Contribution : QATAR
Monde unipolaire et lib�ralisme obsc�ne (13e partie)


Par Ali El Hadj Tahar
Hamad s�me les armes et r�colte des r�gimes � sa botte. Le march� du terrorisme a de beaux jours devant lui. L�ing�rence, c�est une vision sur le long terme. Les plans que Doha veut r�aliser ont certainement �t� dessin�s par ses ordonnateurs de la Maison-Blanche� Ces plans s�appellent nouvel ordre mondial (NOM), selon George Herbert Walker Bush, et Grand Moyen-Orient (GMO), selon son fils.
Elabor� et mis en branle il y a plus de deux d�cennies, le GMO est dans sa phase finale sans que les Arabes se rendent compte. Deux mondes s�opposent : celui auquel appartient le Qatar, et l�autre qui, m�dus�, ne sait m�me pas de quelle direction vient le danger, ou m�me s�il y a danger� Les trois bases militaires �tatsuniennes au Qatar, le r�le jou� au profit des Etats-Unis en qualit� de pion ou d�interm�diaire, ainsi que celui jou� en mati�re d�approvisionnement en hydrocarbures et de leur prix, ajout�s au poids induit par les investissements du QIA dans les pays occidentaux ont produit une sanctuarisation qui, coupl�e � un sentiment de puissance et d�impunit� a donn� � Doha et � son ministre des Affaires �trang�res et Premier ministre, cheikh Hamad bin Jassem bin Jabor Al-Thani, ce ton agressif dont il ne se d�partit jamais. Ce ton thatch�rien semble d�ailleurs mim� sur celui des derniers diplomates am�ricains, fran�ais et anglais, parmi lesquels Hilary Clinton, Condoleezza Rice, Alain Jupp�, Laurent Fabius et William Hague, et qui trahit un sentiment de sup�riorit� au sein du bloc occidental depuis que le contrepoids sovi�tique et chinois a disparu. Il traduit aussi l�appartenance � un lib�ralisme impitoyable o� une poign�e de privil�gi�s vivent de la sueur d�une majorit� de travailleurs expatri�s et sans droits. Et si le monde de demain serait aussi impitoyable que ce prototype de l�Etat machiav�lique, ce Qatar que l�on veut cloner sur les pays arabes d�abord ? Le lib�ralisme des 1% de la population mondiale qui tiennent 90% des richesses du globe est en train de dominer, laminant des pays par des guerres et d�autres par des faillites �conomiques programm�es (Gr�ce, Irlande, Islande). Le Qatar et l�Arabie Saoudite jouent le r�le d�agents, et leurs m�dias sont destin�s � remodeler les valeurs religieuses en terre d�Islam � la mode wahhabite pour (�galement) influencer les r�f�rents politiques, �conomiques, sociaux et psychologiques au profit de l��go�sme, du consum�risme, du mondialisme. Ce luxe obsc�ne, ce mat�rialisme excessif, ce culte de l�argent, cette idol�trie des marques, l�exploitation effr�n�e des ressources naturelles sont-ils conformes aux principes islamiques ? Non, ils sont conformes aux crit�res d�un lib�ralisme pr�dateur et gaspilleur, eux-m�mes conformes aux normes wahhabites, celles d�une secte se disant de l�Islam mais qui n�a aucun lien avec les principes moraux et �thiques de l�Islam ou des religions et id�ologies nobles. L�islamisme est un pendant du lib�ralisme sauvage. Son but est �galement de cr�er des citoyens ob�issants qui, dans le meilleur des cas, se contentent de manger et de regarder les gratte-ciel, des citoyens format�s et reprogramm�s � la soumission par l�islamisme de Hamad et des Al-Saoud. Comme ces peuples consommateurs et m�dus�s d�une p�ninsule arabique actuelle qui a perdu tous ses rep�res, pour ne garder qu�un Islam satellitaire mensonger. Et celui qui ne suit pas, on lui envoie Al-Zawahiri, l�ordonnateur de la nouvelle mission qui pourrait s�appeler �Ben Laden acte II� ou �Ben Laden R�surrection III�. Ben Laden, c�est le clone de Bandar Shah, le chef des services de renseignement saoudien, lui-m�me clone de clones d�un pays qui veut � tout prix que le XXIe soit �galement am�ricain.
