Actualit�s : Enqu�te
DISSENSSIONS, REDRESSEMENT
Que cache la crise des partis politiques ?


Enqu�te r�alis�e par Brahim Taouchichet
On imagine quelle t�te a fait Soufiane Djilali, pr�sident de Jil Jadid, en apprenant l�agr�ment octroy� � un nouveau parti �Jil Jadid horr� !! Du reste, il n�est pas le premier � conna�tre � ses d�pens le machiav�lisme d�une administration qui pratique � souhait la formule �diviser pour mieux r�gner�. Rappelons feu le PSD (Parti social d�mocrate) n� juste apr�s les �v�nements d�octobre 1988. Une crise pr�fabriqu�e entre le pr�sident Adjerid (aujourd�hui d�c�d�) et le bureau ex�cutif qui emporta le premier parti du pluralisme politique apr�s une confrontation mortelle entre PSD I et PSD II.
Depuis, la m�thode n�a pas chang� faisant ses preuves pr�s d�un quart de si�cle (d�j�) apr�s l�instauration du multipartisme. Crise et dissensions n��pargnent aucun parti, ancien ou nouveau. Apr�s avoir, pendant longtemps, mis toutes les demandes d�agr�ment sous le boisseau, le minist�re de l�Int�rieur finit par en d�livrer au compte-gouttes puis ouvrir carr�ment les vannes � qui mieux-mieux. Nous nous acheminons vers la centaine de partis, une fa�on comme une autre de noyer le poisson, comme dira le professeur Zoubir Arous (voir l�entretien). La mouvance qui se faisait fort de son unit� de fa�ade a vol� en �clats. A ce titre �Taj� repr�sente la derni�re manifestation de ces soubresauts. A ces facteurs exog�nes se greffent les causes de conflits internes o� les int�r�ts personnels sur fond de rivalit� et d�appartenance clanique prennent parfois la forme de manifestation violente. Les coups de force l�gendaires du plus vieux parti, en l�occurrence le FLN, sont l�gion et semblent d�sormais faire partie des m�urs de cette formation politique divis�e en trois tendances : le mouvement de redressement et de l�authenticit� d�o� �mergent le trublion Mohamed Seghir Kara, la Coordination nationale des membres du comit� central et enfin la tendance du s�nateur Abderezak Bouhara. Tous veulent la t�te de l�actuel secr�taire g�n�ral Belkhadem qui r�siste �trangement encore � toutes les attaques. Son �b�b� moustachu �, nous dit le politologue Rachid Grim, fait face � une dissidence ouverte de l�ancienne secr�taire g�n�rale de l�UNFA (Union g�n�rale des femmes alg�riennes) qui entend ainsi se venger du pr�sident du RND qui ne l�a pas mise sur la liste des �ligibles � l�Assembl�e nationale du 10 mai dernier. Point n�est besoin de citer tous les cas de �mouvements de redressements� d�sormais de mode quand on ne peut que se d�soler de l�extr�me pourrissement dans lequel est mis le FNA de Moussa Touati. En tout cas, toute la constellation de partis politiques actuels ou � venir fait les frais d�un syst�me d�termin� � leur laisser juste des miettes d�une rente p�troli�re qui les fait tous fantasmer. On comprend, au vu des avantages escompt�s, les luttes f�roces men�es � l�int�rieur de ces formations politiques. A l��vidence, le pouvoir m�ne bien son jeu et ma�trise � merveille �son multipartisme � gr�ce � une architecture savamment mise en place. Aux partis de faire de la figuration et int�grer ainsi le jeu d�un syst�me qui n'entend pas se laisser doubler surtout pas par des partis qui mangent dans sa main. Mais � s�entourer de coquilles vides et faire croire � un vrai multipartisme, les d�cideurs ne font-ils pas courir � sa perte un syst�me qu�ils entendent sauvegarder � n�importe quel prix ? Afin d�avoir un avis averti sur la crise qui secoue les partis politiques, qu�ils soient de l�Alliance pr�sidentielle, de la mouvance islamiste ou les autres, nous avons sollicit� des personnalit�s de renom qui ont eu � frayer et � faire les frais de la fr�quentation du syst�me.

