Actualit�s : MARCH�S DE SONATRACH
Tapis rouge pour Schlumberger


Apr�s avoir arrach� un march� d�un montant d�passant les 341 millions de dollars, pour des prestations de logging et de testing, la soci�t� de services p�troliers, Schlumberger, est parvenue, au cours de la semaine derni�re, � d�crocher un autre contrat qui la place � la t�te des soci�t�s sous-traitantes de Sonatrach et de ses partenaires en Alg�rie.
Cette fois-ci, la soci�t� franco-am�ricaine a b�n�fici� d�un contrat d�acquisition sismique 3D, dans le cadre du programme 2012-INA, dans le p�rim�tre d�In Am�nas pour le montant de 23,95 millions de dollars. Du coup, les experts constatent que Schlumberger a gagn�, en une semaine, le tiers de ce qu�elle a totalis� depuis 2008.
Les enjeux de la 3D
En d�pit de la concurrence des Chinois et m�me celle de CGG Veritas (qui revient en Alg�rie apr�s 15 ans d�absence), Schlumberger reste � la t�te des contrats relatifs � l�acquisition sismique 3D en Alg�rie. Auparavant, la soci�t� parvenait � conclure des march�s de moyenne envergure, ne d�passant pas le seuil de quelques dizaines de milliers de dollars, mais c�est en 2012 que cette entreprise a obtenu des march�s d�passant 55 millions de dollars en comptabilisant encore celui arrach� en mars, portant sur l�acquisition sismique 3D sur le champ de TFT pour le montant de 31, 36 millions de dollars. A cette allure, Schlumberger est en passe de dominer le march� alg�rien sur le segment des relev�s sismiques. D�autant plus que, durant la p�riode 2012-2016, Sonatrach pr�voit un programme global comprenant la r�alisation de 53 949 km de profils sismiques 2D et 93 468 km2 de profils sismiques 3D. Par sa vision actuelle, Sonatrach met en jeu des milliards de dinars et le plus gros de ces prestations est sous-trait� par les soci�t�s �trang�res alors que les comp�tences nationales sont de plus en plus �cart�es. Il est � se demander comment, en 1976 sous le r�gime socialiste de Boumedi�ne, les relev�s sismiques 2D �taient r�alis�s par des cadres alg�riens et que l�intervention �trang�re n��tait sollicit�e qu�en cas de doute ou d��carts sur les r�sultats alors qu�en 2012, en d�pit de tout l�effort consenti dans le domaine de la formation, Sonatrach consid�re qu�il faut chercher les prestations de 3D chez les soci�t�s �trang�res et d�penser ainsi des millions de dollars qui auraient pu servir � la construction de nouvelles structures de formation et au recrutement des meilleurs experts du monde.
L�ombre de Chakib Khelil
En fait, la prosp�rit� des entreprises �trang�res au d�triment des potentialit�s nationales est le fruit d�une strat�gie destructrice engag�e par Chakib Khelil et consolid�e par l�inertie de l��quipe actuelle. Car, si les faramineux contrats sont d�nonc�s par les puristes du protectionnisme �conomique, on consid�re quelque part qu�il s�agit presque d�un mal n�cessaire. Quand Schlumberger a d�croch�, la semaine pass�e, des march�s de l�ordre de 241 millions de dollars, des experts ont vite fait de tirer la sonnette d�alarme non pas contre la soci�t� �trang�re mais plut�t pour attirer l�attention sur la filiale de Sonatrach, charg�e des services aux puits, les m�mes que propose Schlumberger. L�ENSP (l�Entreprise nationale de services aux puits), qui est cens�e constituer une force de frappe pour Sonatrach, dans les prestations de services aux puits, est disloqu�e aujourd�hui dans un sch�ma organisationnel paralysant et les op�rations de partenariat dans lesquelles elle s�est engag�e semblent devenir un lourd fardeau. C�est l� o� r�side le g�nie de Chakib Khelil. L'ENSP a �t� cr��e en ao�t 1981, dans le cadre de la restructuration du secteur des hydrocarbures, lorsque l�actuel ministre de l�Energie occupait un poste de vice-pr�sident � la Sonatrach. Par cons�quent, il est cens� conna�tre toute l�importance de son activit� et le r�le qu�elle doit jouer dans les �quilibres de Sonatrach, � l�instar de l�ENTP et de l�Enafor. Aujourd�hui, l�activit� du groupe ENSP est domin�e surtout par celle de ses filiales constitu�es en association avec des soci�t�s �trang�res :
- HESP : une filiale cr��e en 1999 entre l�ENSP et Halliburton Energy Service. Elle a pour principale activit�, la r�alisation d'op�rations de diagraphie au niveau des puits verticaux et horizontaux.