L�avenir improbable du Grand �chiquier�
La d�rive autoris�e d�un Etat belliqueux traduit le monde actuel o� les Etats-Unis, sentant leur h�g�monie s�envoler, veulent mettre les bouch�es doubles, quitte � s�afficher publiquement avec les monarchies les plus roturi�res et le terrorisme wahhabite, quitte � ce que leur discours sur la �guerre au terrorisme� et celui sur la �promotion de la d�mocratie� ne fassent plus de dupes. Ne leur en d�plaise, le monde unipolaire est condamn� car la position in�branlable de la F�d�ration de Russie et de la Chine sur le refus d�ing�rence en Syrie traduit une volont� de r�tablir l��quilibre d�un monde bipolaire. Le �premier pouvoir global� souhait� par Zbigniew Brzezi�ski, dans �le Grand �chiquier � ne durera pas longtemps en d�pit de la volont� des Etats-Unis et de Doha de le maintenir � coups de dollars et de coups d�Etat d�guis�s en r�volutions. Car il n�est pas normal que, sur la base de principes �labor�s apr�s la Guerre mondiale, la minorit� de la population plan�taire commande l��crasante majorit� sous pr�texte de d�tenir l�arme atomique. L��lectron libre qatari n�est donc pas aussi libre que cela : chacun de ses actes est contr�l� et command� par les Etats-Unis, qui ne sont pas encore gendarmes du monde pour rien. Ils ne laisseraient jamais quelqu�un tripatouiller la carte g�opolitique sans leur consentement ! Ce qu�ils ne consentent m�me pas � l�Angleterre ou la France, ils ne peuvent l�autoriser au Qatar qui, au passage, est autoris� � se remplir les poches, � signer des contrats, � piller comme font les imp�rialistes dont il a choisi la voie. Au m�pris de l�arabit� et de l�islamit� dont il se targue. Cela s�est pass� en Mauritanie, durant la visite officielle de l��mir du Qatar et de sa d�l�gation, d�but janvier 2012 : venu en terre amie, Hamad s�est cru en terre conquise : �Lors de sa deuxi�me et derni�re rencontre avec le pr�sident mauritanien Mohamed Oueld Abd Al Aziz, Sa Majest� qatarie s�est mise � conseiller � son interlocuteur d�op�rer des changements politiques dans le sens de l�ouverture et de la d�mocratisation, afin notamment de s�ouvrir � l�opposition locale, islamiste comme par hasard. A un moment de la conversation, l��mir Hamad a carr�ment recommand� au pr�sident mauritanien de prendre langue avec son opposant n�1, cheikh Mohamed Belhassen Oueld Dadou, chef des islamistes locaux.� A partir de l�, le ton est mont� et le pr�sident Abd Al Aziz a accus� l��mir de s�immiscer dans ses affaires int�rieures, s�est d�clar� solidaire du pr�sident Bachar Al-Assad et a qualifi� les �r�volutions arabes� de �complots�. Du coup, l��mir exportateur de �r�volutions� et sa suite �sont repartis seuls � l�a�roport de Nouakchott, sans �tre accompagn�s par leur h�te mauritanien. Le pr�sident Abd Al Aziz aurait m�me interdit � ses ministres de le remplacer dans cette circonstance !� Puis une information tomba dans le quotidien mauritanien Al-Siraj, disant qu�Oueld Abd Al Aziz avait �t� pr�venu par des sources s�curitaires arabes que Doha visait � le renverser. Aujourd�hui, c�est la Syrie qui est dans le viseur. Les cibles qataries sont les ra�s et les Etats-nations les plus modernes, la�ques de pr�f�rence. En d�pit des fac�ties de Kadhafi, et des clich�s qu�on lui attribue, le guide libyen a �difi� un pays en partant du seul sable laiss� par le colonialisme pr�dateur ottoman et le colonialisme italien : durant toute la campagne de pr�dation contre le pays en 2011, les cam�ras ennemies n�ont pas trouv� un seul bidonville � montrer pour justifier l�agression contre le �dictateur� dont le peuple dormait le ventre plein. Pourquoi les Qataris qui ont beaucoup moins de droits que les Libyens n�ont-ils pas eu de �printemps arabe� ? Ce sont les r�alisations et les projets d�investissement de la Jamahiriya (notamment la zone franche qui allait concurrencer celle du Golfe) qui ont �galement d� d�ranger ses ennemis. La Syrie, quant � elle, c�est un �tat qui s�assure une autosuffisance dans les domaines strat�giques alors que ses films sont vus dans tout le monde arabe et ses m�dicaments export�s vers une trentaine de pays, dont l�Alg�rie. Il n�y a pas eu de Mohamed Bouazizi en Syrie, non qu�il n�y ait pas de pauvret� ou d�insuffisances mais les indices �conomiques �taient positifs ; et s�agissant de droits et libert�s, il faut �tre vraiment malhonn�te pour lui pr�f�rer l�Arabie Saoudite et le Qatar, ces donneurs de le�ons !
