Soirmagazine : L�entretien de la semaine
PR MUSTAPHA GUENANE, CHEF DE SERVICE ANESTH�SIE-R�ANIMATION � L�H�PITAL SALIM-ZEMIRLI, AU SOIRMAGAZINE
�L�accident de la route n�est pas une fatalit�


Par Na�ma Yachir
Pensez-vous que la sensibilisation suffit � elle seule pour r�duire nombre d�accidents ? La sensibilisation c�est bien, � condition qu�elle soit soutenue. Que la vigilance doit toujours �tre de mise.
Cela ne doit pas �tre circonstanciel, elle doit pas �tre une simple campagne. Mais elle ne suffit pas. Elle doit �tre suivie d�actions dissuasives. Dans le travail de sensibilisation, il faut dire qu�il reste beaucoup � faire. Mourir dans accident de la route ne doit pas �tre une fatalit�. C�est une mort �vitable.
Le nombre d�accidents de la voie publique et accidents de la circulation a atteint des proportions alarmantes. On parle aujourd�hui d�une v�ritable h�catombe ; la sonnette d�alarme est tir�e, et les campagnes de sensibilisation demeurent parfois inefficaces. Dans cet entretien, le Pr Mustapha Guenane revient sur ce fl�au, ses causes et ses cons�quences.

Soirmagazine : Aujourd�hui, le nombre d�accidents de la route est effarent. En tant que professeur, dirigeant un service comme le v�tre, quelles en sont, selon vous, les causes ?
Pr Mustapha Guenane : Je dirais que la vitesse est la premi�re cause des accidents, mais elle n�en est pas la seule. L��tat des routes, l�imprudence des automobilistes, le non-respect du code de la route, la conduite dangereuse, l�incivisme des automobilistes, le nombre de voitures qui ne cesse d�augmenter, sont autant de facteurs qui sont � l�origine de ces accidents. Je voudrais toutefois insister sur un facteur qui, � mon avis, est tr�s important et qu�on oublie souvent, c�est la conduite en �tat de fatigue. Plusieurs accidents mortels ont �t� enregistr�s parce que l�automobiliste a perdu le contr�le de son v�hicule sous l�effet de la fatigue. Il suffit d�une fraction de seconde, et c�est le drame. C�est pourquoi, et afin de ma�triser ses r�flexes et agir vite, il est fortement conseill�, apr�s deux heures de conduite, de se reposer 15 � 20 minutes. D�o� la n�cessit� de multiplier les aires de repos, bien s�r avec toutes les commodit�s que cela implique. Cela encouragerait les conducteurs � s�arr�ter, se reposer et reprendre la route. Une route pas �clair�e et o� il n�y a rien � des kilom�tres � la ronde, qui n�inspire aucune s�curit�, dissuaderait plus d�un. J�insiste aussi sur la multiplication des radars. Il faut que les conducteurs se sentent �pi�s � tout moment.

Quels sont les traumatismes les plus fr�quents que vous traitez ?
Cela va du monsieur qui conduit le bras hors du carreau, et qui arrive � notre service le membre arrach�, au trauma le plus lourd qui est le traumatisme cr�nien grave. Dans ce cas, c�est le pronostic vital qui est engag�. C�est le handicap le plus redout�. D�abord on cherche � sauver la victime, mais le handicap est l�. Il faut dire que lorsque nous recevons un accident� ayant subi un traumatisme cr�nien c�est une �plante verte � que nous r�cup�rons, nous sauvons la victime tout en essayant de r�duire au maximum le handicap.

Les victimes sont-elles le plus souvent des femmes ou des hommes, et quelle est leur moyenne d��ge ?
Les victimes sont souvent des jeunes hommes. Les femmes sont en qui se d�place. On pr�pare le bless� avant son transfert � l�h�pital. Chez nous, malheureusement, les malades sont �vacu�s n�importe comment. Les ambulances sont pourtant dot�es d�un collier cervical, qu�on n�utilise pas. Tout bless� grave, pour n�importe quel m�decin ou secouriste, a une fracture du rachis (moelle) jusqu�� preuve du contraire, c�est-�-dire apr�s que les examens radiologiques ou le scanner l�aient confirm�e ou infirm�e. Donc le port du collier cervical est vital. Il arrive souvent que la victime n�a pas de l�sion du rachis lors de l�accident mais un mauvais transport la provoque, d�o� interne. Il y a des gestes n�cessaires � faire (tension, oxyg�ne, transfusion) tous les services doivent �tre concern�s par l�urgence. Il y a toujours un geste � faire pour le pronostic vital, ensuite fonctionnel pour minimiser le handicap.

Pensez-vous que les �quipements dont est dot� l�h�pital r�pondent au nombre important des accident�s de la route ?
Combien de bless�s recevez-vous par jour ? �Peut mieux faire� et on aspire � mieux faire pour am�liorer la prise en charge des bless�s. Par rapport � l�environnement, nous arrivons � faire des miracles. Au risque de me r�p�ter, tout d�pend, bien s�r, dans quel �tat nous arrive la victime. Cette ann�e, nous recevons en moyenne 31 bless�s par jour. Le nombre est en hausse par rapport � l�ann�e derni�re o� nous avons trait� quotidiennement 19 bless�s.

Peut-on dire que la saison estivale est plus propice aux accidents ?
Oui. Les gens sont en vacances, ils se d�placent beaucoup plus. Et qui dit trafic important, dit multiplication des risques d�accident. Donc il va sans dire que la surveillance doit �tre renforc�e. En parlant de vacances, je voudrais attirer l�attention des amoureux de la mer et des sensations fortes. Je parle des plongeons. Nos jeunes sont inconscients et se pr�tent souvent � des concours dans ce domaine sans mesurer les cons�quences. Nous avons re�u ceux qui ont tent� l�aventure, mais que nous n�avons pas pu les sauver. D�autres ont eu la vie sauve mais se retrouvent aujourd�hui t�trapl�giques, clou�s sur un fauteuil roulant � la fleur de l��ge le restant de leur vie. Moralit� : les plongeons sont � �viter. Et c�est souvent des jeunes dont l��ge ne d�passe pas 20 ans qui en sont les victimes. Les amateurs de jet - skis ne sont pas en reste. Nous avons sauv� derni�rement un jeune qui a �t� heurt� par un jet-ski. Maintenant ils se baladent � quelques m�tres du rivage.

Pensez-vous que la sensibilisation suffit � elle seule pour r�duire nombre d�accidents ?
La sensibilisation c�est bien, � condition qu�elle soit soutenue. Que la vigilance doit toujours �tre de mise. Cela ne doit pas �tre circonstanciel, elle doit pas �tre une simple campagne. Mais elle ne suffit pas. Elle doit �tre suivie d�actions dissuasives. Dans le travail de sensibilisation, il faut dire qu�il reste beaucoup � faire. Mourir dans accident de la route ne doit pas �tre une fatalit�. C�est une mort �vitable.

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