Actualit�s : 50 ANN�ES DE PROGR�S, D�ESPOIR ET DE D�CEPTIONS
L�ind�pendance de �A� � �Z� (2e partie et fin)


Par Ma�mar Farah
K comme Kabylie : en 2010, et on ne sait pour quelle raison, na�t une formidable pol�mique qui, en utilisant certains faits authentiques et d�plorables, voire condamnables, finit par prendre la tournure d�une croisade anti-Boumedi�ne avec comme axe central l�une des plus formidables contre-v�rit�s historiques : le pr�sident d�funt serait anti-kabyle. J�ai beaucoup d�amis de cette r�gion et qui sont de mon �ge, qui vouent une consid�rable estime pour Boumedi�ne.
R�cemment, le fils d�Ahmed Khelifi de B�ja�a t�moignait ici-m�me de l�amour que portait son p�re � l�homme du 19 juin 1965, amour qu�il a fini par comprendre m�me si lui-m�me n�en �tait pas convaincu au d�part. Boumedi�ne antikabyle, lui qui avait toujours eu � l�esprit de respecter un certain �quilibre r�gional qu�il jugeait n�cessaire au cours de cette �tape cruciale pour la mobilisation de toutes les comp�tences nationales autour des t�ches d��dification ? Et sur qui pouvait compter Boumedi�ne dans les domaines de l�enseignement, notamment sup�rieur, de la m�decine, de la technologie, de la construction, des hydrocarbures et de tous les grands secteurs industriels si ce n�est sur cette �lite kabyle qui �tait aux commandes dans de nombreuses soci�t�s et minist�res. Elite qui, aux c�t�s des cadres provenant des autres r�gions, a r�alis� l�essentiel des acquis que refusent de voir les adversaires de Boumedi�ne. Ce dernier avait m�me un Kabyle chr�tien dans son gouvernement au moment o� la religion �tait confi�e � un homme de progr�s, ouvert � l�universalit� mais fier de notre islam de tol�rance et de fraternit�, j�ai cit� M. Mouloud Kassim Na�t Belkacem. Et pour une �dictature militaire� comme nous le rappellent certains, par qui �tait dirig�e cette fameuse s�curit� militaire ? N��tait-ce pas M. Kasdi Merbah ? Un homme � l�int�grit� reconnue par tous et qui promettait de d�voiler, dans le Soir d�Alg�rie, dont il �tait un ami et � qui il a �t� l�un des premiers responsables de parti � rendre visite, les noms des assassins d�Abane et de Krim Belkacem. Il n�aura pas l�occasion de revenir sur le sujet� Il est malhonn�te de dire que Boumedi�ne �tait anti-kabyle. Il avait une vision � fausse ou justifi�e, l�histoire le dira un jour � qui voulait rassembler � un moment o� l��quilibre politique �tait fragile. On peut dire qu�il n�avait pas saisi la v�ritable dimension des revendications identitaires qui ne pouvaient s�exprimer librement ; mais on peut dire aussi que c�est apr�s sa mort que la r�gion kabyle s�est soulev�e et que les premiers signes de l�oppression massive sont apparus, avec comme point final la mort de 127 jeunes au cours du �Printemps noir�. De quelques militants incarc�r�s � et auxquels toute la Nation devrait rendre hommage � on est pass�, dans les ann�es 1980, � un autre cycle de r�pression qui allait envoyer dans les ge�les des dizaines de repr�sentants de l�authentique culture amazighe. C�est dans ces ann�es-l� que se renforcera cette ligne dure, initi�e par un FLN qui profitait de la mort de Boumedi�ne pour asseoir les bases d�une domination sans limites de la vie politique alg�rienne. L�article 120 et les diff�rentes orientations en mati�re de religion et d�arabisation ont montr� que le nouveau pouvoir agissait pour un �ba�thisme� � l�alg�rienne dont nous continuons � subir les cons�quences. S�il est admis que certaines graines ont �t� plant�es � la fin du r�gne de Boumedi�ne, notamment sous l�influence de courants politiques conservateurs qui ont chass� tous les progressistes (le grand Mostefa Lacheraf en fera les frais), il est exag�r� de charger le pr�sident d�funt de tous les maux propag�s par ses successeurs ! C��tait un socialiste qui voulait transformer la soci�t� en la modernisant et il eut � lutter aussi contre l�islamisme naissant. Sa philosophie �tait d�encourager les �lites � porter la R�volution. Il ne comptait pas beaucoup sur le FLN. En r�unissant par exemple les �tudiants volontaires � la veille de leur d�part vers les champs, ne court-circuitait- il pas le parti qu�il trouvait trop mou et trop conservateur pour porter le message du socialisme ? Quant au mouvement pour la d�mocratie, la libert� et l�identit� qui a eu toujours pour creuset la Kabylie, il continue de s�exprimer sous diff�rentes formes allant jusqu�� l�exigence de l�autonomie. Si la majorit� de la population semble actuellement rejeter toute id�e de se s�parer du corps de la Nation, il est temps, 50 ann�es apr�s l�ind�pendance, de projeter une vraie politique de r�gionalisation qui donnera plus de pouvoir aux �lus locaux et installera la d�mocratie participative ainsi que le libre choix dans certains domaines li�s � la vie de la population locale, les questions de souverainet� et les choix strat�giques de la Nation tout enti�re �tant du seul ressort des institutions nationales.
