Voxpopuli : VIVRE � CHLEF
�Douara� et �Bouzelouf�, le premier jour


�On frappe � la porte ! Va vite ouvrir !� cria ma m�re � mon petit neveu. �C�est l��gorgeur, Mamy !� r�pondit le petit. Effectivement, Ali le boucher ambulant et professionnel du rituel de l�abattage �tait devant la porte.
Il �tait accompagn� de son fils de 12 ans qui tenait un sac en jute � la main. S�rement les outils de travail de Ali. On le fit rentrer au milieu de la cour et apr�s quelques embrassades et re-embrassades et un petit moment d�di� au questionnaire de �comment allez-vous ? comment �a va�?� Ali se tourna enfin vers le mouton de l'A�d, l�objet du sacrifice qui �tait li� avec une corde dans un coin de la cour. Il le d�lia rapidement et le prit par les cornes en le tirant vers lui, aid� par son fils qui le poussait par derri�re. Il le ramena juste au milieu de la cour et le fit coucher sur son flanc, toujours aid� par son fils. Ensuite, il prit le couteau de la main droite et tenant la t�te du mouton de la main gauche et, apr�s avoir r�cit� des versets coraniques, il passa la lame coupante sur la gorge du mouton par deux fois. Le sang gicla et inonda rapidement le sol, sous les yeux fixes des enfants et des adultes qui regardaient perplexes la saign�e du mouton de l�A�d. Aussit�t apr�s, le mouton �tait suspendu par ses pattes arri�re � une corde attach�e � une traverse pour �tre d�pec�. La lame du couteau glissait rapidement entre la chair et la peau du mouton et la carcasse commen�ait � appara�tre, s�par�e de la peau laineuse. La grand-m�re �tait assise � l��cart et assistait, silencieuse, � la �c�r�monie�. Elle �tait entour�e de ses petits-enfants, dans un coin retir� de la cour, pr�s de la lessiveuse et de la bouteille de butane, dans l�attente de l�arriv�e de la t�te du mouton �zellif� qui tardait � �tre s�par�e du corps du mouton. Finalement, Ali sectionna la t�te et les quatre pattes qu�il remit � la vieille. Elle commen�a aussit�t � faire griller la t�te et les pattes sur la �tabouna� pour les d�barrasser des poils et des impuret�s. Ensuite, Ali, � l�aide de son cran d�arr�t, vida la carcasse du mouton de ses boyaux et de sa panse et sectionna d�un coup sec la trach�e art�re avec ses poumons, le c�ur et le foie qu�il d�posa dans une bassine en plastique. La carcasse d�agneau est arros�e d�eau pour la laver des taches de sang. Elle paraissait tr�s propre et �r�ussie�. Ali �l��gorgeur� �tait fier de son travail : tout le monde �tait content de la belle carcasse, certes un peu grasse, mais sa viande fra�che donnait d�j� de la salive aux bouches. Entretemps, les abats �taient lav�s � grande eau et d�barrass�s de toutes leurs salet�s pour �tre pr�par�s et cuisin�s. Apr�s avoir pris un caf� et quelques billets pour le remercier pour l�excellent travail propre et rapide, Ali ressort pr�cipitamment, s�rement pour d�autres rendez-vous d�abattages dans le voisinage. Le �zellif�, apr�s avoir �t� br�l�, lav� et rinc�, a �t� mis � bouillir dans la grande cocotte et la vapeur pleine de senteur commen�ait d�j� � parfumer l�environnement. On n��tait pas loin de midi et les pr�paratifs allaient bon train. Sur les feux de la cuisini�re, le plat de �douara� mijotait doucement, d�gageant l�odeur all�chante de l�oignon et des �pices m�lang�es � la panse et les boyaux qui cuisaient lentement dans la marmite. Dehors, dans la cour, mon fr�re s�activait, � c�t� d�un brasier, � d�couper des petits cubes de brochettes sal�es de foie, de poumons et de c�ur qu�il d�posait au fur et � mesure sur les braises ardentes. Les enfants avec leurs habits neufs �taient l�, debout, r�unis au milieu de la famille, des grands-parents pour la circonstance, jouant autour de ce brasier en attendant la cuisson des premi�res brochettes. Une belle journ�e ensoleill�e ce 1er jour de l�A�d El-Adha s�annon�ait � Chlef et ses banlieues, Bocca Sahnoun, La Ferme, La Cit�, Chettia, Chorfa, Ouled Mohamed�, grand jour de la f�te religieuse du sacrifice. Midi pass�e. �A table !� s��cria la grand-m�re, sonnant ainsi le rassemblement de tous autour de la grande table des festivit�s. Une table bien garnie comme chaque ann�e de l�A�d au grand bonheur des adultes et des petits dans la maison familiale des grands-parents�.
Hamid Dahmani

Nombre de lectures :

Format imprimable  Format imprimable

  Options

Format imprimable  Format imprimable