Le po�te est cet habile cin�aste qui r�alise des images avec des mots. Des mots charg�s de fragments de tableaux irradiant forte �motion, joie extr�me, m�lancolie passag�re et surtout myst�re sans fin.
Mots pr�cieux, simples et recherch�s, quand les moyens faramineux font toujours d�faut. Un mot peut emmener tr�s loin, cr�er des images et du r�ve. Il est l'un des photogrammes sans fin du r�ve. Car le premier film de tous les temps, qui n'avait pas besoin de premier tour de manivelle, est le r�ve. Un film illimit�, sans production ni �quipe technique, au montage libre, inventif et �chevel�, aux histoires personnelles et universelles. Film � �nigmes, d�nou�es � l'aube de chaque matin du monde par l'interpr�tation perspicace de grands critiques qui ont de l'exp�rience � en revendre. Le r�ve, un film jamais en noir et blanc, est projet� dans la t�te, salle g�ode tapiss�e d'un �cran sans hors-champ, illumin� de mille feux ; de chaque humain, de tous les �tres vivants qui sait ? Uniquement en soir�e quand le soleil, ce projecteur � �clairage subtil, r�v�lant un d�grad� de couleurs justes, pour le bonheur des yeux ferm�s, fait place � la nuit, pas am�ricaine, mais universelle. Chaque si�cle accouche difficilement d'un po�te unique. Alors que les faux, en nombre infini, occupent la place vacante, gribouillant des odes filmiques c�l�brant la haine, bouleversant l'intime conviction et salissant le sacr� h�las ! Po�tisant � tout vent, oubliant par obnubilation que le po�te est rare et la po�sie, une beaut� harmonieuse qui s'�clipse parfois, pour un long moment, avant de r�appara�tre, furtive mais d�sir�e comme un bel astre aux mille lumi�res projetant, comme l'avait r�v� Ren� Clair, r�alisateur de films sublimes : �Le silence est d'or�, �Les belles de nuit�, dans le firmament, cet �cran sans fin, parsem� de �stars�, un film magnifique qu'il faut se d�p�cher de voir avant �que vienne le jour�.
Ahmed Zir

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