L comme libert� : que ce soit en mati�re politique, �conomique, culturelle, d�expression ou de presse, la libert� a souvent manqu� dans notre pays. Le syst�me du parti unique ne permettait ni cr�ation d�autres partis, ni le lancement de journaux ind�pendants. Quant � la ligne �conomique marqu�e par le monopole de l�Etat, elle emp�chait l�ouverture et ne tol�rait le priv� que dans des activit�s non strat�giques et marginales. Les changements qui sont intervenus apr�s le 5 Octobre 1988 n�ont pas �t� � la hauteur des attentes des Alg�riens. Apr�s une courte p�riode de d�mocratie naissante qui a vu l�autorisation de nombreux partis et la publication de plusieurs quotidiens sur la lanc�e du Soir d�Alg�rie, le premier � para�tre en septembre 1990, le champ se bouchera tr�s vite et une v�ritable restauration s�installe. Le jeu politique est rapidement ferm� par le refus d�agr�er de nouveaux partis et les fraudes successives qui ont d�cr�dibilis� l�acte de voter. Quant � la libert� de la presse, faut-il rappeler les innombrables proc�s intent�s contre les journalistes et la fermeture du Matin ainsi que l�incarc�ration de son directeur, M. Mohamed Benchicou, durant deux ann�es � la prison d�El-Harrach ? Par ailleurs, une centaine de confr�res sont tomb�s sous les balles des islamistes arm�s. Quant � la libert� syndicale, de toute r�cente naissance, l�actualit� quotidienne montre bien qu�elle a un long chemin � faire avant de devenir effective.
M comme Marocains : j�ai toujours cit� l�horrible expulsion de citoyens marocains install�s en Alg�rie depuis la p�riode coloniale et qui ont souvent des liens de sang (mariages avec des Alg�riennes) et de terre (c��taient des ouvriers agricoles, souvent enfants d�anciens ouvriers agricoles) avec notre pays. Ils ont �t� renvoy�s manu militari, dans des conditions �pouvantables, chez eux o� aucune infrastructure n��tait pr�par�e pour les accueillir. Des enfants n�ont pas trouv� leurs p�res en rentrant de l��cole. D�autres n�ont pas pu dire adieu � leurs m�res� En parlant souvent de ce sujet que je qualifie de point noir dans l��uvre de Boumedi�ne, je me fais interpeller par des amis lecteurs qui me reprochent de ne pas faire le �parall�le� avec l�expulsion des Alg�riens apr�s l�attentat de Marrakech attribu� par les autorit�s marocaines � des terroristes qui seraient de chez nous. Si j�en parle, c�est parce que cela m�a paru choquant venant d�un pouvoir qui se disait populaire et qui consid�rait que le Maghreb devait se construire d�abord entre les peuples. Quant au Makhzen, je n�ai rien � attendre de lui. Ennemi irr�ductible du peuple alg�rien, il n�a pas h�sit� � nous attaquer pour revendiquer Tindouf alors que nous nous relevions d�une guerre meurtri�re et que l�Etat alg�rien �tait � genoux ! Tout au long des derni�res d�cennies, il n�a cess� de nous chercher des probl�mes surtout apr�s l�appui de l�Alg�rie � la cause sahraouie.