Dr AHMED BENBITOUR, ANCIEN CHEF DU GOUVERNEMENT
�La raison fondamentale de l�existence d�un parti est absente�
La force d�un parti politique vient de sa capacit� � mobiliser des militants qui lui permettent de gagner des �lections.
Le votant s�adresse � l�urne pour choisir un repr�sentant dans le pouvoir l�gislatif pour que s�il est dans la majorit�, il formera un nouvel ex�cutif ; s�il est dans la minorit�, il formera une capacit� de contr�le pour surveiller le travail du gouvernement. En ce qui concerne l�implication dans le pouvoir ex�cutif, la raison d��tre d�un parti politique est de r�aliser une majorit� dans le Parlement, ce qui lui permet de former le gouvernement. Il se trouve que, contrairement aux constitutions dans les autres pays et dans les pays voisins notamment, la Constitution alg�rienne ne fait aucune obligation au chef de l�Etat de choisir le gouvernement dans le Parlement et encore moins dans la majorit�. En ce qui concerne le pouvoir l�gislatif, le parti politique doit, par sa pr�sence dans le Parlement, travailler � initier et faire passer des lois. Apr�s trois l�gislatures, aucun projet de lois n�a �t� initi� par le Parlement. Plus grave encore, le Parlement adopte des ordonnances sans d�bat ! La raison fondamentale de l�existence d�un parti politique est absente. La crise des partis politiques est, par cons�quent, inscrite dans la nature du syst�me politique. Lorsque le pouvoir en place ferme la porte aux contre-pouvoirs et cherche � contr�ler la communication politique qui circule dans la soci�t�, il emp�che la r�traction et aveugle les tenants du pouvoir sur la complexit� des probl�mes. Alors, les institutions s�effondrent sous l�effet combin� du mensonge, de la d�sinformation, de l�inefficacit� et de la corruption. Donc, la premi�re raison de la crise dans les partis politiques vient de la nature du syst�me politique. La deuxi�me vient du mode de fonctionnement. Les missions d�un parti politique sont au nombre de quatre :
� l�information des citoyens ;
� la repr�sentation, c'est-�-dire le rep�rage des candidats potentiels aux prochaines �lections. C�est donc une mission permanente et non de circonstance � la veille de chaque �lection ;
� la s�lection et la formation du personnel politique ;
� la d�finition des strat�gies politiques et des programmes � mettre en �uvre � l�arriv�e au pouvoir. Il faut, �galement, un syst�me d��lection clair, qui permette de :
� d�signer facilement le repr�sentant ;
� bien conna�tre les r�gles du jeu ;
� mesurer imm�diatement la port�e de son vote ;
� ne pas craindre les combinaisons ;
� conna�tre la personnalit� de l��lu qui s�occupe de la circonscription. Toutes ces conditions sont absentes du syst�me de vote de liste qui a �t� compliqu� par le crit�re du quota et celui du pourcentage minimum de voix recueillies. Elles le sont dans le syst�me de vote uninominal � deux tours. Ce sont les �l�ments qui permettent de comprendre les raisons des crises dans les partis politiques.
B. T.

MUSTAPHA BOUHADEF, EX-PREMIER SECR�TAIRE NATIONAL DU FFS
�Une machine autoritaire, r�pressive et anti-d�mocratique�
La crise du FFS, dont les �lections l�gislatives ont �t� le r�v�lateur, n'est pas n�e le 10 mai 2012 ; elle est le r�sultat d'une d�rive en gestation depuis plus longtemps.
