L�attaque terroriste mercredi contre le complexe gazier de Tigantourine � In Am�nas, et la prise d�otages qui s�en est suivie, a montr� combien la communication officielle alg�rienne est lourdement handicap�e par l�archa�sme. Point r�actives, les autorit�s alg�riennes ont peu et mal communiqu� tout au long des deux premiers jours de cette prise d�otages spectaculaire. Entre mercredi et vendredi, il n�y eut que deux interventions radiot�l�vis�es de deux ministres, Daho Ould Kablia, mercredi, et Mohand Oussa�d Bela�d, jeudi.
Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Alors que la toile s��tait vite enflamm�e mercredi et que les t�l�visions du monde entier intercalaient des �ditions sp�ciales dans leurs programmes, les m�dias publics et les communicateurs officiels alg�riens �taient rest�s tr�s lents � la d�tente. Ce n�est qu�en milieu de journ�e de mercredi, alors que les assertions les plus fantaisistes et les plus dramatiques fusaient de partout, que le minist�re de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales diffusa un communiqu� dans lequel il confirme de mani�re officielle l�attaque et la prise d�otages. Le d�partement de Daho Ould Kablia livre, dans le m�me communiqu�, les premiers �l�ments sur le d�roulement de l�attaque et un premier bilan contredisant celui de deux morts et six bless�s balanc� quelques instants auparavant par l�agence officielle APS. Le minist�re de l�Int�rieur a parl� d�un mort et de 6 bless�s dans l�attaque qui a vis� d�abord un bus transportant des travailleurs �trangers vers l�a�roport de la ville d�In Am�nas et de l�investissement, par la suite, de l�usine de traitement de gaz et d�une base de vie. Et ce n�est qu�� 18 heures, le m�me jour, que Daho Ould Kablia commet une intervention radiot�l�vis�e dans laquelle il affirmait, notamment, que le groupe terroriste auteur de l�attaque serait compos� d�une vingtaine d��l�ments venus dans 3 v�hicules 4x4, que c��taient des gens de la r�gion et qu�il n�y avait point d�inqui�tude � se faire tant est que �a se passait sur la bande frontali�re. Depuis, plus rien jusqu�� jeudi en fin d�apr�s-midi lorsque le ministre de la Communication Mohand Oussa�d Bela�d prend le relais d�Ould Kablia et fait la tourn�e des studios radio et plateau de l�ENTV pour confirmer l�assaut donn� par les forces sp�ciales de l�ANP. Le ministre se garde toutefois d�annoncer un quelconque bilan de l�op�ration. Mais, incidemment, il contredit la d�claration de la veille de son coll�gue de l�int�rieur en soutenant, lui, que le groupe terroriste �tait venu de Libye. Path�tique image de la communication officielle que celle de deux ministres d�un m�me gouvernement, qui plus est l�un est � charge de l�int�rieur et l�autre de la communication, qui se relaient pour se contredire ! En dehors de ces deux interventions, le silence fut lourd et pesant, irritant m�me pour une opinion bombard�e en continu par des flux d�informations distill�s de toutes parts. Vendredi, le ministre de l�Energie et des Mines Youssef Yousfi se rend � la clinique Al Azahar � Alger o� sont admis 9 otages bless�s et informe la presse pr�sente sur place que l�installation gazi�re a �t� s�curis�e pour �viter toute �ventuelle explosion. Entre ces apparitions de trois ministres, le terrain de la communication est abandonn� � des communicateurs �trangers qui, souvent, ne sont pas dans le vrai.
ENTV, une t�l�vision hors-temps
Habitu�s � se suffire de l�information livr�e par les seuls canaux officiels et institutionnels, les m�dias publics nationaux ont lamentablement manqu� de coller comme il se devait au triste �v�nement. Contrairement aux cha�nes de t�l�vision �trang�res, l�ENTV �tait, depuis la prise d�otages, fig�e dans une position attentiste. Hormis les temps d�antenne offerts aux deux ministres de l�Int�rieur et de la Communication, l�ENTV ne semblait pas saisir le caract�re �extraordinaire� de ce que le jargon professionnel retient comme �une info du jour�. Elle ne chamboula en rien ses programmes, se contentant de faire une information b�ate, sans mise en perspective dans ses journaux. Pas de plateaux exclusivement d�di�s � l�attaque et � la prise d�otages. Pas d�avis de sp�cialistes, ni d�experts, encore moins de pied-de-grue devant les minist�res � m�me de communiquer une information sur le sujet. En trois jours, l�ENTV ne diffusera aucune image vivante de ce qui se d�roulait � In Am�nas. En guise d�illustration � cette actualit�, l�ENTV se contentera d�une image d�archive. Une image peu parlante, comme on dit. L�ENTV ne pouvait que perdre cette guerre de la communication, tant est qu�elle ne la livre pas. Con�u comme un diffuseur de la communication officielle, ce m�dia se trouve du coup cons�quemment carenc� d�s que les canaux de cette communication officielle s�enrayent et toussotent. C�est que le gouvernement, qui maintient les m�dias publics sous son monopole, n�int�gre pas la communication comme �l�ment essentiel � sa gouvernance. Au point o� c�est Laurent Fabius et non Mourad Medelci qui livra en primeur, au courant de la semaine pass�e, l�autorisation du survol du territoire alg�rien par les Rafales fran�ais.
S. A. I.

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