O comme Oran : la grande m�tropole n�a pas eu les grandes r�alisations qu�elle m�rite en tant que seconde capitale du pays. S�il existe certes des plans d�am�nagement urbain int�grant la construction de milliers de logements, l��dification d��coles, de lyc�es et d�universit�s ainsi que la densification des r�seaux routiers et la construction d�un futur tramway, Oran n�a pas re�u des projets dignes de sa stature de seconde ville de l�Alg�rie, notamment dans le domaine de grands espaces verts, de r�fection du tissu urbain intramuros totalement d�labr�, d��dification de grands centres de rayonnement culturel (salles de concert, grandes �coles artistiques, op�ra, cin�mas, mus�es, th��tres, stades, parcs de loisirs, zoos, etc.) Si le nouvel h�pital est venu � point pour donner � la ville plus de capacit�s d�accueil, les infrastructures demeurent toujours r�duites pour une si importante population. Oran doit devenir le centre de rayonnement de notre c�te Ouest, en face des villes espagnoles dont elle a le charme m�diterran�en mais pas les commodit�s et les �quipements.
P comme programmes TV : alors que la t�l�vision n��tait capt�e que dans les centres-villes d�Alger, Oran et Constantine durant l��poque coloniale et une bonne partie de la d�cennie 60, une premi�re extension r�gionale permit aux populations de chaque r�gion de voir les programmes diffus�s par le centre r�gional. Les copies arrivaient par avion � Oran et Constantine. En 1970, l�Alg�rie proc�da � l�unification du r�seau TV national et tous les t�l�spectateurs alg�riens purent voir enfin un seul et m�me programme. En 1975, l�Alg�rie devenait l�un des premiers utilisateurs du satellite pour la retransmission des programmes nationaux � travers l�ensemble du pays. Apr�s une longue stagnation de �Unique�, quelques rafistolages pas du tout convaincants ont permis de multiplier les cha�nes publiques par cinq. Enfin, l�apparition de cha�nes priv�es dans un environnement juridique flou montre � l��vidence que ce sont certains cercles du pouvoir qui cherchent � se red�ployer pour prendre de l�avance. Une v�ritable t�l�vision libre reste � inventer.
Q comme quintaux : alors que tous les pays du monde comptent la production c�r�ali�re en tonnes, nous continuons d�utiliser le quintal ! Certainement pour gonfler des chiffres qui appara�traient ridicules en tonnes. Malgr� des progr�s ind�niables, la c�r�aliculture continue d�utiliser des m�thodes d�pass�es et datant des si�cles ant�rieurs. Il appara�t que le v�ritable bond en avant ne peut �tre atteint que si l�on se d�cide une fois pour toutes � lancer une politique de massive irrigation qui, au lieu d��tre orient�e vers les melons et les past�ques, touchera de plus en plus de terres c�r�ali�res. C�est une question strat�gique et le minist�re de l�Agriculture devrait y penser s�rieusement. Bien s�r, il faudra aussi continuer � accorder des cr�dits aux instituts de recherche pour la s�lection des meilleures semences adapt�es aux diff�rents sols et poursuivre la m�canisation des fermes. Les statuts juridiques sont flous et une bonne politique fonci�re devient une n�cessit�. Enfin, et apr�s une longue parenth�se, l�habitat rural a re�u de gros budgets et l�on peut dire que le gourbi rural, logis de la majorit� des Alg�riens avant l�ind�pendance, a totalement disparu, remplac� par ces cubes de b�ton qui poussent comme des champignons partout.