A la lumi�re de mon exp�rience personnelle, je pense qu'elle remonte au moins jusqu'� 2004, quand j'�tais d�sign� premier secr�taire national par le pr�sident du parti (ndlr : Hocine A�t Ahmed). J'avais propos�, pour la constitution du secr�tariat national, la nomination d'un jeune cadre incorruptible tr�s brillant que le pr�sident lui-m�me consid�rait comme tel, selon des informations recueillies � partir de sources cr�dibles. Alors que ma proposition �tait accept�e le soir, le lendemain matin, le pr�sident me demande de la rejeter sans aucune explication. Je compris que le �cabinet noir� avait agi durant la nuit pour qu'intervienne ce revirement inattendu !!!! Puis, pour la nomination du secr�tariat national, chacune de mes propositions �tait syst�matiquement rejet�e avec des pressions pour installer certains � des postes sensibles. J'ai d�cid� alors de d�missionner de mon poste moins de trois mois apr�s ma nomination tout en restant membre du parti avant de le quitter d�finitivement en 2007. Avec le recul, je comprends mieux l'acharnement avec lequel on voulait m'imposer un secr�tariat national d�cid� ailleurs... Il leur fallait pr�parer les conditions optimales pour le changement de cap du parti. Cela se traduisit par la mise en place d'une machine autoritaire, r�pressive et anti-d�mocratique. Ainsi, on d�cida d'exclure �les militants qui cherchent � comprendre�, et on alla jusqu'� tabasser � l'int�rieur du si�ge national un certain 26 d�cembre 2006 ceux venus de l'int�rieur du pays, dont des anciens de 1963, en pleine nuit et sous une pluie battante. Ces militants voulaient protester contre la d�viation du parti de ses principes originels ; m�me les adh�sions et le renouvellement des cartes �taient centralis�s au niveau le plus �lev� du parti. Cette machine a fini par emporter m�me ceux qui �taient charg�s de la faire fonctionner. On est arriv� � un point tel d'autoritarisme que toutes les d�cisions importantes du parti �taient prises en dehors des structures habilit�es � le faire. On comprend d�s lors le deal pass� avec des clans du pouvoir sur le dos des pauvres militants. On en conna�t une partie (les l�gislatives). Attendons la suite ! Quant au multipartisme, il ne se mesure pas au nombre de partis agr��s mais au nombre de programmes politiques diff�rents. Par ailleurs, il existe des partis qui ne sont que des prolongements des clans du pouvoir (�).
B. T.

SOUFIANE DJILALI
�Les partis : des organisations tremplins pour acc�der � la reconnaissance sociale et � la rente�
Comme tout ph�nom�ne de soci�t�, et la probl�matique de la dissidence dans les partis politiques en est un, les causes en sont multiples et agissent en synergie.
L�Etat de droit et la d�mocratie ne peuvent �tre construits qu�avec une organisation politique de la soci�t� sous forme de courants politiques stables, identifiables et diff�rents les uns des autres. Or, la culture du parti unique, la violence des ann�es 90 et les manipulations incessantes du pouvoir ont emp�ch� toute maturation des partis politiques. La dynamique de la dissidence s�est tr�s t�t ancr�e dans une �non culture� partisane et cela pour de nombreuses raisons.
Les raisons directes internes

Elles qui agissent comme �l�ments d�structurant des organisations politiques. Nous pouvons citer l�absence de r�gles de droit sinon formelles dans le fonctionnement des partis. En g�n�ral, le �leade??� ou l�homme fort du parti agit selon ses propres int�r�ts politiques imm�diats et arbitre au sein de sa formation en fonction de son propre positionnement. C�est en r�alit� la r�plique parfaite de l�organisation du pouvoir �tatique. Les partis fonctionnent sans r�gles d�mocratiques, sans alternances sinon par la violence (symbolique, politique ou m�me physique) et sans esprit de corps. Les partis sont des organisations tremplins pour acc�der � la reconnaissance sociale et souvent � la rente. Il n�y a pas de doctrine s�rieuse ni d�engagement politique sur la base de convictions partag�es. Pour contrecarrer ces ph�nom�nes, il faut instaurer le �parti de droit�, la limitation des mandats des ex�cutifs (� commencer par le poste du leader du parti) et par une formation politique interne cons�quente produisant une �culture de parti�. Bien entendu, une doctrine sp�cifique doit faire office de �ciment�. Ces raisons internes d�pendent donc de la formation politique elle-m�me. Il y a �galement des raisons directes, mais cette fois-ci externes aux partis politiques. C�est essentiellement l�interdiction de cr�ation des formations politiques appliqu�e depuis 1999. La contradiction flagrante entre un multipartisme de connivence et l�interdiction de nouvelles formations ont entra�n� l�exasp�ration des conflits � l�int�rieur des formations puisque ne pouvant trouver un exutoire aux divergences politiques dans de nouvelles formations. Durant plus d�une d�cennie, des cadres politiques ont �t� mis sous pression : soit ils luttaient � l�int�rieur de leur parti aux risques de lui faire perdre toute coh�rence, soit ils quittaient la sc�ne politique. Cela a alors fonctionn� comme une �cocotte minute� en engendrant division et haine � l�int�rieur des partis. Toujours dans ce registre, l�administration manipul�e par le pouvoir en place s�est donn� toute latitude pour intervenir dans les conflits internes pour les exacerber puis arbitrer en fonction de ses propres choix. C�est l�administration qui d�cide, �en derni�re instance�, qui doit diriger telle ou telle formation gr�ce au s�same du quitus (voir par exemple l�actuel conflit au sein du FNA). Ces facteurs externes d�pendent donc du pouvoir.
