Voxpopuli : L�HISTOIRE DE NOS A�EUX EST ENFOUIE L�...
Par Farid Ghili


Chaque fois que je passe pr�s de l'anodine palissade cerclant, incognito, les vestiges de Dar Lallahoum, face aux Zoudj A�youn, dont la source est tarie de longue date, aux environs de la place des Martyrs, j'�prouve une sensation d'amertume.
�Dar Lallahoum� ou �Villa Lallahoum�, admirable t�moignage de vestiges antiques, d�couverte fortuitement � l'occasion de travaux pour le compte de l'Etusa, est d�crite comme �une maison p�ristyle avec un panneau �mosa�cal� romain, une villa dot�e d�un patio � ciel ouvert, esth�tique qui permettait l�a�ration et la luminosit� � l�int�rieur de la maison�. L�histoire de nos a�eux est enfouie l�, comme un tr�sor. C'est dans la Basse-Casbah (laouta), � proximit� de �Dar El Hamra�, emplacement de l'ancienne demeure princi�re de Zaphira, �pouse de Salim Toumi Etha�lbi. (*) Les fouilles ont donc �t� arr�t�es en l'absence de textes r�glementaires, a justifi� le responsable du patrimoine du minist�re en charge de la culture. Qui croira ce boniment na�f, mais sans appel ? R�sultat des courses, apr�s avoir �t� cl�tur�, ce site d�sormais Terra Nullius, est livr� � lui-m�me depuis des ann�es. Refusant de c�der aux objurgations imp�rieuses de Sidi Abderahmane Tha�libi, le saint patron de la ville qui veille sur les lieux depuis 6 si�cles, comme au chevet d'un malade, �on� persiste obstin�ment � dissimuler ses secrets mill�naires. Mais pour combien de temps encore cette empreinte magnifique du g�nie romain bravera le temps et les hommes ? L�histoire de nos a�eux est enfouie l�, comme un secret au fond du c�ur. Pourtant, �Dar Lallahoum� ne demande qu'� �tre connue ; mais non, on lui refuse cet honneur. On la s�questre comme une captive de nos valeureux corsaires, attendant le paiement de sa ran�on, � moins que l'on craigne qu'elle d�voile, sans pudeur, les secrets cach�s de la cit� Icosium. Au m�me instant, � proximit�, � la place des Martyrs, par la gr�ce des travaux du m�tro, des fouilles sont men�es, tambour battant, en collaboration avec des �quipes fran�aises, pour la mise en valeur de vestiges d�couverts, ce qui fera dire � un sp�cialiste alg�rien : �A cinq m�tres de profondeur de la place des Martyrs, vingt si�cles de l�histoire d�Alger nous contemplent.� A 50 m�tres au nord-ouest de cette m�me place des Martyrs, les traces visibles d'une histoire mill�naire, exhum�es comme de vulgaires souvenirs, se laissent aller � la m�lancolie en m�ditant sur leur sort, sommes-nous tent�s d'objecter. On ne pourra, malheureusement, pas dire autant d'autres vestiges qui, � cause de la r�alisation d'un parking � �tages, dans un site qui fait partie du quartier de l'Amiraut� (la cit� antique Icosium avait pour limites : le lyc�e Emir-Abdelkader, le square Port-Sa�d, la mosqu�e Ketchaoua et le quartier de l�Amiraut�), sont d�finitivement ensevelis. L�histoire de nos a�eux est enfouie l�, comme dans son malheur.
Notes : (*) - Cheikh, Ma�tre, Roi, le titre �tait hypoth�tique. A cette �poque, l'Afrique du Nord �tait fragment�e en une multitude de minuscules royaumes vassaux essentiellement des dynasties en d�clin, M�rinides (F�s) et Hafcides (Tunis) et dans une moindre mesure Zyanides (Tlemcen), alors que les Espagnols poursuivant leur Reconquista en dehors de leurs fronti�res ib�riques, s'�taient d�j� empar�s de plusieurs villes du Maghreb ; Alger compl�tement exsangue, face au blocus du Pegnon, ressenti au demeurant par les Alg�rois comme ��pine plant�e dans le dos d'El Djaza�r�, �tait oblig�e de solliciter le fameux Arroudj et ses fr�res, dont Kheirredine Barberousse.
F. G.

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