- BJSP : une soci�t� mixte cr��e en 1986, en association avec BJ Services, une compagnie internationale de droit am�ricain. Cette filiale a pour missions principales, la cimentation, la stimulation, le coiled tubing.
- BASP : une seconde filiale cr��e en 2003 par Chakib Khelil, entre l'ENSP et Halliburton. Elle a pour vocation la conception, la fabrication et la r�g�n�ration continue des fluides de forage p�troliers.
- MESP : soci�t� mixte, cr��e en 1998 par le groupement MESP avec MEDES (soci�t� italienne, sp�cialis�e dans le traitement des rejets p�troliers). En 2003, ce groupement a �t� transform� en filiale o� l�ENSP g�re 49%, alors que l�italienne MEDES dispose de 51% de l�ensemble des actions.
Le drame dans la politique de gestion de ce groupe r�side dans le fait que Sonatrach soumet l�ENSP � la concurrence avec des multinationales qui sont d�j� pr�sentes dans son capital. Le groupe public devient alors partenaire et concurrent de ses propres associ�s. A titre d�exemple, l�ENSP, qui est actionnaire avec Haliburton dans les filiales Basp et Hesp, se retrouve en concurrence avec Haliburton-m�re dans des appels d�offres lanc�s par Sonatrach. Du coup, l�ENSP est oblig�e de n�gocier sa survie et ses parts de march�s notamment sur les activit�s de logging, de testing et de cimentation o� l�agressivit� des soci�t�s �trang�res fait valoir des technologies qui n�arr�tent pas de progresser et mettre la soci�t� alg�rienne au bas du classement sur les offres techniques. Schlumberger et Haliburton sont les premiers concurrents de l�ENSP sur les segments de son activit�. Alors, on est en droit de poser des questions sur l�opportunit� de poursuivre le partenariat avec ces soci�t�s �trang�res. Suivons ces chiffres : en 2010, l�ENSP a r�alis� un chiffre d�affaires de 8,9 milliards de dinars pour un r�sultat net de l�ordre de 1,82 et 1,2 milliard d�investissements. Compar�s aux chiffres des ann�es pr�c�dentes, les indices de l�ENSP font peur. Tr�s peur. Car, ils t�moignent d�une r�gression inqui�tante et des perspectives sombres. Pour le commun des lecteurs, il faut simplifier les chiffres pour dire que l�ENSP, cens�e constituer l��pine dorsale de Sonatrach, r�alise aujourd�hui une performance inf�rieure � celle de Mobilis.Idem pour la soci�t� Mi- Algeria o� Sonatrach d�tient 40% du capital social. Inconnue des Alg�riens, cette soci�t�, qui a �t� cr��e du temps de Chakib Khelil en partenariat avec une firme am�ricaine, a sem� la confusion dans les milieux p�troliers en Alg�rie. Car, on ne savait plus o� commen�ait Mi- Algeria et o� se terminait Mi-Swaco. Et m�me lorsque Louisa Hanoune a d�nonc� les pratiques de cette entreprise (Mi-Swaco), lors de son passage � l�ENTV en date du 28 janvier 2008, Chakib Khelil ironisait en r�torquant que la pr�sidente du PT cherche � devenir la porte-parole de l�UGTA. Mi-Swaco et l�autre face de la m�me m�daille, Mi-Algeria, occupent une place pr�pond�rante sur une activit� privil�gi�e des services aux puits, qui aurait pu �tre d�volue � l�ENSP s�il existait une r�elle volont� de la remettre sur scelle.