R comme R�volution agraire : beaucoup d�encre a coul� sur la R�volution agraire, �uvre incomprise et dont le r�le premier �tait d�installer une v�ritable r�volution dans les rapports de production � la campagne, avec le noble objectif de hisser le paysan au r�le de citoyen moderne. Men�e tambour battant sous l��gide de walis soucieux de pr�senter des rapports positifs, la R�volution agraire fut marqu�e par une conduite bureaucratique. La collectivisation pouss�e a fortement nui � la bonne marche des coop�ratives. Au lieu d�opter pour d�autres formes pr�vues par la Charte comme l�association d�entre-aide ou les coop�ratives de services, ce fut la formule la plus difficile qui fut choisie partout. Rien n�emp�chait les agriculteurs de se regrouper pour exploiter en commun l�eau ou se partager le mat�riel agricole, ce qui aurait �t� une meilleure mani�re de les sensibiliser � l�esprit coop�ratif. Mais les autorit�s voulaient le maximum de Capra (coop�rative de production). La d�magogie aura �t� en fin de compte l�arme fatale pour la R�volution agraire. Par ailleurs, le mal qui touchait les exploitations de la RA �tait inexistant dans l�autre secteur �socialiste�, celui des fermes autog�r�es. Ce sont elles qui produisaient les oranges, mandarines, dattes et vignoble pour le vin, produits export�s en tr�s grandes quantit�s dans des bateaux affr�t�s par l�OFLA et qui inondaient les quais de l�Europe, de l�URSS et de la Scandinavie, avec quelques tentatives sur l�Am�rique. Enfin, si elle ne connut pas un succ�s �conomique, la R�volution agraire aura permis de d�placer des centaines de milliers de paysans vers les villages agricoles socialistes, v�ritables cit�s modernes pourvues de toutes les commodit�s et noyaux d�un nouveau monde rural. Ce mode r�v� par les martyrs ! A la mort du pr�sident Boumedi�ne, le projet des 1 000 villages fut abandonn� et les fameux villages d�figur�s�
S comme S�tif : le cas de cette wilaya, ainsi que celui de BBA, toute proche, est int�ressant � plus d�un titre. Voil� des zones connues pour la c�r�aliculture et qui se retrouvent depuis les ann�es 90 propuls�es dans le monde de l��lectronique et de l��lectrom�nager, avec de tr�s nombreuses unit�s qui tournent � plein rendement et qui approvisionnent le march� national et international. Les r�alisations titanesques de Condor qui, malgr� un incendie qui a ravag� ses installations, s�est red�ploy�e d�une mani�re courageuse, sont un exemple de la volont� qui anime cette nouvelle race d�entrepreneurs qui ont rompu avec l��industrie du tournevis� pour encourager une production int�gr�e conduite par des ing�nieurs alg�riens sortis des universit�s du pays. Alors qu�� l�Ouest, l�ENIE innove de son c�t� en maintenant la qualit� de ses produits et en lan�ant de nouveaux appareils, BBA et S�tif rivalisent dans l�innovation. L�installation du g�ant Samsung � associ� � Cevital � a donn� une dimension internationale � ces p�les d�une industrie �lectronique authentiquement nationale. Citons aussi LG dont le mat�riel performant attire de plus en plus de clients et le national Iris aux prix �tonnamment comp�titifs !
T comme troubles : l�histoire de ces cinquante ann�es ne fut pas exempte de troubles et d��v�nements tragiques. La condamnation du colonel Cha�bani fut la premi�re grande �affaire� de l�ind�pendance. En dehors du fait qu�ils se regardaient en �chiens de fa�ence� lorsqu�ils se rencontraient dans les couloirs du minist�re de la D�fense, je n�ai pas retrouv�, dans les diff�rents t�moignages publi�s, la moindre implication prouv�e de Boumedi�ne dans la condamnation du jeune officier sup�rieur. L�acte �tait sign� Ben Bella et Boumedi�ne ne si�geait pas au tribunal qui l�a condamn� � mort. La chute de Ben Bella en 1965 entra�na des manifestations qui se sold�rent par quelques morts et l�arrestation de nombreux �opposants�. Mais, en m�me temps, cet �v�nement permit � de tr�s nombreux autres, arr�t�s pour un �oui� ou pour un �non� par les milices de Ben Bella, de retrouver leur libert�. En d�cembre 1967, Tahar Zbiri et quelques officiers lanc�rent leurs chars sur Alger. Une op�ration qui, selon ses auteurs, �tait impos�e par la n�cessit� d�exiger la d�mocratie. Mais, mal pr�par�e, elle tourna au drame. Au cours de la m�me p�riode, Boumedi�ne sera touch� dans un attentat � l�arme automatique mais il s�en sortira apr�s un tr�s bref s�jour � l�h�pital. On peut �voquer les morts troubles de Khider, Krim Belkacem et Medeghri. Autre fait myst�rieux : le fameux largage d�armes pour des maquis kabyles pr�sum�s. Les �affaires� s�arr�tent un moment mais la grande vague de tueries et de destructions massives qui commence par l�assassinat de Boudiaf va faucher la vie de 200 000 Alg�riens. Puis, il y eut l�affaire Mecili, non �lucid�e � ce jour. Nous esp�rons que c�est la derni�re�
