Un passage au gouvernement, ça produit inévitablement
son effet sur bien de nos leaders politiques, même si l’on s’évertue à
faire mine de ne pas être affecté d’être «recalé» au bout d’une année
d’exercice.
Mohamed Kebci-Alger (Le Soir)
Et ce n’est certainement pas le
secrétaire général de l’ANR qui apportera la contradiction, lui dont la
promotion gouvernementale pour avoir fait partie de la toute première
équipe à Sellal l’a totalement «vacciné» pour l’avoir mué en farouche
opposant à l’«opposition».
Belkacem Sahli n’a jamais senti autant d’aversion à l’endroit de ses
pairs de l’opposition que depuis qu’il a fréquenté la périphérie des
hauteurs, en s’attaquant systématiquement à toutes les propositions de
la classe politique. Notamment celles inhérentes à la perspective de la
présidentielle d’avril prochain, entre autres, une commission
indépendante d’organisation des élections, à commencer donc par le
scrutin du printemps prochain et le report du projet de révision
constitutionnelle.
Des initiatives qui sentent, selon le patron de l’ANR, qui animait hier,
une conférence de presse, de la pure «surenchère politique».
Ceci même s’il concédera à affirmer qu’il partage l’idée dont il refute
seulement l’aspect pratique, la prochaine présidentielle n’étant qu’à
moins de quatre mois, oubliant ou feignant d’oublier que la
revendication remonte à très loin avec le RCD qui l’a lancée le tout
premier avant que d’autres partis et personnalités nationales n’en
fassent la leur.
La même arrière-pensée politicienne et la même accusation de «
surenchère», Sahli la réservera aux partis qui font montre, selon lui,
d’excès de zèle dans le soutien à un quatrième mandat présidentiel pour
Abdelaziz Bouteflika, ou encore ces mêmes partis d’opposition qui
veulent à tout prix empêcher le président de la République à rempiler
pour une autre mandature. «Rien ne justifie cette précipitation» de part
et d’autre, ce qui a, poursuivra-t-il, «participé à l’accentuation du
flou» qui caractérise la scène politique nationale.
Mais quid de la position de l’ANR dans tout cela ? Son secrétaire
général se réjouit d’avoir fait preuve de «responsabilité» de ne pas
s’être précipité dans le soutien au quatrième mandat présidentiel ou à
l’opposé, à l’empêchement de ce dernier. Un stand-by et une prudence qui
auraient été compréhensibles si Sahli ne reprochait pas la même attitude
à l’opposition qui n’a pas réussi, selon lui, «à présenter un candidat
consensuel».
Et au successeur de Rédha Malek à la tête de l’ANR de se «trahir»,
avouant : «Nous sommes du pouvoir», pressé qu’il était à se définir sur
l’échiqiuer politique.
Une affirmation qui a le mérite de la clarté tant l’homme s’est essayé
au laborieux exercice, celui du faux suspense quant à la direction que
prendra son soutien à l’occasion de la prochaine présidentielle. «Nous
ne présenterons pas notre propre candidat et nous ne soutiendrons pas le
candidat de l’opposition», dira-t-il.
Ceci avant de préciser que le soutien de l’ANR ira au cavalier du camp
«nationaliste et démocratique» qui, à suivre Sahli, ne se serait pas
encore manifesté ou pas suffisamment, reconnaissant avoir des
consultations et des concertations avec l’un d’eux, l’ex-chef de
gouvernement, Ali Benflis.
M. K.