Les raisons indirectes

Elles rel�vent d�un �tat d�esprit g�n�ral du pays, d�une forme de sous-culture qui se d�veloppe dangereusement. La morale publique est en d�liquescence. Les ambitions d�mesur�es sans freins, l�avidit�, la recherche d�une source de rente ont pollu� l�espace politique. Cette �tat d�esprit est encourag� par le pouvoir, lui-m�me pratiquant sans retenu la pr�dation avec une forme de populisme et de m�diocrit� extr�mes. Il n�y a donc plus de rep�res ni de balises. N�importe quel �militant� estime �tre en situation de devenir leader et d�acc�der � la rente. C�est toute une sous-culture qui est devenue h�g�monique dans le milieu politique. La conjugaison de ces diff�rents facteurs conduit naturellement � la d�multiplication des crises internes aux partis politiques.
B. T.

RACHID GRIM, POLITOLOGUE
Chasseurs de postes contre militants
Les causes de la crise (ou plut�t des crises) qui secoue les partis politiques alg�riens ont pour d�nominateur commun une absence totale de militantisme sinc�re et une volont� du pouvoir en place d�emp�cher toute possibilit� de vrai changement.
L�absence de militantisme sinc�re au sein de la multitude de partis politiques � anciens et nouveaux � est une donn�e permanente du syst�me politique alg�rien depuis l�instauration du multipartisme en 1989. L�objectif principal des �militants� des partis politiques n�est pas de faire aboutir un projet de soci�t�, un combat pour une vie meilleure pour l�ensemble de la soci�t�, la justice sociale, la lutte contre la corruption et les maux sociaux, etc. Leur objectif, c�est d�abord et avant tout d�occuper un fauteuil : d�put�, s�nateur, ministre, pr�sident d�APC ou d�APW, etc. Des postes qui leur assurent � ainsi qu�� leurs proches � le partage de la rente. Quelle que soit la tendance du parti � nationaliste, islamiste, d�mocratique, etc. �, le jugement ci-dessus est av�r� : des crises profondes secouent tous les partis, presque sans exception et ont pour causes des m�contentements de personnes qui n�ont pas atteints leurs objectifs personnels parce que les responsables de leurs partis les en ont emp�ch�s ou les en emp�chent : certains cr�ent des frondes parce qu�ils n�ont pas �t� choisis pour �tre candidats � une �lection ; d�autres parce qu�ils n�ont pas �t� �lus � cause d�une mauvaise place dans la liste ou d�une mauvaise strat�gie �lectorale des dirigeants. D�autres encore, parce qu�ils veulent prendre la place des dirigeants actuels pour garantir leur avenir politique, etc.
