Soirmagazine : ATTITUDES
L�h�ritage


Par Na�ma Yachir
naiyach@yahoo

Du fond de sa tombe, ce p�re, mort apr�s avoir pass� toute sa vie � se serrer la ceinture, � priver ses enfants de tous les plaisirs de la vie pour construire la maison de ses r�ves, observe ses enfants et petits-enfants se disputer son bien.
Il est pein� pour sa pauvre fille qui l�a rejoint quelques ann�es plus tard, foudroy�e par un cancer et qui ne jouira point de sa �fortune� laissant ses enfants se disputer la part qui lui revenait. Il est outr� par son fils, ce mal-aim� qui n�a jamais aim� que lui-m�me, qui, sans vergogne, ne cessait de le harceler sur son lit de mort : �Tu vas bient�t crever, et tu ne les emporteras pas avec toi. Parle, o� tu as cach� l�argent ?� Il est scandalis� par ce fils qui continue � se comporter comme un nabab en criant � celui qui veut bien l�entendre que la maison est sienne et que personne d�autre n�a le droit d�y franchir le seuil.
- Aujourd�hui je suis loin de lui, il ne peut plus me terroriser. Il �tait o� ce bon � rien quand, pierre par pierre, � la sueur de mon front, je b�tissais ma maison, quand je ne d�jeunais pas et souvent ne dinais pas pour �conomiser ? Mais cette maison, c�est pour mes huit enfants que je l�ai �rig�e ! Il est d�sol� pour son a�n�, le sage de la famille, qui sacrifiait ses week-ends pour le suivre au chantier. Aujourd�hui, ce fils sait tout de la construction pour avoir pass� plus de vingt ans � r�aliser le coffrage, � couler des dalles. Pourtant, il se tuait � lui r�p�ter : �P�re, pourquoi tu t�acharnes ainsi � la besogne, les filles se marieront et quitteront la maison, moi je ne compte pas rester dans cette ville, toi et ma m�re vieilliront et la maison sera trop grande pour vous et ne pourriez faire face � son entretien, � quoi bon ?�
- J�aurais d� l��couter. Il �tait le seul � se soucier de nous.
Il voyait juste. Il est surtout d��u par ses petits- enfants, qui ont d�clar� une guerre des clans en s�alliant au m�chant fr�re qui a reni� le grand parce qu�il voulait lui faire entendre raison, parce que, apr�s la mort des parents, il a men� un combat pour que la famille demeure unie.
- Quel g�chis ! Quelle infamie ! Mes petites-filles, encore des gamines, ont os� affronter leur oncle en lui signifiant haut et fort dans un langage virulent et toute honte bue, qu�elles venaient revendiquer la part de leur d�funte m�re. Elles ont os� apporter leurs bagages pour s�installer dans leur �d�sormais propri�t�. Mais o� est l�honneur de la famille ? J�ai mal, et je me retourne dans ma tombe. Cessez ces hostilit�s. Vous �tes p�tris d�une m�me p�te, le m�me sang coule dans vos veines. Et comme dit un proverbe �gyptien : �Jamais le sang ne deviendra eau.� Ecoutez le sage et laissez mon �me reposer en paix.

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