Le bédéiste français Benoît Guillaume sera en
résidence de création à Dar Abdeltif à Alger du 6 janvier au 13 février
2014.
Né en 1976, Benoît Guillaume a travaillé en qualité de graphiste et
animateur de films animés pour le web. Actuellement, il pratique avec
passion le dessin (dessin en extérieur, plusieurs bandes dessinées, des
flip-books, des films d'animation). Parfois, il fait du reportage
dessiné sur des festivals et sur d’autres activités culturelles. Il a
reçu le grand prix des Rencontres du carnet de voyage de Clermont-
Ferrand en 2011. En 2013, il a terminé un court métrage intitulé Encore
des changements, d'après Henri Michaux, avec Barbara Malleville. «Quand
j'étouffe un peu trop chez moi, je sors et, si j'ai la chance d'être
dans une grande ville, je me bats contre les foules. Le reste du temps,
si je suis dans le Sud, je fais pareil avec le Vercors», dira-t-il en
guise de présentation et d’autoportrait. Cette résidence attend des deux
artistes, Nawel Louerrad, illustratrice algérienne, qui se trouve
actuellement à la résidence d’artiste du Mucem à Marseille, et l'artiste
marseillais, Benoît Guillaume, de restituer leur perception et leur
regard sur leur ville «d'accueil» respective. Ainsi, chacun d’eux
donnera sa «vision» sous forme de croquis, de planches de BD et de
carnet de voyage. Le résultat final fera l’objet d’une publication dans
les deux pays et d’une exposition prévue très prochainement à Dar
Abdeltif. Nawel Louerrad a fait des études d’architecture et d’autres à
l’École des beaux-arts d’Alger, avant de faire une entrée remarquée dans
le neuvième art. Elle a participé à l’album collectif Monstres. Elle
dessine également pour El Watan Week-end. En 2012, elle a publié un
récit graphique intitulé Les vêpres algériennes, paru chez les éditions
Dalimen. Ce travail personnel au trait épuré est une réflexion
tourmentée sur la violence. Cette résidence de création, qui sera
organisée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc),
est la première de la saison 2013-2014. Elle entre dans le contexte de
ses échanges culturels avec le Musée des civilisations de l’Europe et de
la Méditerranée (Mucem). Dar Abdeltif est une villa de style mauresque
située au Hamma, près du Jardin d’essai et à quelques métres du Musée
national des beaux-arts d’Alger. Sur le principe de la villa Médicis à
Rome et, plus tard, de la Casa de Velázquez à Madrid, elle a hébergé de
1907 à 1962 des artistes peintres venus de l’Hexagone. Le premier acte
qui en fait mention date de 1715. Elle sera, plus tard, propriété de Si
Mahmoud Abdeltif qui l'acheta en 1795 pour 2 000 dinars d'or. Après
1830, ce domaine revint à l'administration coloniale française. Le Prix
Abdeltif a été créé en 1907 sous l'impulsion de Léonce Bénédite,
conservateur du musée du Luxembourg et de Charles Jonnart, gouverneur
général de l'Algérie.
La Société des peintres orientalistes français était chargée de
l'attribution du prix, qui consiste en un séjour de 1 à 2 ans en
Algérie. Paul Jouve et son ami Léon Cauvy ont été les premiers
pensionnaires de la villa. Dar Abdeltif a été classée monument
historique en 1967.
K. B.