L��poque des militants pourchass�s

Le jugement peut para�tre excessif. Il l�est certainement un peu, parce qu�il existe des militants sinc�res, au moins dans certains partis, connus pour leur combat pour l�instauration d�un r�gime r�ellement d�mocratique. Mais l� encore, il est facile de se rendre compte qu�il s�agit d�exceptions tr�s rares et qui plus est ne sont vraiment v�rifiables que pour la p�riode o� ces partis �taient interdits (FFS, PAGS, MDA, partis de la mouvance trotskiste, etc.) et leurs militants pourchass�s et o� il fallait une tr�s forte dose de conviction et de courage pour militer. Ce n�est absolument plus le cas. Tr�s peu de temps apr�s l�instauration du multipartisme, les militants sinc�res ont disparu, remplac�s par des chasseurs de postes, sans convictions et sans �tat d��me, passant souvent d�un parti � un autre qui leur offre de meilleures opportunit�s en termes de postes, de carri�res et d�enrichissement. Avec de tels militants, il n�y a rien d��tonnant que le champ politique soit en crise et que chacun des �grands� partis traverse en permanence des zones de fortes turbulences. En fait, tout cela est voulu pour permettre la p�rennit� du syst�me politique en place. Ce syst�me mis au lendemain m�me de l�ind�pendance avait �t� tr�s fortement contest� en octobre 1988. Contestation qui a abouti � la l�galisation d�une multitude de partis politiques qui esp�raient instaurer l�alternance, mais dont la division �tait telle qu�elle a permis au syst�me ante de rena�tre de ses cendres et de se revivifier. Le multipartisme qu�il a conc�d� n�a rien chang� � la r�alit� du pouvoir qui est rest� entre les mains des vrais �d�cideurs�, qui continuent de tout contr�ler et manipuler.
Trois grandes tendances
Le champ politique actuel compte trois grandes tendances repr�sent�es chacune par plusieurs partis politiques.
-Les nationalistes conservateurs repr�sent�s en premier lieu par le FLN, un g�ant aux pieds d�argile � qui les derni�res �lections l�gislatives ont donn� une majorit� � l�APN, tout en exacerbant la crise existentielle qui le traverse. Cette victoire, qui lui a �t� octroy�e par le syst�me, ne lui a m�me pas permis de prendre la t�te du nouveau gouvernement d�sign� par le pr�sident. Ce camp avait �t� rejoint en 1997 par le RND, le � b�b� moustachu� n� d�une dissidence au sein du FLN et du besoin du r�gime de redorer son image ternie par la gabegie du syst�me FLN qui avait r�gn� sans partage pendant trois d�cennies. Il comprend aussi d�autres petits partis qui surfent sur l�id�ologie nationaliste, dont ils ont fait un fonds de commerce. Tous connaissent des crises majeures, n�es des suites des derni�res l�gislatives qui les ont lamin�s. Les crises n�ont rien � voir avec les principes fondamentaux d�fendus par les partis. Elles n�ont pas d�autres explications que la d�ception de leurs membres de n�avoir pas �t� �lus, de n�avoir pas �t� choisis comme candidats, de n�avoir pas �t� mis � une bonne place sur les listes ou tout simplement d�avoir �t� �cart�s des postes de d�cision.
