Soirmagazine : C�EST MA VIE
�On a vol� mon nom� (2e partie)


Par Abdelkader T.
J�ai �prouv� une grande piti� pour cette fille, et j�avais peur de faire du mal surtout � ma pauvre m�re. J��tais convaincu que cette histoire pourrait l�abattre et jamais je ne me l�aurais pardonn�. J�avais envie de fuir, retourner � mon petit village, retrouver ma famille. D�un commun accord avec Fatiha, je suis parti chez mes parents, peut-�tre pensait-elle que je pouvais demander l�avis de mes parents sur ce que je devais faire.
A mon retour, et apr�s m�re r�flexion, j�ai fini par accepter que cet enfant porte mon nom. Enfin, nous avons convenu de laisser les �v�nements suivre leur cours et je lui avais interdit de faire quoi que ce soit pour entraver cette grossesse. J�ai appris plus tard que sa m�re n�a pas cess� de lui dicter certaines actions pour un �ventuel avortement, un vrai supp�t de Satan. Au terme de cette grossesse, un petit gar�on est n�, l�accouchement s�est d�roul� � la maison sous la conduite d�une vieille femme. Apr�s quelques mois, la vie entre nous est devenue insupportable et impossible. Cette femme devenait tr�s exigeante et je n�arrivais plus � supporter une telle pression. Mon salaire ne couvrant plus ses besoins. Le lait des enfants me co�tait les yeux de la t�te. Je faisais moins de d�placements chez mes parents, La vie basculait vers la d�ch�ance et devenait infernale � cause de la m�chancet� de cette femme et de sa m�re ; les disputes sont devenues tr�s fr�quentes, toutes les deux s�y mettaient pour me rendre fou. Si je raconte tout cela, c�est uniquement pour d�montrer l�avilissement que j�ai d� atteindre. Cela en partie �tait enti�rement de ma faute, je m�en suis voulu atrocement, j��tais au bord de la d�pression. Par la force des choses, je suis devenu le bouffon de cette femme. Le plus souvent, je fus renvoy� de chez elle juste pour un verre renvers� ou encore pour un l�ger retard le soir. Par ailleurs, une grande pression s�exer�ait sur moi afin de lui trouver un emploi, et je devais co�te que co�te faire intervenir mes relations. J�ai fini par le faire et lui trouver un travail au niveau des Galeries d�Oran comme vendeuse. Pendant une courte p�riode qui avait suivi son embauche, je fus trait� de mani�re impeccable et avec une attention particuli�re, je ne voyais Fatiha que souriante et soumise. Mais au bout de quelques mois, les choses commenc�rent � changer ; elle prenait beaucoup plus de libert� dans ses sorties et ses entr�es, elle d�pensait sans compter; en un mot, elle se d�tachait de moi. Mes absences lui faisaient plaisir. Il y a des choses qu�on n�a pas besoin de voir, mais qu�on peut sentir. Je sentais que cette femme prenait des ailes. Par peur de devenir un r�sign�, ob�issant � ses caprices, j�avais un soir, � la suite d�une grande dispute, pris toutes mes affaires personnelles avant de sortir dans un �tat de fureur en la mena�ant de ne plus revenir. Cette nuit-l� pour �tre moins seul, j�avais d�cid� d�aller chez des amis � qui j�avais expliqu� les raisons et les motifs de cette �chapp�e. Que pouvaient-ils me conseiller sinon de renoncer � reprendre la vie commune avec cette femme et au plus vite, car ils ont constat� que j��tais en train de me d�truire. Je suis arriv� � la partie la plus douloureuse de mon r�cit, c��tait un coup du sort que j�avais support� avec amertume. Aussi, apr�s tant d�ann�es, je suis toujours perturb� par ces souvenirs ; toutefois, je dois raconter ces �v�nements. Je me suis absent� pour quelque temps de la ville d�Oran pour rendre visite � mes proches � la suite d�un mariage que d�ailleurs j�avais rat�. N�anmoins, j�avais pu voir le mari� et lui remettre ma modeste contribution et le f�liciter. Ma m�re �tait fi�re et contente de mon geste. Au retour, en passant par hasard du c�t� de l�h�pital, j�ai eu la surprise de rencontrer Fatiha accompagn�e d�un homme, � 21h, revenant de l��tablissement, me disait-elle avec une voix tremblante. Cet homme �tait une connaissance de sa m�re, un cheminot qui lui avait rendu plusieurs services lors de ses d�placements d�Oran � Mohamadia, apr�s qu�elle ait rendu visite � sa m�re hospitalis�e. Il ne faisait que l�accompagner jusqu�� chez elle. Dans un exc�s de col�re, j�avais dans un premier geste pouss� fortement cet individu parti sans dire un mot, c�est alors que je me suis retourn� vers Fatiha � qui j�avais donn� une paire de gifles et des coups de pied avant qu�elle puisse me lancer : �Tu n�as aucun droit sur moi.