
Actualités : Le président Chadli inhumé hier au Carré des martyrs
Le président Chadli Bendjedid, décédé samedi à l'âge de 83 ans, des suites d'un cancer, a été inhumé hier au Carré des martyrs au cimetière El-Alia. L'inhumation s'est déroulée dans la stricte observation du protocole qui prévaut en la circonstance pour les chefs d'Etat. L'oraison funèbre, déclamée par Mohamed Cherif Abbas, le ministre des Moudjahidine, s'est voulue un hommage rendu à un homme qui s'est consacré à la libération, puis à l'édification du pays.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Le témoignage, d'où qu'il est
venu, s'est voulu soft, dépouillé de ce qui pouvait marquer la
dissonance avec l'émotion propre au rituel funèbre. Dans le lot de ceux
qui ont accepté de dire un mot sur le défunt et sur son parcours, c'est
paradoxalement l'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, qui a
osé la remarque la plus notable : «Le problème de sa génération est
qu'il lui manquait la planification et le management des projets»,
a-t-il attesté, poussant jusqu'à souligner que Chadli «n'avait pas de
projet politique ». Cependant, Mouloud Hamrouche a concédé au défunt
d'avoir repris et traité les dossiers légués par Houari Boumediène mais
surtout d'avoir consenti à une ouverture politique. «Il a compris que le
système politique ne pouvait régler les problèmes sociaux et politiques,
il a, aussi, entrepris des réformes.» Aux yeux de Hamrouche, Chadli
n'est toutefois pas exempt de reproches. «Il a dû se tromper.» Ahmed
Taleb Ibrahimi, en revanche, aura le témoignage expurgé de tout ce qui
pouvait créer la controverse. Peut-être pensait-il tout le bien qu'il a
dit de l'homme et notait-il bien son parcours et ses réalisations ?
L'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a carrément inscrit son témoignage
aux antipodes des critiques qui ont accablé Chadli de son vivant et à
l'article de la mort. «Il a été injustement critiqué. Il a su garder une
grande réserve, malgré la sévérité des critiques dont il a fait
l'objet.» Ouyahia, qui est arrivé à El- Alia alourdi par sa garde
rapprochée, a également loué le patriotisme du défunt. Dans cet hommage
posthume, Chadli aura même droit à une reconnaissance estampillée
Ouyahia pour les progrès accomplis par le pays durant sa magistrature :
«De 1979 à 1992, le pays a grandement avancé. Chadli était un bâtisseur.
» Moins discret que les années passées, l'autre ancien chef du
gouvernement Ali Benflis a également accepté de témoigner. «C'est un
témoin du siècle. Il était à l'écoute des citoyens.» Cela étant, la
presse n'aura pas la même aisance à faire parler l'ancien ministre de la
Défense Khaled Nezzar. Si ce dernier s'est laissé bombarder par les
flashes des photographes, il n'a consenti aucune déclaration, en dépit
d'une sollicitation appuyée. Les adieux solennels au défunt ont été
prononcés par le ministre des Moudjahidine qui, dans son oraison
funèbre, a beaucoup plus mis l'accent sur le parcours du moudjahid qu'a
été Chadli, son sens de l'organisation militaire et sa bravoure. Mohamed
Cherif Abbas a, entre autres, attesté du rôle joué par Chadli Bendjedid
dans la professionnalisation de l'ANP. Chadli Bendjedid, troisième
président de la République algérienne, a été accompagné à sa dernière
demeure par la quasi-totalité des responsables politiques et militaires,
en poste ou anciens. Le président Bouteflika, les membres du
gouvernement, les hautes autorités militaires, des responsables de
partis et d'associations ont été à El-Alia pour l'ultime adieu au
défunt. Chadli Bendjedid a été enterré à côté de l'autre président,
Ahmed Ben Bella, décédé, lui, en avril dernier.
S. A. I.
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