La deuxi�me tendance : les partis de la mouvance islamiste
Ceux qui faisaient partie de l�Alliance pr�sidentielle et ceux qui �taient dans �l�opposition �. Tous ces partis connaissent une forte crise. La plus grave �tant celle du HMS, qui avait cru son heure venue pour devenir majoritaire � l�APN (� la suite du mouvement de fond cr�� par les printemps arabes) et qui avait claqu� la porte � l�Alliance pr�sidentielle pour se mettre dans l�opposition. Une erreur fatale qui lui a fait perdre le peu de cr�dibilit� et d�influence politique qu�il avait auparavant et qui l�a fait imploser. L� encore, ce sont les int�r�ts personnels des �militants� qui l�ont emport�, au d�triment de l�entrisme, la ligne politique invent�e et mise en �uvre par le d�funt Mahfoudh Nahnah. Les ministres HMS, en compagnie de nombreuses grosses pointures du parti, ne voulaient pas quitter l�Alliance et ont rejoint le parti cr�� par Amar Ghoul, l��toile montante de l�islamisme mod�r�, qui a dynamit� son parti d�origine pour pr�server son avenir politique personnel et celui de sa tendance politique. Les autres partis de la mouvance, y compris ceux cr��s au moment des l�gislatives du 10 mai 2012, ont aussi �t� lamin�s et connaissent des crises d�intensit� plus ou moins forte selon l�importance des espoirs mis dans une victoire aux �lections. Soltani, Menasra, Djaballah et les autres auront du mal � se relever de la d�route du 10 mai. La contestation au sein de leurs partis ne fera qu�augmenter, surtout s�ils n�arrivent pas � s�affirmer au moment des �lections locales et de wilayas de novembre 2012. - La tendance d�mocratique, elle aussi, n�est pas sortie indemne des l�gislatives de 2012 et de la politique d�ostracisme d�velopp�e contre elles par le pr�sident Bouteflika. Seule exception � cette r�gle, le RCD qui avait eu la bonne id�e de les boycotter. Le FFS, l��ternel �boycotteur� est sorti exsangue de sa participation au scrutin. Un vent violent de contestation a suivi les pi�tres r�sultats obtenus (m�me s�ils avaient �t� corrig�s � la hausse, ajoutant de l�eau au moulin des contestataires, qui affirmaient qu�il y avait eu au pr�alable un arrangement entre A�t Ahmed et le pouvoir). La crise continue aujourd�hui encore et a de fortes chances d�emporter son premier secr�taire, qui sera certainement sacrifi� pour tenter d�apporter un peu de calme. Mais le mal est fait et le plus vieux parti de l�opposition aura beaucoup de mal � se relever de la crise actuelle. Les autres partis de la mouvance, PT compris, connaissent eux-aussi des crises plus ou moins profondes. Crises qui pour la plupart sont n�es � l�occasion des derni�re �lections l�gislatives. Y avoir particip� ou non ; avoir d�croch� ou non quelques strapontins � l�APN ; avoir ou non �t� choisi pour participer au nouveau gouvernement ; tout cela a servi de pr�texte pour envenimer le climat d�l�t�re qui plombait d�j� ces partis. Pour certains � l�ANR en t�te � c�est pratiquement la scission.
Menace sur le pluralisme politique
Est-ce que ces crises sont une menace pour le multipartisme ? La r�ponse est positive, bien que mitig�e. Positive dans la mesure o� elles affaiblissent consid�rablement les partis politiques concern�s ; surtout ceux qui participent concr�tement � la vie politique : les partis de l�Alliance, ceux qui sans �tre dans l�Alliance participent au gouvernement, ceux qui ne sont pas dans l�alliance mais y sont proches (le PT, par exemple) et les grands partis de l�opposition. Les crises multiformes que connaissent ces partis cr�ent une vraie menace sur leur existence m�me : des craintes justifi�es existent quant � la capacit� de certains de ces partis de r�sister � la lame de fond qui risque de les emporter et de les faire disparaitre. Positive aussi, � cause de la tendance g�n�rale de l��volution du syst�me politique alg�rien, depuis l�arriv�e au pouvoir du pr�sident Bouteflika. Celui-ci n�a jamais cach� sa pr�f�rence pour un syst�me qui comprendrait une majorit� de partis �amis� qui formeraient un bloc dominant la vie politique du pays. C��tait le sens de l�Alliance pr�sidentielle qui se voulait un bloc comprenant des partis des trois tendances principales alli�es sous la banni�re du pr�sident. Seul ce bloc a droit � la parole et � une existence visible. Les partis qui ne font pas partie de l�Alliance et surtout qui se positionnent dans une vraie opposition sont victimes d�un ostracisme qui les rend invisibles. C�est ce type de syst�me politique que conna�t le pays depuis le d�but des ann�es 2000 et que la tendance actuelle tente de perp�tuer. Un multipartisme th�orique et virtuel qui en fait est un r�gime non assum� de parti dominant. Le parti dominant �tant ici la somme des partis qui soutiennent le pr�sident et qui de fait n�existent et n�activent que gr�ce � lui.
