Notre ami Norbert Marras-Mannoni, un ancien pied-noir qui n�a pas reni� ses origines alg�riennes et qui vient se ressourcer ici de temps � autre, n�oubliant jamais de rendre visit� � sa ch�re Bouhadjar, au milieu des monts B�ni Salah, est un lecteur assidu de la presse alg�rienne d�expression francophone et� arabophone.
En effet, le p�re de �Nono�, comme on l�appelle amicalement, a jug� utile, pour mieux int�grer son fils parmi les �siens�, ces �indig�nes� qu�il n�a jamais vus de haut mais qu�il consid�rait comme des citoyens �gaux en droits ; il a jug� utile de le faire entrer � l��cole coranique. C�est ainsi que non seulement il parle l�arabe tr�s bien, mais le lit couramment et r�cite le Coran comme un vrai musulman, lui qui se revendique de la la�cit�. Il ne peut fermer l��il avant de lire tous les grands quotidiens alg�riens � dans les deux langues � mani�re de rester branch� sur les r�alit�s de son pays d�origine. Et c�est ainsi qu�il tombera sur l�excellente chronique de mon petit fr�re (il a grandi depuis !) Hakim La�lam. Il se trouve que �Nono� venait juste de r�agir � une chronique d�humeur d�un confr�re lyonnais (au journal Le progr�s o� Norbert a longtemps bourlingu� pour le compte de la r�daction sportive) qui d�fendait bec et ongle la �r�sistance� syrienne face � la dictature des Assad. Lucide, parce que fortement marqu� par l�exp�rience alg�rienne et tr�s bien inform� sur les vis�es des islamistes, notre ami a rappel� � son confr�re qu�une dictature islamiste serait plus dure � combattre et � d�tr�ner que celle au pouvoir actuellement, sans compter les terribles restrictions des libert�s personnelles qu�elle installerait. Et, comme il a re�u une r�ponse pas trop convaincante de son ami, �Nono� en remet une couche en citant la chronique de Hakim qui, nous l�esp�rons, aidera le billettiste du Progr�s � mieux prendre en consid�ration certains aspects fondamentaux qui peuvent lui �chapper comme ils ont �chapp� au reporter de France 2 cit� dans le �Pousse avec eux�� Qu�il est utile de rappeler ces v�rit�s vues par ceux qui ont souffert dans leur chair l�islamisme et ses exc�s ! Ceci ne d�douane point le syst�me politique actuel, d�autant plus que la carte islamiste fut utilis�e � plusieurs reprises pour combattre les courants d�mocratiques et progressistes qui repr�sentent la seule alternative pour hisser l�Alg�rie au rang qui devrait �tre le sien aujourd�hui. Evidemment, un d�mocrate doit d�abord passer par les urnes. Mais �a cloche encore de ce c�t�-l�. Donnez-nous 200 ans pour que nous puissions parler des m�mes choses sans nous tromper, et des deux c�t�s de la M�diterran�e. Quand un �lecteur doit choisir entre une liste pr�sent�e comme celle de �Dieu� et une autre compos�e de pauvres mortels, le r�sultat est connu d�avance chez nous. Et chez vous ? Ce n�est pas pareil, mais faites attention au Front national et aux tentat ions de la droite dite r�publicaine de le rejoindre dans ses errements racistes et x�nophobes. Le nivellement par le bas, via les �platitudes � journalistiques traitant toujours de la forme et rarement le fond, la mainmise de certains milieux d�affaires sur cette m�me presse, l�am�ricanisation des programmes TV qui forment la plus grande tribu des �b�ni-oui-oui� incapable de r�fl�chir par elle-m�me, tout cela ne m�incite gu�re � l�optimisme et parfois j�ai l�impression que les deux si�cles d�avance pris par votre d�mocratie n�auront servi � rien ! Quand on convoque la religion ou que l�on stigmatise l��tranger voleur du pain des Fran�ais, n�agit-on pas finalement sur les m�mes platesbandes de l�extr�misme qui se nourrit du repli identitaire et de la stigmatisation du �m�cr�ant� par-ci et du �bicot� par-l� ?
Ma�mar Farah

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