�tement anticolonialistes. Impr�gn� d�un riche et vaste h�ritage de r�sistance, il refusa de se soumettre au code de l�indig�nat, il poursuivit son combat aupr�s de la glorieuse ENA, dont les membres et adh�rents (3 500) dans les ann�es 1930 furent frapp�s d�interdit. Ils r�pliqu�rent par la cr�ation du PPA 1936-1937, qui, d�s lors, joua un r�le important dans l�histoire du nationalisme alg�rien. En ces ann�es-l�, un bureau politique prit naissance clandestinement � TEH. Avec ses compagnons patriotes, tous fusill�s ou achev�s par balles apr�s d�inqualifiables tortures fin 1958(2) et avec l�entraide de quelques communistes fran�ais (amis de l�Alg�rie tels que Prast, Lachaud, Esteve), apr�s un travail de longue haleine, ils inculqu�rent aupr�s de la population locale l��veil du nationalisme et de la n�cessit� de la r�bellion contre la France coloniale (ils suivirent et prenaient comme th�se la d�claration du r�formiste Jean Jaur�s qui condamna la politique coloniale de son pays � maintes reprises aux congr�s). En 1939-1945, il est mobilis� et envoy� sur le front en France. Il est fait prisonnier au camp de concentration de Front Stalag lors de la d�b�cle fran�aise contre les Allemands. Il s��vade avec quelques soldats alg�riens, ils regagneront l�Alg�rie en 1942. Fonctionnaire � la Recette des contributions diverses de TEH, il est licenci� de son poste en mai 1943 pour cause de d�tention ill�gale de journaux nationalistes, incitation � la d�sob�issance civile et refus � la soumission esclavagiste (proc�s-verbal de la gendarmerie). Il est alors plac� sous surveillance sp�ciale parce qu�il a �t� consid�r� comme capable de r�pandre des id�es politiques et faire preuve d�actions hostiles contre la souverainet� fran�aise. Deux de ses amis sont bannis � Colomb- B�char pour cinq ans, pour le m�me motif(3). Vint le g�nocide perp�tr� par les colons le 8 Mai 1945 � S�tif, Guelma et Kherrata. La b�te immonde vient de frapper, elle a ex�cut� sa sale besogne(4). L�amertume, le d�sarroi, l�impuissance et l�esprit de vengeance se lisaient sur les visages bl�mes des nationalistes qui sont sujets � des �meutes, car la provocation se faisait au grand jour. La sagesse des grands hommes, l�orientation politique ont permis � se d�gager d�un �v�nement aussi malheureux que certain. Le PPA devint MTLD. L��lite de TEH vient de montrer qu�elle est capable de former un bloc de patriotes pr�ts � d�fendre l�existence de la nation. Le fameux bureau politique change de cap et se transforme �videmment en cellule vivante clandestine qui devient, au fil des ans, l�axe des moyens humains, financiers, mat�riels concernant la r�gion de l�Ouarsenis et pour d�autres trajectoires politiques. L��chauffement est � son comble, le mot d�ordre est donn� (ce qui est pris par la force, doit �tre repris par la force). Cette p�riode atteignit son apog�e en 1954 avec le d�clenchement de la guerre de Lib�ration nationale. La plus grande partie du peuple somnole quand retentit l��cho de la premi�re balle tir�e dans dans les Aur�s. D�s 1955, les maquis sont pr�ts avec leurs agents de liaison (El- Meddad, Amrouna, Lyaar, Ghil�s, Djebbel Louh), sous le commandement de Si Mohamed Bouna�ma (rapporteur colonel Ouamrane, Congr�s de la Soummam). La gu�rilla urbaine s�installe dans les villes et villages et commet des actions meurtri�res contre l�occupant, l�attentat � la grenade �tait la sp�cialit� des fida�s � TEH. Cette cellule clandestine OCFLN, rampe de lancement comme on l�a surnomm�e, venait comme tant d�autres � travers tout le territoire national de donner � la nation alg�rienne son acte de naissance.
Assassiner les enfants de l�Alg�rie et collectionner leurs oreilles

Les rafles, les exactions, la r�pression, les emprisonnements, les ex�cutions sommaires, les tueries sont la r�ponse des forces coloniales contre les populations civiles. Au mois de mai 1957, apr�s l�attentat � la vedette (dont il est l�initiateur, et pour tant d�autres), l�irr�parable se produisit. Une vive altercation qui l�opposa au maire de TEH dans sa pharmacie (le ren�gat Hubert Garcin.), juste apr�s, il est interpell� et fait prisonnier � la ferme Poulot, � A�n Sfa, o� r�gnait en ma�tre un certain capitaine Laurent qui maltraitait et assassinait les enfants de l�Alg�rie et collectionnait leurs oreilles. A sa sortie de prison, on lui interdit d�emprunter la rue principale, d��viter tout contact avec les gens ou de se regrouper. Une deuxi�me fois, au d�but de l�ann�e 1958, un half track s�arr�te devant son bureau et l�embarque pour la prison d�A�n Sfa. Son corps taillad� de toutes parts par la pince, on lui fait signer de force un acte, il re�oit le dernier avertissement. Au d�but du mois d�ao�t, aux premi�res lueurs du jour, une jeep s�arr�te devant le domicile, deux militaires et un civil arm�s r�clament le fida�, on r�pond qu�il est absent. Ils repartent en trombe � destination de son bureau, l� on l�embarque. Sur ordre du colonel Marie-Meuni�re de Schaken, chef secteur militaire de TEH(5), son adjoint Cdt Audrey 2e bureau l�ach�ve par balles le 25 ao�t 1958 au soir � la caserne de TEH. Il repose au fond d�une tranch�e inconnue avec ses fr�res de combat au cimeti�re local. Ils ont cru en deux amours, Dieu et puis l�Alg�rie, qu�ils ont habill�e �ternellement de leurs noms. Terre des martyrs.
Son fils indign� de part et d�autre

1) Consultation m�dicale faite par le m�decin civil de la caserne J. J. Bertrand : �C�ur �lectrocut� carbonis� par les d�charges �lectriques g�n�r�es par la g�g�ne.�
2) T�moignages de compagnons de cellules : plusieurs d�entre eux dont les traits de leurs visages n�existaient plus, gomm�s par les flammes du chalumeau.
3) Les familles de ces deux martyrs se reconna�tront.
4) Nous avons pris acte de ceux qui pr�tendent que la France n�a pas commis de g�nocide, de crimes contre l�humanit�, de crimes de guerre entre 1830 � 1962.
5) Le colonel en question a �t� tu� dans une embuscade en novembre 1958 � Teniet-El- Had.

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