B. T.

PROFESSEUR SMA�L HARITI, DIRECTEUR DU CENTRE DES �TUDES STRAT�GIQUES AMEL EL-OUMA
�Les partis : l�autre face du populisme en Alg�rie�
Parler de crises des partis politiques, c�est consid�rer que ces partis ont r�ellement une pratique politique car je suis de ceux qui croient qu�ils en sont loin.
Mon avis rejoint ceux nombreux qui ont conscience que la politique dans son acception r�elle signifie l'art de diriger, sagesse et clairvoyance, lucidit� et pr�vision et la capacit� � rassembler, mobiliser et unir autour d'id�es, de principes et de valeurs ainsi que le respect du point de vue de l'autre. C'est une vision politique, �conomique et culturelle, et la capacit� � les traduire en projets capables de prendre en charge les pr�occupations de la soci�t�. Les partis, qui ont conscience de la politique et sa pratique dans la vie des gens, sont une �cole de formation des militants pour la pratique de la d�mocratie et ce qu'elle implique comme convergence d'id�es et l'�coute de l'avis de l'autre et � le respect de celui de la majorit�. C�est le droit � la minorit� de s'exprimer � l'int�rieur des structures du parti sans risque d'�tre exclue ou marginalis�e. Ainsi, il est de la responsabilit� de ces partis �politiques� de former ses militants � l'alternance pacifique pour les postes de responsabilit�s dans les structures du parti. C'est de cette mani�re que les militants pourront acqu�rir les avantages de la d�mocratie et ceux de la c�xistence des id�es diff�rentes et diverses. Par cette pratique se d�veloppera une atmosph�re de libert� et de respect entre les militants et envers les cadres renfor�ant ainsi le front int�rieur face � toute ing�rence de l�ext�rieur. Compte tenu des toutes ces donn�es, nos partis �politiques � s'inscrivent-ils dans ce sch�ma ? La r�ponse est �videmment non ! Ils sont plut�t proches de la politique politicienne que de la pratique r�elle de la politique. Cela signifie que nos partis fonctionnent pour les int�r�ts personnels de certaines cat�gories de leurs dirigeants et ceux qui gravitent autour au d�triment des principes et des valeurs qui ont pr�sid� � leur cr�ation. Je peux m�me affirmer qu'ils sont devenus l'autre face du populisme en Alg�rie. Cela pousse au d�part des militants comp�tents et sinc�res et � la coupure de la soci�t�, en particulier les jeunes. Ces facteurs endog�nes facilitent le jeu du pouvoir qui recourt tour � tour � la r�pression et l'octroi d'avantages, et � la tactique �diviser pour r�gner� depuis l'apparition du multipartisme et ainsi le r�duire � n�ant, jeter le discr�dit et susciter la d�fiance envers les formations politiques. Nous pouvons affirmer qu'aujourd'hui le pouvoir a r�ussi dans ses objectifs trac�s depuis les ann�es 1990 � faire en sorte que ces partis se divisent en clans et se d�chirent. Avant m�me qu'un incendie ne soit �teint dans un parti, un autre se d�clenche ailleurs. Ce ph�nom�ne n'�pargne pas aussi les partis de cr�ation du pouvoir car les d�cideurs ne veulent pas d'un parti fort qui risque de se retourner contre eux. Cela prouve que les tenants du syst�me n'ont pas de tendance politique ou id�ologique. Ils ne sont mus que par leurs int�r�ts � profiter des richesses du pays au d�triment du peuple. En conclusion, on peut dire que l'�chec du multipartisme en Alg�rie est le fait du pouvoir en premier lieu et les partis en second pour les raisons invoqu�es plus haut. On ne peut revivre le pluralisme politique du d�but des ann�es 1990 en dehors d'une volont� politique du syst�me et la bonne compr�hension de la politique et sa capacit� � la diffuser � l�int�rieur de la soci�t� et permettre l��mergence d�une classe politique qui sera � l��coute du choix du peuple de ses repr�sentants dans les structures de l�Etat.
B. T.



Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/10/14/article.php?sid=140260&cid=2