Soirmagazine : ATTITUDES
Les Samaritaines


Par Na�ma Yachir
naiyach@yahoo.fr
En ce deuxi�me jour de l�A�d El-Fitr, dans le service d�oncologie du Centre Pierre et Marie Curie d�Alger, des malades, aux portes de la mort, g�missent. Le corps fr�le, le visage �maci�, les yeux au regard absent, ils implorent Dieu d�att�nuer leurs souffrances.
Des femmes sont entour�es de leurs proches venus plus nombreux pour l��v�nement. Dans cette ambiance de tristesse qui ressemble � un jour de recueillement, des jeunes filles belles et avenantes, coquettes pour la circonstance, �cument les chambres. Les bras charg�s de g�teaux, elles en offrent aux visiteurs apr�s un �a�dkoum moubarek�. Elles s�approchent des malades, et avec toute la douceur du monde, elles prient avec elles afin que le Tout-Puissant exauce leurs v�ux. D�autres leur offrent de jolis foulards qu�elles ont le plaisir de choisir elles-m�mes. Puis, discr�tes, elles quittent le service pour d�autres. Ce sont des b�n�voles qui, pour certaines, se sont constitu�es en association pour redonner le sourire � des milliers de malades, venir en aide � ceux et celles qui, loin de leur famille, attendent un petit r�confort. Ces adolescentes, au grand c�ur, ont fait le choix de partager ces moments de plaisir en ce jour de f�te avec ceux que la maladie a �loign�s des leurs. Elles sont conscientes aujourd�hui, � force de c�toyer la souffrance, voir les patients � un stade terminal de la maladie, d�autres, hurlant de douleurs, suppliant Dieu de mettre fin � leurs tortures, ou encore les voir partir, que nul n�est � l�abri du malheur. Elles n�imaginent plus passer ces journ�es de joie avec les siens alors que d�autres, frapp�s par le destin, sont clou�s sur un lit d�h�pital, terrass�s par le mal. Elles ont compris que leurs gestes, leur pr�sence, leur sourire att�nueraient, l�espace de leur passage, leurs peines. C�est tout cela qui fait le bonheur de ces petits anges. Rien n�a plus d�importance pour ces Samaritaines, ni la maman ni le papa, encore moins le petit ami. Leur noble mission vaut tous les sacrifices. Elles sont convaincues que ce jour-l� leur place est dans les h�pitaux aupr�s des malades qui les guettent, parce qu�elles savent que ce sont elles leurs rayons de soleil dans cet environnement morose. Le soir, de retour � la maison, nos bienfaitrices, �puis�es par une journ�e riche en �motion, ne pensent qu�� une chose : se retrouver seules avec elles-m�mes. Les yeux clos, elles d�filent dans leur m�moire tous les faits, gestes et paroles de toutes ces femmes qui m�nent un combat au quotidien contre ce mal qu�elle qualifie de tra�tre, et qui finit toujours par les vaincre. Elles n�oublieront jamais cette phrase m�morable souffl�e par Nora sur son lit de mort qui se bat avec un courage exemplaire contre ce �tra�tre� : �Tu sais, ma fille, la maladie purifie.�

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