� L�attroupement de certains passants a quelque peu retenu et calm� ma col�re ; quant � elle, elle avait disparu dans un taxi. J�avais pass� cette nuit sans fermer l��il. En quoi est-il meilleur que moi ce cheminot ? Pourquoi cette tromperie? Depuis quand existe-t-elle ? Autant de questions que je ne cessais de ressasser, et qui bien s�r accentuaient ma douleur. J�avais le sentiment d��tre �cras� par un bulldozer, j�avais �t� touch� dans mon amour-propre, et cela, je ne le supporterai jamais : Fatiha m��tait infid�le. Certes, j�avais une part de responsabilit�, j'�tais jeune, un campagnard (h�roubi) qui d�couvre la vie citadine. Je manquais d'exp�rience en mati�re de relations f�minines et je me suis lanc� t�te baiss�e. J'avais support� l'impossible dans mon v�cu quotidien avec cette fille et sa m�re, elles qui n'ont jamais cess� de faire toutes sortes de pressions ou de sortil�ges pour faire de moi un pantin ou un homme d�prim�. Il m��tait impossible de pouvoir supporter longtemps l'id�e d'avoir �t� l'objet d'une habile ruse, de supporter la l�g�ret� de ses m�urs et la haine de sa m�re. Vivre plus longtemps aupr�s d�elles c'�tait comme faire un pacte avec le diable. A notre nouvelle rencontre, j�avais parl� de sa trahison, chose que je ne pouvais pardonner, je n�ai plus besoin de la d�tester encore plus. �Et moi, disait-elle, je n�ai eu aucun amour de ta part, alors que j�avais tout donn� sans aucune retenue, ma jeunesse, le meilleur de moi-m�me, mon seul point noir c��tait le fait d��tre divorc�e, je venais � peine de sortir d�une r�pudiation. Pour oublier, j�ai aim� comme j�ai pu, � ma fa�on, peut- �tre avec acharnement, avec fracas et avec un esprit trop possessif. Je voulais tant corriger mes actes, faire un minimum d�erreurs et surtout �viter une deuxi�me d�ception. J��tais aussi entre le marteau et l�enclume, toi qui n�aimais pas ma m�re et elle qui ne voulait pas que tu sois mon homme, elle avait peur de toi et crois-moi je vivais l�enfer. toutes ces pressions m�ont pouss�e � commettre quelques fautes ; le besoin de vivre bien m�avait permis de choisir entre rester � la maison tout en �tant d�pendante ou bien aller travailler et �tre plus libre. J��tais jeune et j�avais besoin de bien vivre, je ne comptais que tr�s peu sur toi et je ne me faisais point d�illusions. J�avais compris qu�un jour ou l�autre tu partiras sans dire au revoir sous pr�texte que mon comportement ne te plaisait pas. Alors, j�avais choisi le travail comme seule issue de secours et lorsque tu es parti, j��tais moins souffrante et c��tait mon point de d�part. Vois-tu Kader, moi-m�me j�avais beaucoup souffert de tes accusations que je consid�rais comme calomnieuses et sans fondement. S�il y avait quelqu�un � qui tu as fait beaucoup de mal, c�est bien � moi, et surtout ne crois pas que tu �tais facile � vivre. J�avais cru en toi, tu m�avais toujours inspir� confiance et s�curit�, j�avais en quelque sorte admir� ta personnalit�, ton �ducation et ta gentillesse. Certes, ma m�re n�a pas aim� notre relation, je l�avais pour ainsi dire d�fi�e, j�aurais aim� lui prouver que j�avais bien raison dans mon choix, seulement, � chaque conflit, je constatais mes torts. Peut-�tre que toi aussi tu devais avoir tes raisons ; cependant, tu dois savoir qu�il m�a �t� impossible de faire face plus longtemps aux contraintes que je subissais quant � tes agissements qui se caract�risaient par une insouciance majeure, du m�pris, du d�dain et surtout le manque d�amour envers les enfants, cela ne faisait en fait qu�alimenter davantage l�hostilit� que ma m�re avait � ton encontre.� Je ne pouvais qu��tre �mu � tout ce que je venais d�entendre. Me voil� coupable plut�t que victime, et certains jugements ont �t� trop s�v�res � mon sens. �Puisque nous en sommes aux confidences, laisse-moi � mon tour tirer les marrons du feu, et expliquer ma version des faits.
(A suivre)

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