U comme UMA : n�e suite � la rencontre Chadli-Hassan II, l�Union maghr�bine �tait beaucoup plus un club de chefs d�Etat qu�une v�ritable entreprise d�int�gration �conomique. En dehors des visites et des r�unions sectorielles qui ne d�bouchent sur rien, aucune action d�envergure n�a vu le jour. Alors que des ensembles r�gionaux sont arriv�s � la cr�ation d�un espace de libre circulation des biens et des personnes et � l�unification de la monnaie, le Maghreb uni ne vaut que par les tentatives de nos voisins de profiter d�une manne p�troli�re dont on nous dit qu�elle arrive � sa fin. Par ailleurs, une autre Union que nous avions d�nonc�e d�s sa naissance, l�UPM, �uvre de Sarkozy, tentait de maintenir les liens de d�pendance de nos pays vis-�-vis de l�Europe. Teint�e de n�ocolonialisme, cette Union �tait vou�e � l��chec. Nous le disions d�s son premier jour. Et elle vient d��chouer lamentablement parce qu�il lui manquait l�essentiel : l�assentiment des peuples tenus � l��cart de ces gesticulations. Alors qu�elle visait haut en termes d��conomie et de commerce (au profit du Nord, bien entendu), l�UPM ignorait totalement la libre circulation des populations.
V comme Vert (barrage) : ces tout derniers jours, � l�occasion d�un s�minaire � Alger, plusieurs pays se sont int�ress�s au barrage Vert et ont voulu visiter le site o� il a �t� �rig�. J�ai eu la chance de le parcourir de bout en bout au cours d�un reportage r�alis� avec l�aimable autorisation du Haut-Commissariat au service national. C�est une bande longue de 1 200 kilom�tres et large de 17 kilom�tres qui va de la fronti�re ouest � la fronti�re est. Son r�le �tait de prot�ger le nord en emp�chant l�avanc�e du d�sert. Ce sont les jeunes du service national qui ont plant� les millions d�arbres sortis des p�pini�res de l�arm�e. Organis� en 5 groupements et en plusieurs sous-groupement, ce chantier a permis � de nombreux jeunes venant de diff�rentes r�gions de notre pays de se conna�tre et de nouer, autour de l�ex�cution d�une t�che exaltante, les liens qui resteront longtemps apr�s la fin du service national. J�ai vu des appel�s conscients de participer � une �uvre grandiose et lorsque je rencontre quelques-uns, parfois de vieux messieurs aujourd�hui, ils me redisent les m�mes mots de fiert� et de mobilisation qu�ils m�avaient gliss�s au cours de nos rencontres des ann�es 1970. A l��poque, je pensais qu�ils avaient re�u des instructions. Aujourd�hui, et apr�s avoir r��cout� le m�me langage du c�ur, je sais qu�ils parlaient d�eux-m�mes !
W comme Warda : celle qui fut la grande Diva consid�r�e comme la successeuse d�Oum Keltoum, est d�c�d�e � quelques encablures de ce cinquantenaire qu�elle c�l�brait dans un tr�s beau clip de Nedjma. Sa disparition nous fait rem�morer ces noms magiques d�artistes g�niaux qui ont consacr� leur vie � la d�fense de la R�volution alg�rienne, aussi bien au cours de sa phase lib�ratrice que lors des t�ches d��dification nationale. Il est inutile de les citer car nous risquerions d�en oublier quelques-uns, mais qu�ils soient tous remerci�s et qu�ils soient enterr�s � El-Alia ou dans n�importe quelle bourgade de Kabylie, des Aur�s ou de l�Ouarsenis, leurs images et leurs voix continueront de briller dans le grand album de la post�rit�. Parlant de culture en g�n�ral, on ne peut oublier ces monuments de la litt�rature, du cin�ma, du th��tre, des beaux-arts, de la BD qui ont traduit les sentiments du peuple pour plus de libert� et de justice et magnifi� ses �lans g�n�reux tout au long de ces cinquante ann�es de luttes incessantes pour la dignit� et la prosp�rit�.