Un monde bipolaire pour la s�curit� de l�humanit�
Le remodelage du Moyen-Orient et d�une partie de l�Afrique et de l�Asie s�inscrit dans des vell�it�s de domination ancienne mais revues apr�s la chute du communisme. La Maison-Blanche les avait d�cid�es et annonc�es il y a vingt ans de cela, le New-York Times du 8 mars 1992 ayant publi� un document �manant du Pentagone qui dit textuellement : �Le d�partement de la D�fense affirme que la mission politique et militaire des Etats-Unis, dans la p�riode de l'apr�s-guerre froide, sera de s'assurer qu'il ne soit permis � aucune superpuissance rivale d'�merger en Europe occidentale, en Asie, ou sur le territoire de la CEI (Communaut� des Etats ind�pendants). La mission des Etats-Unis sera de convaincre les rivaux �ventuels qu'ils n'ont pas besoin d'aspirer � un r�le plus important ni d'adopter une position plus agressive, les dissuader de d�fier notre supr�matie ou de chercher � renverser l'ordre politique et �conomique �tabli.� Vingt ans seulement apr�s la chute du communisme, la Russie ressort du froid et la Chine s�affirme comme un vrai g�ant mondial. Les Etats-Unis sont en d�clin, face � un Poutine revigor�, des pays du Brics (Br�sil, Russie, Inde et Chine et Afrique du Sud) qui ne se laissent pas marcher sur les pieds et une Organisation de coop�ration de Shanghai (OCS) qui veut s�imposer. Dans ce contexte de comp�tition et de crise �conomique, Obama cherche � restaurer la pax americana mais dans le cadre d'un effort collectif (l�Europe et les Etats alli�s) contre d�autres efforts collectifs, ceux d�une Russie et d�une Chine refusant l�h�g�monie unipolaire. Le Qatar agit dans le cadre de ce plan visant aussi le d�membrement de la nation arabe, le remodelage des fronti�res, selon des crit�res religieux, confessionnels, ethniques et linguistiques. D�j� l�Irak et la Libye peinent � �tre gouvern�s, le Soudan est divis�, le Mali idem, l�avenir de la Palestine est incertain, sans parler de la Somalie. Cependant, la restructuration du monde pour s�emparer des richesses des petits a aussi des ennemis pr�ts � d�fier l�h�g�monie des puissants. Le Qatar est une force financi�re articul�e sur une denr�e p�rissable, le gaz, sur des investissements � l��tranger et une s�curit� assur�e par les Etats-Unis. Pareille fragilit� n�est pas suppos�e inciter au bellicisme, ce que les Emirats ont compris et que le Kowe�t a bien m�dit� depuis son invasion par l�Irak. Autrefois, de grands pays dont l�Inde de Nehru, l�Egypte de Nasser et la Yougoslavie de Tito ont pr�f�r� former le mouvement du non-alignement qui proclame la neutralit�, au lieu d��tre les oblig�s d�un bloc ou de l�autre ou de jouer de leur rivalit�. Ils savaient pourtant qu�entre les grands, la situation �tait celle d�une �paix impossible, guerre improbable�, pour reprendre l�expression consacr�e de l��poque, mais la sagesse d�une diplomatie assure la s�curit� des peuples ou m�me de toute une r�gion en sacrifiant parfois l�int�r�t mat�riel. C�est Obama, le prix Nobel de la paix, qui fera les guerres les plus cyniques de l�histoire am�ricaine, sur la lanc�e d�un GMO redynamis�e par un Qatar qui s�y investi de tout son poids financier, diplomatique, militaire et m�diatique. Pour ce faire, celui qui investit dans la Champions League et la Ligue 1 prend la Ligue arabe pour un moulin d�o� il chasse qui il veut et donne la parole � un Erdogan qui y fait des discours excommunicateurs sans en �tre membre ! La diplomatie takfiriste, excommunicatrice, pr�vaut maintenant dans une organisation arabe aux ordres de l�OTAN.
A. E. T.
(A suivre)

1. http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2012/01/09/2676461_quatar-le-qatar-mis-a-la-porte-par-la-mauritanie.html
2. http://www.reopen911.info/News/2012/06/28/11-septembre-robert-bowman-ex-directeur-du-programme-us-de-guerre-des-etoiles-accuse-dick-cheney-pour-les-attentats-du-119-video/,

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