
Culture : FUTURAMA ITINÉRAIRE OU L’AMBITION D’UN JEUNE PROMOTEUR Faire rayonner les arts plastiques en Algérie
Futurama Itinéraire...
Non, ce n’est pas le titre d’une œuvre d’art contemporain ou quelque
chose qui fait rêver. C’est, tout simplement, le nom d’une importante
manifestation artistique et culturelle qu’un groupe de jeunes projette
d’organiser, à Mostaganem, du 8 au 12 mai 2013. D’abord, à titre
privé... Un événement dédié aux arts plastiques et que ses promoteurs veulent
inscrire dans le cadre des festivités marquant le cinquantenaire de
l’indépendance de l’Algérie. Seulement voilà, l’échéance arrive à grands
pas et les responsables du projet commencent à nourrir de légitimes
inquiétudes. La raison, évidente, est l’absence de financement. Qu’en
sera-t-il, par exemple, si le budget n’est pas débloqué à temps ? Ou,
encore, si le parcours du combattant pour les initiateurs du projet ne
fait que commencer ? Parce que, à l’évidence, il s’agit ici d’une
initiative individuelle, une action personnelle qui veut sortir des
sentiers battus pour ambitionner l’organisation d’une manifestation à
dimension internationale. Nous sommes donc loin des événements culturels
et artistiques clés en main», pour lesquels la totale prise en charge ne
pose aucun problème. La formule, nouvelle (ou inédite), mérite en tout
cas d’être saluée et encouragée. A moins que les lenteurs et autres
obstacles bureaucratiques n’étouffent, entre-temps, le projet dans l’œuf
? Mais revenons à Futurama Itinéraire. Karim Dafri, le concepteur du
projet, a raison de souligner que «ce sera une première en Algérie».
C’était à l’occasion d’une rencontre avec la presse, samedi dernier, à
l’espace Médias Club de la Maison de la presse Tahar-Djaout. Il voulait
informer l’opinion publique quant au programme et aux objectifs de la
manifestation, qu’il compte organiser, tout en rappelant les difficultés
qui freinent sa réalisation. Futurama Itinéraire aura pour cadre le port
de plaisance La salamandre de Mostaganem et sera abrité par un grand
chapiteau. L’événement porte sur les arts plastiques et l’art visuel en
général, tout en incluant naturellement le design. L’art contemporain
(tableaux, sculptures, installations...) y occupe une place de choix,
quelque 150 artistes devant participer à cette importante exposition.
Des conférences, des rencontres- débats sont également prévues. En
ouverture, il est même programmé un spectacle de chorégraphie. En tout,
Karim Dafri envisage la présence de 250 invités algériens et étrangers.
Parmi les invités d’honneur figurent Djamila Bouhired, Jean-Pierre
Chevènement... sans oublier Zinédine Zidane dont les organisateurs
espèrent un accord favorable. Pour le chef de projet, «le but principal
de la manifestation c’est d’être un point de rencontre, un carrefour
d’idées et d’échanges pour la promotion des arts plastiques en Algérie.
Avec des artistes de renommée internationale et venus des quatre coins
du monde, il y aura une fructueuse confrontation et donc une évaluation
de l’artiste algérien». Quant au slogan choisi pour cette «première»
(«L’ordre dans le désordre»), cet ancien diplômé de l'Ecole des
beaux-arts de Mostaganem l’explique par le désir de présenter au public
«un désordre organisé ou, autrement dit, une composition dans la
décomposition». Une idée que lui aurait inspiré le monde des fourmis. Et
Karim Dafri de préciser : «En réalité, cette idée a germé il y a une
dizaine d’années. Par la suite, c’est tout un projet dédié aux arts
plastiques qui a pris forme et commencé à se concrétiser depuis plus
d’une année. Je me suis alors engagé pour réaliser mon rêve. Avec mes
propres moyens, bien sûr. Aujourd’hui, je me retrouve endetté, car
disposant d’un revenu de simple citoyen. Mon unique capital, c’est de
croire en mon projet et d’ambitionner de le concrétiser. Je veux
simplement travailler en toute sérénité et dans la transparence. »
Depuis une année environ, Karim Dafri a ainsi commencé à travailler en
partenariat avec l’association El Moudja et l’association Mohamed-Khadda,
en plus de l’Institut français d’Oran. Une collaboration qui n’implique
évidemment aucune aide ou assistance financière. Pour le volet
financement, il a naturellement effectué les démarches et procédures
nécessaires : la correspondance adressée à la direction de la culture de
la wilaya de Mostaganem a eu le feu vert du ministère de la Culture, il
a soumis un cahier des charges... Son projet aurait été accepté, ne
reste qu’à obtenir l’aval de la commission chargée d’étudier le dossier.
Pour avoir enfin droit à l’indispensable budget de financement sans qui
Futurama Itinéraire ne serait qu’un doux et beau rêve d’un jeune homme
dont le seul péché est d’ambitionner un important espace de rayonnement
des arts plastiques. Que soit vite débloquée l’aide financière tant
attendue et que se manifestent d’autres sponsors, c’est donc tout le mal
que nous souhaitons à Karim Dafri et à ses jeunes collaborateurs. A n’en
pas douter, son initiative apportera un plus au traditionnel paysage des
festivals institutionnalisés. A condition que les responsables du
secteur de la culture en saisissent tout le sens et la portée.
Hocine Tamou
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