Culture : En librairie
CE JOUR-LA COORDONNE PAR NOURREDINE SAADI
A marquer d’une pierre blanche


Sous la férule de Nourredine Saâdi, seize écrivains algériens nous entraînent dans le dédale de leur mémoire ressuscitant le souvenir de «Ce jour-là» : 5 Juillet 1962. Comment ont-il vécu la fête de l’indépendance ? Qu’ont-ils vu? Qu’ont-ils entendu et ressenti ? Les odeurs, les couleurs et les bruits de ce jour-là, à marquer d’une pierre blanche, ressurgissent de la petite boîte à souvenirs. Ils avaient dix, douze ou quinze ans et ont suivi le flot des gens qui, ivres de bonheur, laissaient exploser leur joie, en ce jour mémorable de l’indépendance de notre pays. Cinquante ans après, ils nous livrent leurs témoignages : Malek Alloula, Maïssa Bey, Denise Brahimi, Alice Cherki, Hélène Cixoux, Abdelkader Djemai, Nabile Farés, Mohamed Kacimi ; Arezki Metref, Badr’Eddine Mili, Rachid Mokhtari, Boualem Sansal, Leïla Sebbar, Habib Tengour, Mourad Yelles et Amin Zaoui ont mis la main à la pâte de ce recueil collectif. Boualem Sansal note en page 166 : «… Trois jours et trois nuits durant, sans boire ni manger, nous l’avons sillonné dans tous les sens. Avec les copains de la rue Darwin et les oisifs qu’on a pu racoler en chemin, nous avons couru éperdument à travers les rues d’Alger, et d’abord des quartiers du centre, les quartiers européens, riches et propres, où nous n’avions jamais été…» Maïssa Bey avait 12 ans lorsqu’a sonné la cloche de l’indépendance : «Je me souviens de ce pincement au cœur en regardant défiler le long de la rue de Lyon — pas encore débaptisée — juste en face du Monoprix de Belcourt, les djounoud de la Wilaya IV, les premiers combattants que je voyais. Héros clandestins enfin livrés à la lumière et à la ferveur de ce jour.» (P. 26). A son tour, Arezki Metref, alors âgé de 10 ans, nous raconte : «Plus que tout, ce qui me reste de ce jourlà ce sont les bouches. Ces bouches jusqu’à la veille cousues, qui, aujourd’hui libérées de toute suture, se mirent à expulser un son portant en lui les harmoniques de plus d’un siècle bâti sur la fondamentale du silence» (P. 118). Une histoire collective qui se décline en seize nouvelles inédites, coordonnées par Nourredine Saâdi. Ce jour-là vaut vraiment le détour.
Sabrinal
CE JOUR-LÀ, SOUS LA COORDINATION DE NOURREDINE SAÂDI, EDITIONS CHIHAB, 2012, 205 P, 650 DA.





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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/03/04/article.php?sid=146027&cid=16