Droit de pr�emption
Mi-Algeria, interface de Mi-Swaco et partenaire de Sonatrach, a vu son capital social changer de mains. Schlumberger a r�cemment acquis l�int�gralit� des actions en circulation de Smith International, d�tenteur du capital de Mi-Swaco et donc d�une partie du capital de Mi-Algeria. Du fait de cette transaction, Schlumberger g�re cinq entit�s : Services p�troliers Schlumberger, WesternGeco, M-I Swaco, Smith Oilfield, et Distribution. Le groupe a aussit�t annonc� des synergies avant imp�t et apr�s co�ts d'int�gration d'environ 160 millions de dollars en 2011 et de 320 millions en 2012. Autrement dit, une politique hautement agressive sur les march�s p�troliers des pays �mergents. C�est le cas pour l�Alg�rie o� le groupe Schlumberger op�re d�sormais avec ses trois facettes : Schlumberger, Mi-Swaco (Mi-Algeria surtout) et WesternGeco, une soci�t� sp�cialis�e dans les relev�s sismiques 3 D, d�j� engag�e dans une int�ressante course r�cemment lanc�e par l'Association Sonatrach/Cepsa. Sonatrach aurait pu s�opposer � cette transaction de fusion entre Schlumberger et Smith International et exercer le droit de pr�emption sur Mi-Algeria, tel que stipul� dans la loi de finances compl�mentaire de 2009. Mais rien n�a �t� fait dans ce sens, car la direction de Sonatrach �tait alors pr�occup�e plut�t par l�achat des actions de Djezzy (Cf. ses d�clarations � ce sujet). Quant � lui, le ministre de Sonatrach, Youcef Youcefi donne l�impression d��tre terroris� par l�id�e de changer une quelconque d�cision prise ant�rieurement par Chakib Khelil. Mi-Algeria ne constitue pas seulement un capital social qui change de portefeuille, mais une entit� qui est devenue importante dans l�activit� de Sonatrach, affirment les experts. En 2010, le rapport de Sonatrach faisait �tat d�un chiffre d�affaires de Mi-Algeria de l�ordre de 7,8 milliards de dinars et un r�sultat net de l�ordre de 1,01 milliard de dinars. Le bilan de 2011 n�a pas encore �t� publi� par Sonatrach. En revanche, le commun des comptables est en droit d�imaginer d�ores et d�j� le bilan de Mi-Algeria pour l�exercice 2012 et les b�n�fices qui seront r�alis�s par Mi-Swaco et, de facto, Schlumberger : le 10 janvier dernier, cette soci�t� a �cartonn� � dans les activit�s de forage et de workover avant de b�n�ficier d�un autre contrat en mai, avec une enveloppe globale de plus de 16,6 milliards de dinars. Avant m�me la fin de l�exercice 2012, Mi-Algeria acquiert ainsi un plan de charge sup�rieur � celui de l�ENSP qui est cens� constituer l�axe de l�effort principal du groupe Sonatrach. Quand cette m�me Sonatrach �voque dans son PMT (programme � moyen terme 2012-2016) le forage de 799 puits d'exploration, dont 86% en effort propre, on devine ais�ment l�ampleur de l�activit� et les opportunit�s qui se pr�sentent aux soci�t�s �trang�res. Avec tr�s peu d�investissements, ces soci�t�s acc�dent au march� alg�rien sans grand effort. Car, Sonatrach emp�che l��volution de ses propres filiales et m�me quand elle les propose au partenariat, c�est toujours la partie �trang�re qui en tire le plus de profits. Conflit d�int�r�t Face � la passivit� de Sonatrach par rapport � toute cette probl�matique, on �voque l�incomp�tence de l��quipe qui g�re le groupe et surtout l�ing�rence de sa tutelle. Tout le monde sait que l�actuel P-dg de Sonatrach ne d�cide rien sans l�aval de son ministre. A son tour, le ministre est d�pass� par la c�l�rit� des �v�nements et ne dispose plus de l��nergie n�cessaire � la gestion de Sonatrach. En outre, dans l�histoire de Schlumberger et Sonatrach, on �voque un conflit d�int�r�t fortement r�primand� par les lois de la R�publique. Ceux qui savent tous ses contours se taisent. Ceux qui sont en mesure de t�moigner se tournent plut�t vers les vertus de l�omerta. Aujourd�hui, nous ne sommes pas dans une logique de comptabilisation des sommes amass�es par Schlumberger et ses tentacules, mais plut�t dans celle d�un amer constat des filiales de Sonatrach cens�es assumer les m�mes t�ches assign�es � ces soci�t�s �trang�res.
Mokhtar Benzaki

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