Soci�t� : INS�CURIT� ROUTI�RE
Incivisme et anarchie des conducteurs


�Dans la vie comme � la sc�ne�, dit-on ! L�incivisme, d�j� si mal v�cu au quotidien, prend des proportions bien plus p�rilleuses quand il est motoris�. Klaxons rageurs, d�passements dangereux, queues de poisson, refus de priorit�, coups de volant brusques, encombrement de la voie publique, les pr�dateurs m�canis�s soufflent le chaud et le froid sur nos routes, faisant de nous des cadavres en sursis.
L�incivisme au volant a atteint son paroxysme. Chaque jour que Dieu fait, nous assistons, impuissants, � des comportements de conducteurs meurtriers, dont l�arme du crime est l�automobile. D�cid�ment, l�on ne peut que conduire mal lorsqu�on se conduit mal et le volant n�a pas pour r�le d��duquer. �Qu�est-ce qu�il a ?� Qui c�est celui-l� ?� Compl�tement toqu� ce mec-l�, compl�tement gaga�� Comme dans la chanson de Pierre Vassiliu, des toqu�s, ce n�est, h�las, pas ce qui manque sur nos routes. Il y aura toujours un hurluberlu pour se garer en diagonale et en deuxi�me position pour s�acheter un sandwich. Il bloque toute la file derri�re lui, mais ce n�est pas son probl�me. Du coup, de son besoin alimentaire, il en fait une affaire nationale. Imperturbable, froid, rien ne le perturbe. �Ventre affam� n�a point d�oreilles�, dit un vieil adage. Et ce ne sont s�rement pas les � aya si Mohamed� des uns, ni les incessants et stridents klaxons des autres qui vont y changer quoi que ce soit. Quelques encablures plus loin, un conducteur freine brusquement et met le pied � terre. Il vient de reconna�tre une vieille connaissance. Salutations, salamalecs, embrassades, accolades, �change de num�ro de tel, tapes dans le dos� �Comment va la�djouz ? Et sa omra, �c�t� bien pass� ? � � Rien � cirer de la file XXL qui est en train de se former derri�re, paralysant le trafic sur des centaines de m�tres. Incivisme ? Non, c�est culturel� On ne peut plus saluer les amis ou quoi ?!
Attention, femme au volant !

Une femme au volant, notamment, jeune et jolie, c�est comme aller � la guerre sans armes. Queues de poisson, d�passements, insultes, bras d�honneur� y�en a m�me qui se demandent : �Mais, qu�est-ce qu�elle fait l�, cette poule ? Elle aurait mieux fait de rester dans sa cuisine plut�t que de nous encombrer sur �nos� routes !� Eh oui, certains pr�dateurs misogynes, et ils sont nombreux, pensent que le monde ext�rieur ne se conjugue qu�au masculin pluriel. L�ex-terminator motoris� voudrait arriver avant m�me de d�marrer. K2000 fait du surplace � c�t� de lui. Persuad� que la route lui revient � lui seul en h�ritage, il roule � tombeau ouvert, confondant la route avec la piste des 24 heures du Mans. Il appuie de tous ses gros orteils sur le champignon et excite � a�zrayan � qui n�attend que le moment de reprendre du service. Le malheur c�est que cet �cervel� ne veut pas y aller seul. Il tient � entra�ner avec lui le maximum de victimes qui ont eu la malchance de se trouver sur son chemin. Apr�s coup, on vous r�torquera que c�est le Bon Dieu qui l�a voulu. Allah ghaleb, c�est le destin !
En ville, trouver une place pour stationner son auto rel�ve de l�exploit. �a fait exactement trente-six minutes que vous faites le tour du quartier dans l�espoir de vous garer� Que nenni ! M�me les trottoirs sont occup�s par des tas de ferrailles au d�triment des passants, oblig�s de marcher sur la chauss�e. Las de faire des tours de man�ge, vous apercevez enfin, au bout de la rue, un type qui regagne sa voiture. Mais le sieur qui vous a aper�u prend tout son temps. D�s lors, un jeu sadomaso commence entre vous. Lui, sadique jusqu�au-boutiste, grille une cigarette et raconte sa vie de quinqua au t�l�phone. Si vous avez le malheur de manifester votre impatience, le quidam vous aboiera � la figure : � Mazal, ess�bar chouia !� (Je ne pars pas encore, soyez patient). �puis� par tant de compromis, il ne vous reste qu�� faire contre mauvaise fortune bon c�ur. Vous essayez alors de desserrer les dents pour dire merci et vous attendez complaisamment que monsieur daigne enfin vous laisser la place.
L�histoire de l��uf et de la poule !
En auto, � v�lo ou � pied, le danger est le m�me. C�est � se demander d�ailleurs si la cit� a �t� pens�e pour l�automobile ou le citoyen. En fait, si les automobilistes deviennent pi�tons aussit�t qu�ils quittent leur voiture, les citoyens ne sont pas tous n�cessairement automobilistes. La rue leur appartient au premier abord. Ainsi, pour cohabiter en toute s�r�nit� et partager l�espace ext�rieur avec Dame Auto, des passages prot�g�s ont �t� con�us pour permettre aux bip�des que nous sommes de traverser la chauss�e sans se retrouver en pi�ces d�tach�es. Seulement, ces intervalles clout�s ou peints, suppos�s faire ralentir les voitures, ne sont quasiment jamais respect�s. La plupart des automobilistes r�agissent inversement, mettant plein gaz � leur �curie m�canique, manquant de vous envoyer boire le bouillon de onze heures. Selon des statistiques, bon nombre d�accidents en milieux urbain surviennent sur les espaces pour pi�tons. Et dire que c�est l�homme qui a cr�� l�automobile et non l�inverse ! Mais qui a cr�� l�anarchie et son corollaire l�incivisme ? Ce n�est certainement pas la voiture !
Sabrinal

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