Actualit�s : ABDELMADJID ATTAR, ANCIEN PR�SIDENT-DIRECTEUR G�N�RAL DE SONATRACH :
�Il n�y aura pas de r�percussions graves sur l��conomie nationale�


Entretien r�alis� par Tarek Hafid
L�ancien pr�sident-directeur g�n�ral de la Sonatrach estime que l�arr�t du complexe de Tigantourine aura un impact minime sur les recettes nationales d�hydrocarbures. Pour Abdelmadjid Attar, British Petroleum et Statoil, les deux partenaires de la compagnie nationale, ne devraient pas se retirer d�finitivement de ce projet.
Le Soir d�Alg�rie : Au-del� des objectifs s�curitaire et politique, l'attaque terroriste contre le complexe de traitement de gaz et de condensat a �galement un objectif �conomique. En cas d'arr�t prolong�, quelles seraient les r�percussions pour l'�conomie alg�rienne ?
Abdelmadjid Attar :
Au point de vue s�curitaire, il est �vident que le classement de l'Alg�rie va en p�tir avec ce qui vient d'arriver et tout ce qui en d�coulera en mati�re de partenariat dans le secteur p�trolier et peut-�tre d'autres secteurs. Mais je ne pense pas qu'il puisse y avoir des r�percussions graves sur le poids des hydrocarbures dans l'�conomie alg�rienne, du moins pour le moment. Seul le complexe attaqu� conna�tra probablement un ralentissement de sa production de gaz et de condensat dans la mesure o� il faudra un certain d�lai pour r�parer les d�g�ts mat�riels et humains qu'on ne conna�t pas encore. Il faut se rappeler que ni les nationalisations de 1971, ni les ann�es de terreur des ann�es 1990 et particuli�rement les gr�ves du d�but des ann�es 1990 n'ont jamais pu arr�ter la production des hydrocarbures en Alg�rie ou ses exportations. Car l'essentiel des hydrocarbures est produit par la Sonatrach seule dans des r�gions parfaitement ma�tris�es comme Hassi R�mel, Hassi Messaoud, et le bassin de Berkine.
Que repr�sente Tigantourine dans le syst�me de production de gaz de la Sonatrach ?
La zone situ�e au sud d'In Am�nas ne renferme que 6 � 7% des r�serves alg�riennes en gaz et condensat et moins de 3% des r�serves en p�trole. Je ne connais pas la production exacte du complexe de Tigantourine mais elle ne doit pas d�passer les 4 � 6 milliards de m�tres cubes de gaz par an et un peu de condensat/GPL, ce qui permet de pr�voir un tr�s faible impact sur la production alg�rienne sur une p�riode qui va d�pendre de la suite du d�nouement de cette tragique affaire.
Quelle pourrait �tre la r�action de BP et de Statoil, les deux partenaires de la Sonatrach ? Va-t-on vers un retrait de ces deux compagnies ?
Je ne pense pas non plus que ces compagnies puissent se permettre un retrait d�finitif apr�s un investissement aussi important qui correspond � pratiquement la moiti� de leurs investissements en Alg�rie entre la r�gion d'In Am�nas et celle d'In Salah. On ne peut pas arr�ter du jour au lendemain le fonctionnement et l'exploitation d'un gisement de gaz ou de p�trole parce que les pertes risquent d'�tre �normes pour toutes les parties. Il va peut-�tre y avoir une p�riode de flottement au cours de laquelle c'est l'organisation, les moyens humains, les moyens de protection, qui seront n�cessairement revus, et cela se traduira par un co�t suppl�mentaire bien s�r.
Suite � cette affaire, doit-on craindre un d�part massif des ing�nieurs �trangers travaillant dans le secteur de l'�nergie ?

Quels seraient les effets d'une telle situation ? Cela est possible partiellement et pour une courte p�riode au niveau du complexe de Tigantourine lui-m�me ou d'autres dont les conditions de s�curit� peuvent �tre jug�es insuffisantes ou inad�quates, mais sans influence sur les capacit�s de production actuelles. Il faudra par cons�quent faire appel au maximum des comp�tences alg�riennes disponibles. Le probl�me sera alors de les mobiliser � partir des moyens propres de la Sonatrach, qui sont d�j� limit�s je crois, mais il faudra faire avec. Globalement, l'impact n�gatif ne sera pas sur l'exploitation actuelle, mais sur l'attractivit� de l'Alg�rie au point de vue partenariat en mati�re d'exploration. Il en sera de m�me pour les projets de d�veloppement en cours dont on peut craindre un ralentissement, et par cons�quent, un retard � l'avenir sur les d�marrages de production � moyen terme.
Les autorit�s alg�riennes doivent-elles revoir les proc�dures de protection des sites de production d'hydrocarbures ?
Nous avons affaire � la plus grosse catastrophe depuis 1990 dans le secteur p�trolier dont il faut rapidement tirer les le�ons. Les proc�dures et les moyens de s�curit� ont �norm�ment �volu� depuis une d�cennie, et il n'y a pas un seul site p�trolier qui ne soit prot�g� par d'�normes moyens humains et mat�riels mis � disposition par les services de s�curit� en plus des moyens propres aux compagnies. C'est d'ailleurs une obligation stricte, y compris pour les d�placements dont l'escorte est obligatoire. La protection dans les sites et tout autour est d�j� importante en moyens et en co�ts mais n�cessite des am�liorations et une adaptation � chaque cas particulier. C'est l'affaire des sp�cialistes et d'une bonne coordination entre op�rateurs p�troliers et services de s�curit�. Je ne suis pas un sp�cialiste de la s�curit�, mais � mon avis ce qui doit surtout �tre revu et renforc�, c'est l'acc�s de loin aux sites p�troliers. C'est plus un moyen de surveillance que de d�fense. Ce n'est pas facile non plus, mais c'est une n�cessit� si on veut �viter d'autres situations analogues � l'avenir.
T. H.

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