Voxpopuli : CHRONIQUE D�ADRAR
La nuit d�un enseignant au Sahara


Ah ! Me voici encore seul, au fond de la nuit, ma journ�e �tait tr�s fatigante, je n�avais m�me pas eu le temps pour un bon d�jeuner ni un d�ner r�compensant mes longues heures sur l�estrade qui me portait � peine. Un caf� noir ? Ah !
�a me tente et �a me suffirait, �a va �loigner au moins le sommeille que je trouve r�serv� aux fain�ants, aux l�ches qui ont peur de la solitude car c�est dans ces moments qui s��loignent de minuit � pas s�r et dolent que les �tats d��me prennent apparence. Et on doit les affronter. Avec un air de Liszt , les grincements des portes prenaient la forme d�un violent mourant ou une cithare enfi�vr�e, la vieille voisine maigrichonne qui a frapp� son pied contre celui du canap� avait l�air d�une clarinette rouill�e qui hurlait avec un enrouement sifflotant et le ronflement lointain d�un ob�se voisin �tait comme les jurements d�un piano abandonn� car il �tait de trop durant le d�m�nagement d�un apprenti sans go�t. Vilain frimeur. Je tiens � vous informer qu�en �crivant ces lettres j��coute �Pens�es des morts� et il est d�j� une heure apr�s minuit, c�est d�sormais vendredi saint. Dois-je dormir maintenant ? Dois-je faire taire Liszt en claquant le couvercle des claviers de son piano et lui casser les doigts avec ? Il est fatigu� lui aussi, il lui faut du repos mais je vais m�ennuyer seul, et alors, Beethoven ? Non ce n�est pas le bon moment. Bach ? Quelle ironie ! Comptes-tu invoquer la peur, les diables ? Laisse l�orgue pour les moments de pi�t�. Et alors, d�cide-toi vite, l�insomnie ne va pas tarder � te quitter et si tu dormirais maintenant, tes r�ves seront insens�s car ton inconscient a toujours soif et tu dois le bourrer, vite. C�est bon, d�cision prise. Rachmaninov et sa sonate # 1... J�ai pris une pause de moi-m�me. J��coutais Rachmaninov pendant � peu pr�s vingt minutes, et tout au long de sa sonate, un paysage spectaculaire s��tait mis � se peindre lui-m�me dans un d�sordre terrible en moi. Des nuages gris comme des souris se rassemblaient doucement au-dessus d�un lac qui fut bellement bleu, mais non plus. Le vent soufflait et sifflotais, le grand ch�ne en tremblait et un rayon de soleil se faufilait � travers les failles de ce moutonnement gris�tre de temps � autre pour voler un baiser innocent. La joue de la terre le tentait tant ce soleil coquet. O� est la pluie ? O� est-elle cette gr�ce qui met la vie en motion, et la germination en soudaine action de r�volte, ah ! La voil� la premi�re goutte press�e tomba, rieuse, pleine de vie et d�espoir, la voil� s�unifiant avec ce lac sombre qui souriait, non pas en moues vo�t�es comme les sourires hypocrites des humains, mais en cercles parfaits dansant et r�pandant sur cette �tendue. Une deuxi�me, une troisi�me, une quatri�me, des gouttes �parpill�es �� et l�, sur le ch�ne, sur le gazon qui borde le lac rid�, sur un nid, sur un escargot, et toute la toile que mon imagination peignait s�est mise � danser et rire. Ah ! Le mioche, le petit diablotin �tait entre les branches de cet arbre gigantesque, je ne le voyais que descendre en se pr�cipitant vers un cailloux qu�il jeta avec habilet� vers le lac tremblant, et les voici les ricochets qui rendaient le lac plus heureux, encore plus vivant... Voil� enfin l�arc-en-ciel�
Diod�s K.

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