Culture : LE TH��TRE ALG�RIEN 50 ANS APR�S L'IND�PENDANCE
L��ge de raison ?


Cinquante ans apr�s l'ind�pendance du pays, le th��tre alg�rien tente de renouer avec sa gloire pass�e et rompre � jamais avec ses ann�es de t�tonnements.
En t�moigne le d�veloppement actuel de la production th��trale, m�me si les professionnels du quatri�me art s'abstiennent de parler de v�ritable �mouvement� th��tral tant que cette production, aussi prolixe soit-elle, demeurera conjoncturelle. Apr�s la d�cennie noire qui l'a plong� dans le marasme, voire la d�cadence, le th��tre alg�rien est entr� dans une p�riode de transition qui promet des lendemains meilleurs, estiment les sp�cialistes du quatri�me art qui misent en cela sur la floraison de jeunes talents. Pour le dramaturge et com�dien Rachid Bena�ssa, il est tout � fait clair que le th��tre alg�rien conna�t aujourd'hui un essor avec l'�mergence d'une nouvelle g�n�ration d'hommes et de femmes de th��tre au talent av�r� malgr�, dit-il, une formation et un encadrement insuffisants. Le metteur en sc�ne Omar Fetmouche estime, de son c�t�, que les jeunes talents issus de l'Institut sup�rieur des m�tiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel d'Alger, des th��tres amateurs ou encore des coop�ratives th��trales permettent un certain optimisme. L'audace dont font montre ces jeunes en s'attaquant, sans complexe, au r�pertoire mondial, notamment la trag�die et le th��tre de l'absurde, est de bon augure pour l'avenir du th��tre dans notre pays, souligne le directeur du Th��tre r�gional de B�ja�a (TRB). Evoquant le d�veloppement de la production th��trale, le critique de th��tre Brahim Noual pr�cise que le soutien de l'Etat aux divers projets initi�s dans ce secteur est pour beaucoup dans l'�mergence de nouveaux talents qui apportent un regard neuf, notamment sur les plans esth�tique et culturel. Si le th��tre alg�rien a su s'imposer au cours des cinquante ans d'ind�pendance, notamment dans les ann�es 1970 et 80, gr�ce � des monuments tels Mustapha Kateb, Abderrahmane Kaki, Kateb Yacine, Abdelkader Alloula, Azzedine Medjoubi, qui lui ont donn� ses lettres de noblesse, sans oublier les pionnier Mahieddine Bachtarzi, Mohamed Touri et Allalou, ce ne fut pas sans peine et des probl�mes subsistent � ce jour. Pour Slimane Bena�ssa, le th��tre alg�rien souffre moins d'une �crise de texte� ou �de public� que d'une crise de politique th��trale. Le secteur ne dispose pas d'une politique � part enti�re � m�me de le porter, de le promouvoir et, surtout, d'encourager les gens du m�tier, notamment les jeunes, estime-t-il. Afin de pallier ce probl�me, il pr�conise d'imprimer une dynamique au mouvement th��tral � travers une synergie entre la t�l�vision alg�rienne, les propri�taires de salles de th��tre et les cr�ateurs pour drainer le public. L'auteur de Boualem zid el gouddem et Babour Ghrak plaide en outre pour la prise en charge culturelle� des �l�ves dans les �coles alg�riennes d�s le primaire, en leur inculquant l'amour des arts en g�n�ral et du th��tre en particulier. Un avis partag� par le dramaturge Fetmouche qui estime qu'on ne saurait parler de �crise des textes� devant la multitude d'�uvres litt�raires (roman, po�sie, r�cit, etc.) dans lesquelles les dramaturges peuvent puiser. Ce qui fait d�faut au th��tre alg�rien, selon lui, c'est de v�ritables auteurs rompus aux techniques de l'�criture dramatique. Il d�plore aussi l'absence d'une critique th��trale efficiente et objective. Selon lui, celle-ci se limite aux tentatives de journalistes non sp�cialis�s ou de jeunes de l'Institut sup�rieur de th��tre qui se contentent de produire les fiches techniques des diff�rentes pi�ces th��trales. Forc�ment, l'�criture dramatique ne peut qu'en p�tir, poursuit-il. Cela dit, de nombreux professionnels du th��tre estiment que tant qu'il y a de la cr�ation, il y a n�cessairement de la critique. Autre probl�me auquel se heurte le quatri�me art en Alg�rie, l'absence de public que l'homme de th��tre Mohamed Badaoui impute aux th�mes des pi�ces th��trales. Les auteurs dramatiques actuels �ne sont pas au diapason de la r�alit� de la soci�t� actuelle �. �Ils sont confin�s dans le th��tre �officiel� dont les textes ne correspondent pas � la r�alit� �, estime l'auteur de Dja�far Bouzahroune, alias Jeff Lachance. Le fait que le th��tre alg�rien soit domin� par les adaptations est la preuve d'un d�ficit de cr�ation, encha�ne-t-il. Pour de nombreux sp�cialistes du quatri�me art interrog�s par l'APS, le choix linguistique dans le th��tre alg�rien peut poser probl�me. D'aucuns estiment que la langue rev�t une importance primordiale dans le th��tre et vont jusqu'� dire que si elle n'est pas choisie avec minutie, elle risque de provoquer une rupture entre le com�dien et le public. D'autres consid�rent, au contraire, que la langue n'est pas aussi importante dans le th��tre contemporain. Pour Omar Fetmouche, le probl�me de la langue ne se pose pas, puisque, pr�cise-t-il, le th��tre contemporain est une langue universelle o� le langage corporel, le jeu sc�nique, le d�cor et l'�clairage fusionnent pour donner vie � des tableaux v�hiculant des messages et o� le dialogue importe peu. Slimane Bena�ssa est du m�me avis. A l'�poque, les com�diens alg�riens ont �t� les premiers � utiliser la langue dialectale pour pouvoir acc�der au public qui ne comprenait pas la langue classique, dit-il. Mais les jeunes d'aujourd'hui comprennent l'arabe litt�raire, d'o� �la n�cessit� d'ouvrir la voie � un th��tre d'expression litt�raire�, en �vitant toutefois d'utiliser un idiome h�t�roclite, m�lange de dialectal et de classique. Mohamed Badaoui s'oppose, lui aussi, � un tel idiome h�t�roclite �fabriqu�. Les questions qui int�ressent le citoyen alg�rien doivent �tre trait�es en langue dialectale avec des mots expressifs qui parlent au spectateur car, selon lui, le th��tre est �un discours et un dialogue qui passe par la langue�.

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