X comme x�nophobes : sommes-nous un peuple raciste ? Alors que nous passons notre temps � d�noncer les exactions dont sont victimes nos compatriotes en Europe, nous nous posons rarement la question de savoir comment nous r�agissons devant les �trangers, notamment ces fr�res africains qui viennent chez nous, fuyant la s�cheresse, la faim et la mis�re ! A vrai dire, le miroir, s�il venait � �tre interrog�, ne nous renverrait pas forc�ment la meilleure image de nous-m�mes. Alors que du c�t� populaire, un racisme latent est perceptible, les autorit�s choquent par les op�rations de lutte brutale contre le ph�nom�ne de l�immigration clandestine � nos fronti�res sud.
Y comme Ya El Bahdja : celui qui a connu Alger, ne peut l�oublier ! Cette belle ville est une tache de lumi�res et de couleurs pos�e sur les flancs des collines verdoyantes qui l�enserrent, face � l�immense mer qui lui sert d��crin bleu. Alger ne se raconte pas ; elle se vit dans ses jardins exotiques, dans ses escaliers magiques, dans ses ruelles travers�es par des courants d�air portant les effluves du port et inond�es de ce soleil exact, rev�che qui chasse l�obscurit� jusque dans les cuisines aux volets clos, quand la sardine et les frites barbotent dans l�huile chaude. Alger s�est embellie : le grand parc de Ben Aknoun, prot�g� par un d�cret pr�sidentiel, a les allures d�un immense poumon de la ville et nous esp�rons que les pr�dateurs des espaces verts le laisseront tranquille. Un m�tro, un tramway, des �quipements modernes en cours ou � venir, le grand monument aux morts qui veille sur l�autre c�t� de la ville, comme un fr�re du mausol�e de Sidi Abderrahmane pench� sur le pendant ouest, Alger de 2012 n�a plus rien � voir avec la ville coloniale. Mais, au fond de ses yeux, la colombe chant�e par tant d�artistes, garde ses charmes d�antan intacts. La vie populaire y est simple, solidaire, fraternelle, comme au temps de La Casbah et m�me si les conditions sont de plus en plus difficiles, le sourire d�un vieux sur un banc public ou quelques bribes de discussions avec un jeune d�El Aquiba vous aideront � retrouver notre vieil Alger, celle que nous porterons toujours dans nos c�urs, nous qui l�avons vue se b�tir aux nouvelles normes de l�ind�pendance, nous les enfants de 1962.
Z comme Zidane : �Zizou� serait-il arriv� au sommet du football mondial s�il avait jou� pour le compte de l��quipe nationale ? La question m�rite d��tre pos�e car beaucoup regrettent que le joueur n�ait pas �t� retenu par un s�lectionneur des Verts. Certes, Zidane a surtout brill� dans des clubs prestigieux, hors de son pays, la France. Mais jouer pour les Bleus n�est pas comme jouer pour les Verts et le championnat du monde 1998 fut l�occasion pour lui de briller au firmament du football plan�taire. Zidane est alg�rien morphologiquement m�me s�il est de nationalit� fran�aise. Cela prouve que le joueur de notre pays a des pr�dispositions qui peuvent lui permettre d�aller loin pour peu que les conditions soient r�unies. Ces conditions sont celles du football moderne : organisation, �quipements, pr�paration, r�cup�ration. Zidane fut un tr�s grand joueur comme l�ont �t� Mekhloufi, Lalmas, Belloumi ou Madjer. La nouvelle cuv�e comporte aussi des perles rares. Il faut s�en occuper s�rieusement et ne pas faire de distinguo entre joueurs �voluant ici et en Europe. Pour avoir bris� la sacrosainte r�gle de Sa�dane n�accordant aux locaux que de tr�s rares opportunit�s, le nouvel entra�neur des Verts a trouv� ici-m�me des attaquants qui font honneur � ce football offensif que nous aimons tant ! En parlant de sport, comment ne pas rappeler la formidable �pop�e du d�but 1980 lorsque la grande r�forme sportive des ann�es 1970 a commenc� � porter ses fruits : deux champions du monde en athl�tisme d�un seul coup, des participations honorables � diff�rents tournois olympiques et des prouesses enregistr�es dans de nombreux sports. L�abandon de cette r�forme et l�entr�e massive de la �chkara� (sacs de fric) dans le monde du sport ont r�duit tous ces efforts � n�ant�
M. F.

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